ATELIER POLY 26
Récemment reprise, la fabrique de carénages Poly 26 s’est implantée dans le Nord. Petite visite dans cet atelier du polyester « made in France ».
Visite chez Poly 26, dans le Nord, où l'on fabrique des carénages en fibres de verre.
Poly 26 portait le numéro de son département, et c’est donc dans la Drôme qu’on fabriquait, depuis 1984, des carénages en polyester. En 2016, Alexandre Desrousseaux, qui commandait un kit par téléphone, se voit répondre que ce sera le dernier, car l’entreprise ferme et il n’y a pas de repreneurs ! Quelques nuits agitées plus tard, Alexandre fait les 900 km qui séparent son nord natal de la Drôme et fait affaire : ce sera lui qui continuera l’aventure… En janvier 2017, c’est le grand déménagement, il remonte dans le Nord avec deux semis chargés jusqu’au plafond des trésors de Poly 26. Il trouve à Sains-du-Nord une ancienne halle ferroviaire avec huit mètres de hauteur sous plafond, nécessaires pour installer les rayonnages qui montent à 6 mètres. C’est alors la grande réorganisation de la collection, car dans les camions, il y a près de
2 000 moules à installer sur les étagères ! L’extérieur des moules recouverts de multiples couches de fibre de verre de couleur brun crème les fait presque ressembler à des crânes et des ossements. La halle prend une allure de musée d’histoire naturelle, section paléontologie ! Alexandre, qui travaille depuis 23 ans dans la moto, a commencé magasinier chez KLG Trading : il installe un système de classement accessible à tout moment sur une tablette pour retrouver instantanément le moule que l’on cherche. « La production de pièces en composites s’est beaucoup délocalisée dans les pays à bas coûts, avoue notre homme. Dans les pays de l’Est et notamment la Pologne. Du coup, les pistards en motos modernes achètent ces polys pas chers, c’est quasiment du jetable. »
La force de son polyester
made in France reste dans cette incroyable et variée collection qui permet de remonter des Suzuki GSX-R de 85, des Honda RC 30 et RC 45, convertir des CB 1100 en RCB replica… Parmi les pépites de la collection, il y a des pièces rares, comme un carénage de Motobécane compé-client, des ensembles Rickman, un carénage de Vélocette Thruxton Veeline, des oripeaux de BMW R50 ou R69 S, pour reprendre la piste façon Bol d’Or à Montlhéry… Les pièces de
Poly 26 sont toujours livrées non-peintes, chaque client accorde alors sa moto à son goût selon le carrossier choisi.
Le polyester, un processus lent
Le travail est en fait resté très manuel : on trouve le moule sur les étagères, on le prépare en le cirant et en le lustrant. Il va recevoir au pinceau le gel-coat, cette couche de résine épaissie qu’on verra à la surface. On attend que ce dernier ait durci et on applique la résine polyester « au contact » en l’imprégnant contre les parois du moule résine et tissu de verre.
Le « mat » est ce tissu fait de fibres de verre pointant dans toutes les directions qui donnera à la pièce sa rigidité. Aux endroits stratégiques, les points de fixation surtout, on pose du « roving », une fibre de verre tissée qui apporte la souplesse qui évitera la casse en cas de choc ou de trop fortes vibrations. Quelques minutes et la résine catalyse, elle se solidifie, on ébavure la pièce et on la sortira du moule pour les finitions, une fois complètement sèche. « Le polyester, c’est finalement un processus assez lent, fait remarquer Alexandre, et il y a un temps long de séchage à respecter, on ne
DANS LES RAYONNAGES DE LA HALLE, ON TROUVE 2 000 RÉFÉRENCES