GUZZI V7 ENDURANCE
Depuis cette année, Moto Guzzi a la bonne idée d’organiser une formule de « mini-endurance » pour les possesseurs de V7 III. Moto Revue Classic se devait de la tester.
Escapade en Italie où MR Classic a roulé en endurance sur la plus vendue des Guzzi.
Dès que j’ai vu la Moto Guzzi V7 habillée façon 850 Le Mans à l’occasion du Salon de Milan, mon sang n’a fait qu’un tour ! Comme je vous l’ai expliqué dans MR Classic n° 104, j’ai d’abord cru à un kit de transformation pour la route. Puis le panneau explicatif m’a révélé la vérité : Moto Guzzi va organiser un challenge baptisé V7 Fast Endurance en Italie. À partir de là, je n’ai eu qu’une idée en tête : participer à une des cinq épreuves inscrites au calendrier. Après en avoir informé les plus hautes instances transalpines, c’est par le biais de Moto Guzzi France que la bonne nouvelle est arrivée : une V7 était réservée pour MR Classic les 22 et 23 juin à l’occasion de la manche disputée sur le circuit de Magione. Impossible de débuter l’été de plus belle manière. Me voilà donc à l’aéroport de Florence, un vendredi après-midi, sous un soleil de plomb. Car mon point de chute se situe à une heure trente de route de la capitale de la Toscane, en plein centre de l’Italie.
Mon fidèle coéquipier, Zef Enault, ne me rejoindra que le lendemain, pour raison professionnelle. À peine arrivé à l’hôtel, je tombe sur Alberto Cani, qui est en charge de l’événement chez Piaggio, la maison-mère de Moto Guzzi. Ni une ni deux, il m’emmène sur le circuit pour se restaurer et découvrir les lieux. En guise de bienvenue, c’est la marque italienne qui régale. Tous les pilotes de la catégorie et leurs accompagnateurs sont attablés sous un barnum
et l’ambiance est bon enfant. Les frères Guareschi, les concessionnaires qui proposent le kit course (voir encadré), sont là et j’en profite pour tailler une bavette avec eux. Ils m’expliquent qu’ils sont ravis de cette initiative qui remet Guzzi sous les projecteurs. Et puis ils sont tout sourire car grâce à la nouvelle V85 TT, ils ont déjà doublé leurs ventes en seulement six mois. J’en profite pour aller jeter un coup d’oeil à notre moto, la n° 37 qui se trouve dans leur box. Et là, c’est le choc. Moi qui me faisais un plaisir de rouler sur une « Le Mans replica » rutilante, je me retrouve face à une moto qui arbore une mappemonde et des drapeaux de pays européens… Dommage, mais ça ne va pas nous empêcher de rouler.
Températures caniculaires
Pour me remettre, je déambule dans le parc coureur bien rempli. Cette manche de la V7 Fast Endurance prend place dans l’un des « Meetings in Pista » organisés par la fédération motocycliste italienne, des week-ends consacrés aux motos classiques et post-classiques comme il en existe chez nous. Le gros morceau de l’événement, c’est la course d’endurance de 4 heures qui aura lieu le dimanche, juste après l’arrivée de notre épreuve. À vrai dire, vu les températures caniculaires, je suis assez content que notre épreuve ne se déroule que sur
MALGRÉ LE DÉFICIT DE PUISSANCE, ON S’AMUSE COMME DES FOUS
une heure. Le lendemain matin, il fait jour et ça sent l’orage. Mais pour le moment, la piste est sèche et c’est parti pour la première séance chrono. Le circuit de Magione a un développement de
2,5 kilomètres, comme le circuit Carole, mais il est plus technique. Après la ligne droite des stands, un gros freinage commande un droit relativement serré suivi d’un gauche du même acabit et d’un double droit qui commande la ligne droite. Toute cette partie s’effectue en troisième. Au bout de la ligne droite, on rentre deux vitesses pour attaquer fort dans un double droit. On rentre encore un rapport pour un double enchaînement droite-gauche et l’on emmanche la ligne droite en cinquième. Une dizaine de tours plus tard, la séance est déjà terminée. Je me suis contenté d’apprendre le tracé. De toute façon, la boîte de vitesses me procure une sensation bizarre, j’ai l’impression que le verrouillage des rapports ne s’effectue pas correctement. Le temps de rentrer à l’hôtel pour prendre une douche bien méritée, et me revoilà sur place pour accueillir Zef et son équipe de télévision puisqu’il va en profiter pour tourner un reportage pour l’émission V6 de la chaîne Automoto. En attendant, il enfile son cuir et va, lui aussi, devoir s’acclimater au tourniquet italien. Il lui faut à peine cinq tours pour mémoriser le circuit et à l’issue de sa séance, il réalise un magnifique cinquième temps ! Dix minutes plus tard, me revoilà en piste, histoire d’améliorer mon chrono.
