Moto Revue Classic

STEVE MCQUEEN

Lorsqu’il faisait de la moto, l’acteur américain Steve Mcqueen ne faisait pas semblant. S’il a possédé une centaine de machines, ses préférées étaient les Triumph qu’il utilisait en tout-terrain.

- Texte : Peter Wicked – Photos : Archives Moto Revue

S'il a possédé plus de 100 motos, ses préférées étaient les Triumph. Flash-back.

Steve Mcqueen n’aimait pas vraiment la vie, il prétendait que celle-ci était une escroqueri­e. En revanche, il se passionnai­t pour la mécanique en général et la moto en particulie­r. Pas comme ces yuppies hollywoodi­ens qui se pavanent sur des bécanes rutilantes juste pour faire plaisir au photograph­e. Non, les moteurs, Steve Mcqueen était tombé dedans quand il était petit. Né en 1930 d’une mère trop jeune et d’un père inconnu, il se lance dans la vie active dès 16 ans. Des mille métiers qu’il exerce (chauffeur, ouvrier, plagiste…) il préfère celui de mécanicien. Surtout lorsqu’il bricole un moteur d’anglaise. Forte tête, le jeune Steve s’engage dans les Marines. Trois ans plus tard, il en ressort encore plus stupide. Il touche le fond, les bas-fonds, vit dans la rue.

Dans la mémoire des motards

À force de volonté, il refait surface, trouve son salut dans le théâtre. Il prend des cours au fameux Actor’s Studio de New York. Immédiatem­ent ses professeur­s décèlent chez lui un certain talent. On le compare à James Dean et Paul Newman, anciens élèves du même cours. De figuration­s en seconds rôles, il devient le héros de la série télévisée Au nom de la loi. Et la moto dans tout ça ? Steve ne l’oublie pas et en bon Américain, il s’achète une Harley-davidson model K avec son premier cachet. Beaucoup d’autres deux-roues suivront, des Honda mais aussi et surtout des Triumph. Amateur de tout-terrain, il participe à des courses dont les Californie­ns du sud ont le secret. La plus célèbre s’appelle la Baja 1000, mais bien d’autres épreuves se déroulent dans le désert Mojave. À l’époque, une centaine de motoclubs organisent des courses quasiment tous les week-ends. Sa monture préférée est une Triumph 650 TR6 achetée à son ami Bud Ekins, pilote et cascadeur qui tient une concession de la marque à Los Angeles. Parallèlem­ent à ses activités motardes, Steve Mcqueen devient une vedette. Les Sept Mercenaire­s, La Cannonnièr­e du Yang-tsé, La Grande Évasion, les succès s’enchaînent. Ce dernier film le propulse au rang de star internatio­nale et reste dans la mémoire des motards. Dans une scène fameuse, Mcqueen est censé sauter au-dessus de fils de fer barbelés au guidon d’une moto de l’armée allemande. En réalité une Triumph 650 maquillée en machine de la Whermacht et pilotée par Bud Eskins lors du fameux saut. Steve se rattrape en participan­t aux Six jours d’enduro de 1964 en Allemagne de l’est (voir encadré). Plus de doublage, plus de trucage. Le beau blond en bave comme les autres et finit même par abandonner. Aujourd’hui, quel acteur américain oserait se lancer un tel défi ?

Une centaine de motos

Ses cachets augmentent, il touche un million de dollars par film. L’affaire Thomas Crown

LA GRANDE ÉVASION PROPULSE STEVE MCQUEEN AU RANG DE STAR INTERNATIO­NALE

et Bullit le mènent au sommet. De quoi remplir son garage de toutes les motos dont il a rêvé lorsqu’il n’avait que quelques pièces en poche. Il en possède une centaine de toutes les marques et de toutes les époques. Motos, mais aussi voitures de sport et même avions, Steve ne se prive de rien. Pas même de substances illicites. L’alcool et la drogue font partie de sa vie. Ali Mcgraw, sa deuxième épouse héroïne de Love Story, raconte qu’en six ans de vie commune, elle ne l’a jamais vu sobre. Mcqueen ne se sert pas de ses motos uniquement pour les courses de désert. Il les utilise dans un tout autre style de compétitio­n. Au début des années 70, il dispute les plus belles filles d’hollywood à Warren Beatty, un autre grand tombeur.

La passion de la moto

À la même époque, il met sa carrière d’acteur en veilleuse pour se lancer à fond dans la compétitio­n automobile. Résultat, il termine deuxième des prestigieu­ses 12 heures de Sebring au volant d’une Porsche. Passionné, il s’implique dans le film Le Mans, à la gloire de l’épreuve automobile française. Un bide retentissa­nt. Peu importe, il récidive en jouant la guest-star et en finançant On any Sunday (Challenge One), documentai­re culte pour toute une génération de motards. Personne n’a oublié la fameuse scène où il affronte Malcolm Smith et Mert Lawwill dans les dunes. Sauf que Steve a abandonné sa Triumph 650 pour une Husqvarna 400. Les deuxtemps légers ont supplanté les gros twins anglais… En revanche, pour le boxoffice, ce n’est pas vraiment ça, le documentai­re passe inaperçu à l’époque. Steve s’en fout, lui qui en a tant bavé dans sa jeunesse, il mène sa barque comme il l’entend. D’ailleurs Honda lui propose beaucoup d’argent pour un spot publicitai­re ventant les mérites de la nouvelle CR 250 Elsnore. Cette vie, qu’il prétendait ne pas aimer rappelons-le, ne lui a fait cadeau que d’un sursis. À partir de 1975, atteint d’un cancer, il ne tourne que quelques films et a bien du mal à kicker sa Triumph 750. On le voit parfois encore sur les pistes, fatigué, barbu, avec la bande de potes motards. Sa passion le tient jusqu’à son dernier souffle. En 1980, la camarde gagne la dernière manche. ✦

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 ??  ?? 1. Juste pour le plaisir, un petit saut, sans casque et sans gants… 2. Dans le désert Mojave, la clope au bec. 3. Le bras dans le plâtre suite à une chute, Mcqueen est venu voir rouler les copains.
1. Juste pour le plaisir, un petit saut, sans casque et sans gants… 2. Dans le désert Mojave, la clope au bec. 3. Le bras dans le plâtre suite à une chute, Mcqueen est venu voir rouler les copains.
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 ??  ?? 1. Les Triumph de Steve Mcqueen étaient préparées par Bud Ekins. 2. Lorsqu’il courait, Mcqueen n’était pas une vedette, il s’occupait de tout. 3. Le pilote Cliff Coleman l’aide à quitter ses boots. 4. La mine défaite à l’arrivée d’une course dans le désert Mojave.
1. Les Triumph de Steve Mcqueen étaient préparées par Bud Ekins. 2. Lorsqu’il courait, Mcqueen n’était pas une vedette, il s’occupait de tout. 3. Le pilote Cliff Coleman l’aide à quitter ses boots. 4. La mine défaite à l’arrivée d’une course dans le désert Mojave.
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