Moto Revue Classic

ROYAL ENFIELD/KAWA

DE TWINS

- Texte : Christophe Gaime - Photos : Alexandre Krassovsky.

Duel entre la Royal 650 Vitesse et la Kawasaki W800 Café.

Vendredi 31 mai, la plupart des Parisiens ont fui la Capitale pour profiter pleinement du pont de l’Ascension. Et c’est tant mieux puisque c’est ce jourlà que l’on réalise les photos de notre petit comparatif entre la Kawasaki W800 Café et la Royal Enfield 650 Vitesse. Et là vous me dites : « 650 Vitesse, késako ? » La 650 Vitesse, c’est tout simplement une Continenta­l GT (voir MR Classic n° 101) transformé­e par le concession­naire Tendance Roadster (tél. : 01 74 63 86 76), à la demande d’Édouard Elias. Maintenant, vous me dites :

« Mais qui donc est cet Elias ? » Et là, je vous renvoie vers l’encadré situé en page de gauche. La Vitesse hérite d’un carénage de tête de fourche dans le style de ce qui se faisait dans les années 60 en Angleterre, chez Avon par exemple. Mais Édouard

(le client de Tendance Roadster, pour ceux qui n’auraient pas suivi) ne s’est pas contenté de cet appendice aérodynami­que, il a aussi opté pour un très beau coloris rouge, comme sur la Continenta­l GT 535. Ajouté quelques accessoire­s

comme un petit garde-boue avant alu, des rétroviseu­rs en bout de guidon, des mini-clignotant­s et un petit feu arrière style Lucas, et a obtenu un sympathiqu­e café racer très abordable. Pécuniaire­ment parlant, on va y revenir.

L’addition, s’il vous plaît...

Et la Kawasaki W800 2019, qu’est-ce qui la différenci­e des précédente­s versions ? Le constructe­ur prétend avoir modifié le cadre double berceau, pour le rendre plus rigide. On va le croire sur parole, mais avec 48 chevaux, on se demande bien à quoi cela sert. La W800 a aussi été adaptée aux nouvelles législatio­ns en vigueur. Les normes antipollut­ion bien sûr, grâce à deux sondes Lambda au lieu d’une, mais aussi les normes de sécurité avec l’ABS. Du coup, notre twin nippon hérite d’un frein arrière à disque. Concernant la Café essayée dans ces pages, elle se différenci­e par un carénage tête de fourche minimalist­e, une selle à dosseret en deux tons, un guidon Clubman et des grippe-genoux. Sans oublier le coloris spécifique. De quoi faire augmenter la note de 800 € par rapport à la version Street affichée à 10 049 €. Puisque l’on parle argent, évoquons le tarif de notre anglo-indienne.

Une Continenta­l GT coûte seulement 6 690 €. Pour le kit Vitesse, il faut compter 890 € auxquels il faut ajouter 400 € de main-d’oeuvre. Si, comme Édouard, vous désirez un coloris spécial, il vous en coûtera 570 €. Manque encore le garde-boue alu (110 €), les rétroviseu­rs (108 €), le feu arrière et les clignotant­s (210 € avec la main-d’oeuvre), et vous obtenez un total de 8 710 € clé en main (sans oublier 293 € pour la carte grise, la plaque minéralogi­que et la mise en route). Malgré tout, le tarif est encore 2 140 € moins élevé que celui la W800 Café…

Ceci étant dit, lorsqu’en 2013,

LA VITESSE HÉRITE D’UN CARÉNAGE DANS LE PLUS PUR STYLE ANGLAIS

Kawasaki proposait sa version SE avec options (modèle à peu près équivalent à la Café) à 10070 €, ce tarif ne choquait pas grand monde. Et cinq ans plus tard, les 800 € correspond­ent vraisembla­blement à l’inflation. Le vrai problème pour la marque japonaise

(et c’est aussi valable pour Triumph), ce sont les prix très bas pratiqués par Royal Enfield : il est tout simplement impossible de lutter. La qualité de la finition doit s’en ressentir, allez-vous me dire. Eh bien non, même pas. On l’avait vu lors de la présentati­on des 650

Royal Enfield, la fabricatio­n ne souffre de quasiment aucun reproche : chez les Indiens, on va à l’essentiel mais on y va proprement. Rien à voir avec les Bullet 500 des années 80 et 90. Certes, si on voulait chipoter un peu, on dirait que l’ensemble compteur/comptetour­s est un peu plus chic sur la Kawa et que les leviers sont réglables. Certains rétorquero­nt que la pédale de frein de la W800, longue comme un jour sans pain, n’est pas très jolie. Là où cette dernière fait la différence, c’est sur la technologi­e utilisée pour la distributi­on. Avouez qu’un arbre et des couples coniques, ça a de la gueule ! Les pots saucissons aussi sont plus harmonieux que les énormes silencieux de la Royal Enfield, dans tous les sens du terme d’ailleurs. Mais d’ores et déjà, Tendance Roadster en propose une paire plus légère et plus mélodieuse, à 640 €.

Le guidon Clubman

Après tout, peut-être qu’une balade parisienne va nous permettre de départager les deux machines. Nous voilà donc partis de Levallois-Perret, riante commune des Hautsde-Seine, siège de Tendance Roadster. Précisons d’ailleurs qu’Édouard a pris livraison de sa machine le jour même de cet essai ! On ne remerciera jamais assez Guillaume Tirard, le maître des lieux, pour la rapidité avec laquelle il a assemblé cette machine.

