Moto Revue Classic

JACK MONCHANIN

Pilote, moniteur de moto-école, concession­naire, organisate­ur, Jack Monchanin est une figure incontourn­able du monde de la moto lyonnaise. Portrait.

- Texte : Christophe Gaime – Photos : Bruno Sellier et DR

Pilote, concession­naire, organisate­ur, Jack est une figure lyonnaise. Portrait.

Avec son accent lyonnais à couper au couteau, Jack Monchanin, organisate­ur du Salon du 2 Roues de Lyon, ne peut pas renier ses origines. D’ailleurs, il n’y tient pas : « J’aime bien travailler en région Rhône-alpes. Être présent sur tout le territoire est plus compliqué. Je l’ai vécu avec mes centres de formation moto… » Car avant l’organisati­on d’événements dans la capitale des Gaules, Jack a fait prospérer l’héritage familial, à savoir l’auto-école Marietton. C’est son père Maurice qui a créé l’enseigne en 1955, rue Marietton, dans le quartier de Vaise. Pilote auto émérite, il ne veut pas entendre parler de motos. Pourtant, au début des années 70, Jack roule sur une Puch 125 et en 1973, à 16 ans, le permis en poche, il fantasme sur les nouveautés japonaises de l’époque. Et ce qui devait arriver arriva : « En 1976, parallèlem­ent à mes études, j’achète six Honda CB 200 et je lance un départemen­t moto au sein de l’auto-école. » Il n’utilise pas encore le circuit que la famille possède au pied des Monts du Lyonnais et il se contente alors d’un parking, dans le quartier de la Duchère.

La Yam’ XT 500 à toutes les sauces

Avec le boum de la moto, l’activité explose et au début des années 80, Jacky crée les fameux Cfm-yamaha. On comptera jusqu’à 10 centres de formation installés dans les grandes villes où l’on trouve des circuits et 6 000 élèves obtiennent leur permis par ce biais, avec la bénédictio­n de Yamaha, le fournisseu­r officiel de motos. Rapidement, Jack s’essaye à la compétitio­n : « Je pense que j’aurais été meilleur en automobile, mais je me suis bien amusé et, à part le trial, j’ai touché à toutes les catégories. » Rallye routier, enduro, motocross, Baja 1000, course de côte, Promosport, il a chevauché tous les types de motos mais l’une de ses préférées reste la Yamaha XT 500 qu’il mettait à toutes les sauces avec l’aide des frères Maingret. « Je viens de racheter une KTM 240 GS de 1980. À l’époque, je m’en servais aussi bien en enduro qu’en rallye routier ! Le problème, c’est qu’au début, je n’avais pas de moyens et après, j’avais trop de boulot. Mais je me suis régalé. » Par le biais des CFM qui prospèrent, Jacky se doit d’être novateur avec des opérations comme le Bol de Grenadine réservé aux enfants et disputé pendant 4 heures sur des PW 50. Il est l’un des premiers à proposer des stages de perfection­nement qui permettent d’obtenir une remise sur son assurance.

Décloisonn­er le milieu moto

Sans oublier son école de pilotage de Bordeaux-mérignac qui sera revendue à Dominique Sarron. Et chaque année, des machines satellites de Yamaha Motor France sont engagées aux 24 Heures du Mans et au Bol d’or, avec des fortunes diverses, mais c’est la loi de ce genre de compétitio­n. Pendant ce temps, l’activité de la moto-école Marietton se poursuit et Jack officie comme moniteur – une tâche qui ne lui déplaît pas, loin de là. Touche-à-tout, il lance un magazine gratuit de petites annonces, Moto Marché, au milieu des années 90 : « Je me suis associé avec un spécialist­e de ce type de presse car j’avais beaucoup de motos à vendre avec les centres. L’aventure a quand même duré 5 ans avec des pointes à 150 000 exemplaire­s… » Le bon moment pour revendre l’affaire mais insatiable, il trouve un nouvel associé et monte une petite structure d’organisati­on. En 1999, il en sortira le premier Supermotar­d Indoor de Lyon dans la Halle Tony Garnier. Un vrai succès avec 16 000 spectateur­s. En 2000, avec Jean-luc Fouchet, il organise le premier Supercross de Lyon au Palais des sports de Gerland. Deux ans plus tard, il rachète le Salon du 2 Roues organisé jusque-là par le Lions Club. À la même époque, tout en restant associé à son frère

AU DÉBUT, JE N’AVAIS PAS DE MOYENS ET APRÈS, J’AVAIS TROP DE BOULOT

à la tête de l’auto-école Marietton, il s’éloigne de la piste d’entraîneme­nt et lâche le monitorat. Un nouveau challenge l’attend. Avec l’ancien pilote Marc Chabert, devenu le roi de la nuit lyonnaise, il crée Capmoto à Dardilly, à l’entrée nord de Lyon. Il s’agit de développer un pôle commercial attractif pour les marchands de motos du coin et d’y adjoindre un bar-restaurant pour rendre le lieu encore plus convivial. Il faut dire que l’avenue de Saxe – artère historique lyonnaise, équivalent­e de l’avenue de la Grande Armée à Paris, est devenue un peu étroite. Le succès est immédiat mais le concession­naire Honda, repreneur de la fameuse enseigne Pithioud, met la clef sous la porte. Ni une ni deux, Jack et son associé deviennent représenta­nt officiel du premier constructe­ur mondial. Entretemps, toutes les grandes marques ont rejoint Capmoto ; le pari était gagné. « Moi qui bossais avec Yamaha depuis 20 ans, je me suis retrouvé à vendre des Honda. J’ai fait ça pendant 15 ans mais je dois dire que ça n’a pas toujours été une partie de plaisir, il manquait un Jean-claude Olivier chez les “Rouges” et puis aujourd’hui dans le commerce moto, on prend trop l’auto comme modèle… » En novembre 2017, Jack revend donc ses concession­s Honda et, selon ses propres termes, met toute son énergie dans le Salon du 2 Roues. « J’ai voulu conjuguer la grandeur de l’eicma de Milan et le dynamisme du Motor Bike Expo de Vérone. Et puis je veux associer toutes les communauté­s de la moto, car je trouve qu’elles sont trop cloisonnée­s. » Pour Jack, le cocktail idéal, c’est un tiers de commerce pur, un tiers d’exposition­s surprenant­es et un tiers de démonstrat­ions sur piste. Et ça marche. En progressio­n constante, le salon a accueilli près de 60 000 visiteurs en 2018, soit la plus grosse fréquentat­ion française. Et notre homme ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Mon objectif, c’est de remplir le parc des exposition­s Eurexpo et d’atteindre 100 000 visiteurs. Après, j’arrête ! » C’est tout le mal qu’on lui souhaite et même si c’était le cas, il lui restera toujours les Chamois à Val d’isère qu’il a repris depuis trois ans, le Sanraiders au Maroc (voir MR Classic n° 100) et la distributi­on de la marque Brough Superior dans le sud-est de la France. De quoi occuper sa retraite ! ✦

JE VEUX ATTEINDRE LES 100 000 VISITEURS. APRÈS, J’ARRÊTE !

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