FRANCK ALLARD
Il y a 45 ans, Franck Allard a eu la bonne idée de créer Assurance Moto Verte. Itinéraire d’un homme passionné.
Rencontre avec le créateur d'Assurance Moto Verte, n° 1 en France.
LE SOIR, JE FAIS LE PLEIN DE MA MOTO ET JE PRÉPARE MON ROAD BOOK...
Àpeine suis-je entré dans le bureau de Franck Allard, patron d’AMV assurances – premier assureur moto français –, qu’il me parle de pêche au thon ! Il faut dire qu’il part le lendemain en vacances pour naviguer en Méditerranée. J’arrive à recentrer le propos sur la moto et évidemment, on se met à causer de la Transalpes (voir page 82). Mais au bout d’une minute, Franck dégaine son téléphone portable et m’assène une strophe du poème tsigane écrit par Charles Cros : « Le matin, je m’éveille aux grelots du départ, en route !
Un vent nouveau baigne ma chevelure, Et je vais, fier de n’être attendu nulle part. » Il me précise très élégamment qu’il l’a trouvée dans un livre écrit par Sylvain Tesson mais que celle-ci lui va comme un gant car il affectionne de partir le premier sur les étapes de cette fameuse Transalpes : « J’aime démarrer à la fraîche. Le soir, je fais le plein de ma moto et je prépare le road book. D’ailleurs, je me sers
uniquement de ce dernier pour arriver à l’étape… » L’habitude des rallyes africains auxquels Franck a participé. « Je connais Jacques Sentenac, l’organisateur de la Transalpes, depuis
40 ans. Avec lui, j’ai fait des balades en enduro et en
4 x 4, dans les Pyrénées ou en Espagne. Il y a cinq ans, il est venu me voir pour lancer cet événement réservé aux motos classiques et néo-classiques et j’ai tout de suite accepté de l’aider.
L’assurance depuis 1875
Il faut dire que Jacques a une capacité mémorielle du terrain incroyable. » Puis Franck Allard replonge dans son téléphone et me montre une vidéo de sa fille au départ du Rallye des Gazelles au volant de l’Austin Healey avec laquelle elle a aussi participé à la Transalpes. Certes, mais moi, j’aimerais bien revenir aux sources, parler de cette aventure familiale autour de l’assurance puis de cette passion pour la moto tout-terrain. Franck reprend son souffle et se lance avec ce rien d’emphase qui le caractérise : « Les Allard sont dans l’assurance maritime depuis 1875, la famille était détentrice d’une charge ministérielle pour couvrir les coques de navire. À l’époque, depuis Bordeaux, les bateaux partaient nombreux en direction des colonies. Puis, au fil du temps, l’activité s’est ralentie et dans les années 60, mon père Jacques et mon oncle Patrick se sont associés avec le cabinet Filhet spécialisé dans le risque industriel. Le groupe Filhet-Allard est né et en 1972, après mes études, j’ai rejoint
mon père… » Amateur de motos, le jeune Franck, 23 ans, s’offre une Yamaha 250 DT, une trail-bike avec laquelle il s’amuse dans les chemins. Rapidement, il achète une KTM 250 GS plus sportive et roule avec une bande de copains qui partagent la même passion pour l’enduro. « Je me suis rendu compte qu’assurer une moto de tout-terrain qui roulait très peu coûtait aussi cher qu’assurer une grosse cylindrée de route. Comme nous sommes les spécialistes du sur-mesure avec le risque industriel, j’ai décidé d’appliquer ça au tout-terrain ! » Assurance Moto Verte était née. C’est l’époque fameuse où dans le mensuel Moto Verte, on trouvait des coupons à découper qui permettaient d’assurer sa bécane, cachet de la Poste faisant foi. Un énorme progrès.
Amateur d’anciennes
« Dans les années 80, on a étendu notre offre aux trailbikes puis aux motos de route. Ensuite, on est au passé aux 4 x 4. À cette époque, je participais aux rallyes africains avec une voiture à nos couleurs. À la pointe de la technologie, en 1987, Assurance Moto Verte s’est appuyée sur le Minitel pour faciliter la vie de ses clients, puis sur Internet à la fin des années 90, époque où l’acronyme AMV est définitivement adopté. » Franck regarde sa montre en me disant qu’il a réservé une table pour 12 h 30. Notre homme est aussi un épicurien. Nous poursuivons donc notre conversation au restaurant, entourés d’Agnès Rouvière et Audrey Pujol, qui constituent sa sympathique garde rapprochée. Amateur de véhicules anciens, Franck fait l’acquisition, en 2009, de Légende assurance qui devient AMV Légende : « Aujourd’hui, c’est un secteur en plein développement, nous assurons 110 000 véhicules classiques et la Transalpes nous permet de faire de la promotion. » Tout comme ce futur événement auto-moto d’ores et déjà programmé pour l’automne 2020. Mais il est trop tôt pour en parler. Avant de conclure, Franck évoque ses amis dans le monde de la moto. JeanClaude Olivier d’abord, ancien directeur de Yamaha Motor France, disparu trop tôt. Puis Claude Michy, promoteur du GP de France, mais aussi co-organisateur des ISDT 1980 à Brioude avec qui il a lancé le Trèfle Lozérien. « Jean-Claude me manque beaucoup et avec Claude, on se téléphone tous les lundis matin à 8 heures. » Au-delà du business, l’aventure d’AMV est avant tout affaire d’amitié et Franck m’offre la plus belle des conclusions : « Au début, j’avais 2 ou 3 copains qui roulaient avec moi, maintenant, j’en ai 1 million ! »
À 23 ANS, IL ROULE SUR UNE YAMAHA 250 DT