Retour aux stands
Sauf que régulièrement, en entrée de courbe, je me retrouve entre deux rapports… Pire, alors que je commence à augmenter le rythme, la moto rétrograde toute seule en plein virage 1. La roue arrière se bloque et je me fais une grosse frayeur.
Zef n’a pas rencontré ce problème. De retour aux stands, j’en parle avec Giancarlo Guareschi qui m’explique que ce sont mes bottes, très larges au niveau du talon, qui accrochent la tringle de commande du sélecteur. Il a déjà connu ça avec un autre pilote portant des Alpinestars.
JE ME RETROUVE AU POINT MORT AU MILIEU DE LA COURBE : PAS RASSURANT
Joignant le geste à la parole, il modifie la position du sélecteur et donc celle de cette fameuse tringle.
Quoi qu’il en soit, maintenant, je ne pourrai juger que pendant la course, dimanche après-midi. En attendant, la mission de la soirée, c’est de trouver l’un de ces restaurants dont les Italiens ont le secret ! Dimanche 13 h 45. On place la moto en épi puisque le départ s’effectue comme au Bol d’Or. On est loin sur la grille car notre place a été déterminée par la moyenne des deux-temps. Mais il en faut plus pour perturber
Zef qui prend un excellent départ et, comme certains participants confondent vitesse et précipitation et tombent comme des mouches, il se fraye un chemin dans le paquet de tête. Le safety-car finit par sortir pour permettre aux commissaires de remettre de l’ordre. Au bout de quinze minutes, revoilà Zef qui me
passe la moto. On est en troisième position mais ça ne va pas durer… J’essaye tant bien que mal de me mettre dans le bain et au bout de deux tours, enfin rassuré par un sélecteur qui répond uniquement à la sollicitation de mon pied droit, je commence à trouver mes marques.
Et je me rends compte que malgré le déficit de puissance, on peut s’amuser comme un petit fou avec cette V7. Grâce aux Pirelli Phantom étroits, les enfilades se prennent comme avec une 125, ou presque, il faut garder de la vitesse et balancer la moto d’un côté à l’autre, avec les sliders comme témoins. En revanche, j’ai encore un peu de mal sur le freinage en bout de ligne droite qui commande le double droit. Je n’ose toujours pas y aller franchement. À l’inverse de Zef, qui m’avouera après la course avoir perdu plusieurs fois l’avant à cause de la piste bosselée. Car Magione est avant tout un circuit utilisé par des automobiles et la qualité du revêtement s’en ressent. On cause, on cause et le directeur de course vient de passer le panneau 15 minutes, ce qui veut dire que j’ai deux tours pour passer la V7 à mon coéquipier sous peine de pénalités.
Une seule envie : se mettre en slip !
Zef repart à l’assaut de nos adversaires et moi je me mets au frais dans un box, Alessandro, le chef d’équipe me tend une bouteille d’eau. Sur la moto, entre la ventilation du casque, celle du cuir et la concentration, on ne souffre pas trop de la chaleur. En revanche, dès que l’on s’arrête, on a qu’une envie : se mettre en slip ! Zef tourne comme une horloge, à plat ventre sur le réservoir de la Guzz’, aussi bien en ligne droite que dans les virages. À peine le temps de se rafraîchir qu’Alessandro me demande de remettre mon casque. Un vrai supplice. Le relais se passe sans problème et je suis d’entrée de jeu dans le rythme. Enfin, dans mon rythme car même si j’arrive à rester avec quelques concurrents voire à en doubler certains (oui, il y a plus lent que moi encore !), les effets de la chaleur commencent à se faire sentir. Plus que deux tours et on en aura fini avec ce brave V-twin.
In fine, on prend une dixième place et Zef signe le 3e meilleur temps en course. Sur l’autoroute du retour, on se remémore ce sympathique week-end. L’excellent accueil des gens de chez Piaggio, la bonne bouffe italienne, la peinture pas terrible de notre moto… Peu importe, avec Zef, on a pris un plaisir énorme, même si au début, avouons-le, on trouvait le règlement bizarre. Eh bien pas du tout, cette succession de quatre sprints en une heure, c’est ce qui fait tout le charme de la formule. On est cependant d’accord sur un point négatif : dommage que la V7 Fast Endurance n’existe pas en France !
ON EST EN 3E POSITION MAIS ÇA NE VA PAS DURER...