CHRONIQUE BOURGEOIS
Le grand Christian a fait les 400 coups à Daytona avec ses amis pilotes.
Moto Revue organisa dès 1973 un voyage à Daytona pour ses lecteurs. La Bike Week accueillait déjà toutes les disciplines : la vitesse avec les 100 Miles et les
200 Miles, le supercross, l’Enduro des Alligators, ainsi que le flat-track, sans oublier le show permanent des bikers dans Main street. Si l’on ajoute à cela Disney World, à Orlando, situé à environ 100 km, des températures le plus souvent clémentes, toutes les conditions étaient réunies pour en prendre plein les yeux et rendre ce séjour inoubliable.
Sur place, il régnait un sentiment d’impunité car aux USA, la police n’est pas apparente comme en France. Bien entendu, nous avions loué la voiture la plus grande et la plus puissante, ce qui n’est pas un problème dans un pays ou le prix du gallon
(3,8 litres) était égal au prix du litre chez nous. La plage de Daytona est immense et il était autorisé de circuler avec tout ce qui roule, à condition de ne pas dépasser 5 miles, chose que nous ne savions pas… Nous avons donc improvisé une course sur le sable. Travers, dérapages, têtes à queues et bien entendu, vitesse prohibée, tout y passa. Moins de 5 minutes après, des voitures de police, sirènes hurlantes et gyrophares en action, surgirent de partout. Encerclés, nous étions faits comme des rats. Je savais cependant qu’avec la police américaine, il ne faut surtout pas discuter mais écouter. Après de longues explications et une bonne leçon de morale, nous pûmes repartir sans passer par la case prison. Dans la voiture, j’avais comme passager Étienne Delamarre, qui fut un excellent pilote de petites cylindrées. C’était un Méridional bon teint et un gai-luron. Alors que je roulais normalement après notre épopée, il jette un oeil sur le levier de la boîte automatique placée sur le D de « Drive ». Sans aucune hésitation,
et joignant le geste à la parole, il décide que le R de la boîte devait signifier « Racing ». L’effet obtenu fut pour le moins surprenant : la voiture tressauta dans tous les sens et s’arrêta dans un dernier soubresaut, boîte de vitesses cassée. R ça veut dire
« Rear », qui signifie marche arrière… Une autre année, avec Patrick Pons et Christian Maigret, nous devions rejoindre l’aéroport de Tampa pour retourner en France. Étant en retard, nous nous sommes engagés dans le tunnel menant au retour des véhicules de location. Mais dans ma précipitation, j’avais simplement oublié que je n’avais pas une voiture mais une fourgonnette : badaboum ! Bien coincée, elle ne pouvait plus ni avancer, ni reculer. Le temps étant limité, nous avons pris nos valises et continué, à pied, notre trajet jusqu’au terminal.
Là encore, la société de location a dû maudire les Français.
Le striking fut également une mode à Daytona. Ça consistait à circuler, à poil, au guidon de son engin préféré. Quelle ne fut pas ma stupeur de voir sur la plage de Daytona une Yamaha TZ 700 neuve, chevauchée par un individu nu comme ver ! C’était en mars 1974 et la TZ 700 était rarissime en France. La voir utilisée de la sorte avait quelque chose d’incongru.
Mais cela avait dû rester dans un coin de ma mémoire. Lors de l’essai de la Yamaha RD 350, quelques semaines plus tard, nous nous étions arrêtés, Jean-Claude Bargetzi et moi, dans un restaurant de Savigny-lès-Beaune. Nous avions bien entendu succombé à la gastronomie et aux breuvages locaux. Sortant du restaurant, l’humeur et la température clémente aidant, ni une ni deux, votre serviteur s’est dévêtu et a derechef enfourché la Yamaha. Je me souviens que JCB a immortalisé la scène. Les diapositives doivent se trouver encore dans les archives de Moto Revue. Mais revenons à Daytona, côté course. Après avoir participé aux 200 Miles 1973 et
1974 avec respectivement une 36e et 13e places comme résultats, J’avais décidé de participer à l’édition 1975 avec une Yamaha TZ 700 achetée sur place au pilote Ron Pierce. Cela me permettait d’acquérir une seconde machine à bas prix pour ma saison européenne. Après la course, que je ne disputais finalement pas, la Yamaha a été chargée dans l’avion charter de Moto Revue avec tous les autres bagages. Lors de l’arrivée à l’aéroport d’Orly, j’ai pu passer la douane en poussant la moto après l’avoir récupérée sur le tarmac sans que personne ne me fasse la moindre remarque. Autres temps, autres moeurs !
SUR LA PLAGE DE DAYTONA, UN INDIVIDU PILOTE UNE YAMAHA TZ 700 NU COMME UN VER !