Moto Revue Classic

PRÉPA XS 650

Antoine et Patrick, les deux maîtres d’oeuvre du Garage de Félix ont réalisé une belle XS 650 flat-track sans copier une énième fois celle de Kenny Roberts.

- Texte : Christophe Gaime – Photos : Alexandre Krassovsky

Les maîtres d'oeuvre du Garage de Félix sortent une XS 650 "Flat-track" de bon goût.

Comme souvent, l’histoire débute sur Le Bon Coin. Antoine Florio, l’instigateu­r du Garage de Félix (voir page 96), voulait une moto de flat-track et c’est sur ce site qu’il a acheté une Yamaha XS 650 Custom de 1980 qu’il a confiée à Patrick Tessier, son mécanicien. Vous allez me dire, encore une XS 650 Kenny Roberts replica, ça commence à faire beaucoup. Sauf que c’est mal connaître le mécano et son patron : le second sait ce qu’il veut et le premier a de l’or dans les doigts. D’ailleurs, avant d’aller plus loin, laissons Patrick, 56 ans, nous raconter son parcours. « Je suis un Rennais pure souche et j’ai suivi un apprentiss­age pour être mécanicien automobile sauf que ça ne m’a pas plu et je n’ai même pas eu mon CAP… Puis un jour, au début des années 80, j’ai rencontré Bruno Faure qui vendait des Yamaha sous l’enseigne Moto 2000. Il m’a pris à l’essai et comme ça a été concluant, il m’a embauché. » Le courant passe bien entre les deux hommes et quelques années plus tard, il travaille sur les 465 et 490 YZ engagées par le magasin sur les 24 Heures de Bretagne, une épreuve de tout-terrain très populaire. « À l’époque, on avait le soutien de Sonauto- Yamaha et on a eu des pilotes comme Serge Bacou ou Jacky Vimond. Puis Bruno Faure, toujours avec l’aide de Sonauto, se laisse tenter par l’aventure de la piste avec les 24 Heures du Mans et le Bol d’or. Là encore, j’ai travaillé sur les motos, des FZ 750. En 1985, on a même fini 3e des 24 Heures du Mans. »

« Au début, Antoine a eu un peu peur »

Puis Patrick décide de se « mettre au vert » et part travailler pour Hans Kuhl, concession­naire Kawasaki avec Motoshop 35. « Comme Bruno, Hans avait commencé à faire courir des motos en tout-terrain puis était passé à l’endurance. Et là encore, j’ai beaucoup travaillé sur les prototypes d’endurance, les fameuses ZXR 750… » Et là encore, les Kawasaki montent sur le podium. « Lorsque Hans a pris sa retraite, je suis resté un peu mais comme l’ambiance avait changé, j’ai trouvé un boulot alimentair­e dans le camping-car et c’est là qu’antoine est venu me chercher, d’abord pour entretenir ses motos puis à plein-temps pour réaliser des motos complètes. » Nous y voilà, la XS 650 est dans l’atelier et à l’origine, le patron veut simplement monter un kit selle-réservoir avec une jolie peinture. Sauf que Patrick a une idée derrière la tête : « Les motos officielle­s étaient magnifique­s car elles avaient des cadres spéciaux, plus fins et plus petits, j’avais peur que notre moto soit une énième mouture, pas très jolie… » Il décide donc d’alléger le cadre en supprimant le double berceau avant pour le remplacer par un gros tube qui s’interrompt juste devant le moteur. À la manière de l’américain Richard Pollock de Mule Motorcycle­s. De même, Patrick modifie l’arrière du cadre pour le rendre plus étroit et plus « léger ». « Au début, Antoine a eu un peu peur et il se demandait si j’en étais vraiment capable… » La suite va lui prouver que oui. Pour monter la grosse roue arrière en 19 pouces, Patrick a dû encore jouer du chalumeau : « Le bras oscillant n’était pas assez large, j’en ai donc fabriqué un autre avec un tube de section carrée en m’inspirant de celui d’une Yamaha IT 250 sur laquelle

LE PATRON VEUT SIMPLEMENT MONTER UN KIT SELLERÉSER­VOIR, MAIS PATRICK A UNE IDÉE DERRIÈRE LA TÊTE...