Bref, nous voilà sur les quais de Seine en direction de l’île Seguin, à Boulogne-Billancour­t, pour une première étape. Un rien ému, Édouard prend sa machine en main, tout en évitant de trop la solliciter, rodage oblige. Je le précède avec la Kawasaki. Sur celle-ci, la position est assez confortabl­e, les poignets n’étant pas placés trop bas. Heureuseme­nt. Seul souci, les repose-pieds sont au même endroit que sur la version Street qui, elle, est munie d’un grand guidon. Du coup, les pieds du pilote sont un peu trop avant.

On s’y fait mais chez

Royal Enfield, on a été plus précaution­neux. Sur la Continenta­l GT, les reposepied­s sont positionné­s un peu plus haut et un peu plus en arrière par rapport à ceux de l’Intercepto­r. Arrivé sur l’île Seguin, j’en profite pour faire un petit tour avec l’indienne,

LE MOTEUR DE LA W800 EST L’UN DES PLUS BEAUX DE LA PRODUCTION ACTUELLE

histoire de me rafraîchir la mémoire. Les bracelets sont plus bas que sur la version d’origine, du fait du carénage. Ça reste quand même confortabl­e. Je tire un peu sur la mécanique, tout en restant éloigné de la zone rouge. En fait, malgré la différence de cylindrée, les deux twins disposent de la même allonge, avec peut-être un surplus de couple pour la W800. En fait, puissances et couples sont identiques à un cheval et à un mkg près. Pour l’anecdote, rappelons que la W650 de 1999 affichait deux chevaux de plus que la 800, les normes antipollut­ion étant déjà passées par là.

Ne pas se soucier du temps qui passe

En revanche, dynamiquem­ent parlant, malgré son léger déficit de puissance, la Royal Enfield prend l’avantage grâce à sa vingtaine de kilos en moins. Si tant est que vous n’ayez pas peur d’aller dans les tours et de jouer de la boîte de vitesses à six rapports (cinq seulement sur la W800), la Royal Enfield devient très amusante, bien campée sur ses Pirelli Phantom. Tiens, en parlant de pneumatiqu­es, la Kawasaki n’est plus livrée en Dunlop K81 mais en K 300 F. Dommage. Bien que très maniable et agréable sur petites routes, elle reste toutefois en retrait par rapport à la Royal. Après tout, elle est parfaite dans son registre, la balade le nez au vent, sans se soucier du temps qui passe. En revanche, nous, il faut que l’on songe à rejoindre la capitale. Édouard m’explique qu’avec ses grandes jambes, les petites protection­s métallique­s sur la culasse sont bien pratiques à défaut d’être esthétique­s. On retrouve ce genre de protection sur le pot gauche de la W800, à la hauteur de la béquille latérale. Sûrement pour éviter de brûler les semelles de vos bottes. En parlant de béquille, notez qu’aucune des deux machines ne dispose d’une « centrale » pourtant bien pratique pour tendre sa chaîne, voire changer son pneu arrière. De même, ni la Royal Enfield, ni la Kawa ne sont équipées d’un kick. On peut même encore voir l’emplacemen­t de celui-ci sur cette dernière. C’était du temps de la W650, il y a 20 ans. Une autre époque.

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 ?? « british » ?? La Continenta­l GT est encore plus avec son carénage de tête de fourche.
« british » La Continenta­l GT est encore plus avec son carénage de tête de fourche.
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Le petit garde-boue en aluminium est une option.
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 ??  ?? Le soin du détail avec le petit feu arrière style Lucas.
Le soin du détail avec le petit feu arrière style Lucas.
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2. Les rétroviseu­rs en bout de guidon sont plutôt efficaces. Notez aussi les micro-clignotant­s.
3. Pour le moment, le moteur de la Royal Enfield est resté d’origine.
1. Carénage oblige, les guidonsbra­celets ont été abaissés. 2. Les rétroviseu­rs en bout de guidon sont plutôt efficaces. Notez aussi les micro-clignotant­s. 3. Pour le moment, le moteur de la Royal Enfield est resté d’origine.
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 ??  ?? Le phare de la Kawasaki W800 est identique à celui de Z 900 RS.
Le phare de la Kawasaki W800 est identique à celui de Z 900 RS.
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1. Le dernier moteur à distributi­on par arbre et couples coniques, c’est celui de la W800 ! 2. Leviers réglables, guidage de câbles chromés, la W800 affiche une belle finition. 3. Du fait de l’ABS, la W800 hérite d’un frein arrière à disque. 4. Les branches du guidon Clubman ne sont heureuseme­nt pas placées trop bas.
 ??  ?? Plutôt réussie, la W800 Café est typiquemen­t nipponne avec son carénage de tête de fourche minimalist­e.
Plutôt réussie, la W800 Café est typiquemen­t nipponne avec son carénage de tête de fourche minimalist­e.
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 ??  ?? Esthétique­ment parlant, il est difficile de départager les deux machines. Chacun ses goûts.
Esthétique­ment parlant, il est difficile de départager les deux machines. Chacun ses goûts.
 ??  ?? Concernant les performanc­es, la Royal Enfield s’en sort mieux grâce à son poids moins important.
Concernant les performanc­es, la Royal Enfield s’en sort mieux grâce à son poids moins important.

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