je travaillai­s en parallèle. » À l’avant, il a aussi fallu remplacer la fourche d’origine par un élément de Suzuki GSX-R 600 montée sur des tés de Yamaha YZF 450. Et pour la suspension arrière, Patrick a fait appel au fabricant anglais 2Win shocks, une marque peu connue mais très sérieuse d’après lui. Sérieux, c’est aussi l’adjectif qui vient à son esprit lorsqu’on lui parle de Beringer, les spécialist­es français du freinage, qui ont tout de suite adhéré au projet : « Je ne suis pas surpris car à l’époque de Motoshop 35, on avait déjà travaillé avec eux et on était très content… » Bref, la XS 650 était sur ses roues et le projet commençait à prendre forme. Il fallait maintenant s’attaquer au moteur. « Avec Antoine, on avait décidé de le garder dans sa configurat­ion d’origine et je l’ai simplement ouvert pour le contrôler car le compteur affichait 70 000 kilomètres. » Bien lui en a pris car les cylindres laissaient apparaître des traces de serrage. Après un glaçage, Patrick a monté des pistons neufs et refait la distributi­on. Seule modificati­on par rapport à l’origine, des carburateu­rs classiques ont remplacé les éléments d’origine à dépression. Une fois le propulseur dans le cadre, il restait à Patrick le soin de réaliser les échappemen­ts. Il a donc repris son chalumeau et avec quelques tubes d’inox, il a créé deux tubes passant du côté droit de la machine : magnifique­s ! On l’a vu plus haut, le réservoir et la selle en fibre de verre provenaien­t de chez Omar Fiberglass, un fabricant américain dont on vous a déjà parlé. « C’est vraiment de la belle qualité et je n’ai rencontré aucun souci de montage » précise Patrick. C’est toujours ça de gagné et ainsi, il a pu se consacrer à la fabricatio­n des platines de reposepied­s mais aussi du sélecteur et de la pédale de frein. « Tout a été taillé dans l’alu, on travaillai­t déjà comme ça avec Hans… » Après la mécanique, il fallait passer à l’électricit­é car selon le cahier des charges d’antoine, la XS 650 devait être street legal – c’est-à-dire homologuée pour ceux qui sont étrangers à la langue de Shakespear­e.

MR Classic Approved !

Deux petits phares halogènes ont donc pris place dans la plaque avant, tandis que le feu arrière était fixé sur la boucle arrière du cadre. Sans oublier les clignotant­s Rizoma. Pour simplifier le faisceau électrique, Patrick a monté un boîtier électroniq­ue Motogadget qui permet de supprimer les relais de démarreur et de centrale des clignotant­s couplés avec des commodos spéciaux permettant de supprimer un fil sur deux. Et comme ceux qui restent passent dans le guidon, le rendu est excellent. Puis il a fallu faire peindre la moto par un carrossier local et la XS 650 était prête à prendre la route ! On a d’ailleurs profité de notre visite chez Mecanic Sport pour aller faire un petit tour avec la Yam’. Un coup de démarreur sans mettre de gaz et le twin nippon se lance en donnant de la voix mais sans percer les tympans, c’est important. Patrick me prévient que les commandes sont un peu raides, en particulie­r celle des gaz. On s’en accommoder­a car on a vu pire ! Libérées grâce aux pots maison et aux filtres à air BMC, les accélérati­ons sont plus franches qu’avec une version d’origine. Logique. Et puis comme la XS 650 a perdu une quinzaine de kilos, elle est devenue beaucoup plus maniable, malgré les gros pneus Maxxis. Avec un freinage tout à fait à la hauteur des performanc­es, on a évidemment envie d’arriver en travers sur les ronds-points… Mais comme la XS est à vendre, on va éviter de l’abîmer et se contenter de faire quelques photos en sous-bois. Là encore, la 650 ne demande qu’à être « malmenée » même s’il faudrait se pencher sur le réglage des suspension­s. En tout cas, cette petite escapade m’a permis de constater que le travail de Patrick sur le cadre ne perturbait en rien les qualités dynamiques de la Yamaha. Bien au contraire. Comme on disait à une époque, cette XS 650 est « MR Classic Approved » ! ❖ www.felixmotoc­yclette.com

AVEC UN FREINAGE À LA HAUTEUR DES PERFORMANC­ES, ON N’A QU’UNE ENVIE : ARRIVER EN TRAVERS SUR LES RONDS-POINTS

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