NINE T/5-R90/6
BMW
L'hommage à la Série 5 face à une R90/6 bien patinée !
Un demi-siècle, ça se fête ! C’est fin août 1969 que la BMW Série est présentée sur le circuit d’Hockenheim (voir page 44). Cette Série qui succède à la Série 2 permet aussi à la firme munichoise d’inaugurer sa nouvelle usine de BerlinSpandau. 1969 est donc une date très importante pour BMW, comme elle peut l’être pour Honda, pour la Nasa ou pour le Bol d’Or. Bref, pour fêter ces anniversaires, BMW nous propose une version /5 de la fameuse nineT apparue en 2014. Cinq ans déjà, comme le temps passe... Entre la première nineT et cette version anniversaire, rappelons que l’on a eu droit à différentes déclinaisons avec la Scrambler, la Racer, l’Urban GS et la Pure. La base reste la même avec un cadre emprunté à la HP2 Enduro dans lequel est montée la dernière génération de Boxer refroidi par air. Seul l’habillage change et le client potentiel choisit le style qui lui convient le mieux. Pour ce qui me concerne, ma préférence va à la Pure, simple, dépouillée et moins chère ! Avec son réservoir gris uni, elle rappelle la moto R90/6 d’Éric qui nous accompagne aujourd’hui.
Guzzi, Ducati, Norton...
Notre homme n’est pas inconnu des fidèles lecteurs de MR Classic puisqu’il a déjà participé à une séance photo avec sa moto, il y a 17 ans ! Amateurs de belles mécaniques, il a roulé en XT 500, en Guzzi Le Mans 850, en Norton 850 Commando et en Ducati 900 Mike Hailwood replica. Aujourd’hui, il ne lui reste plus que cette Béhème qu’il a achetée en 1998 :
LA SÉRIE 5 AFFICHE UN DEMI-SIÈCLE D’EXISTENCE ET ÇA SE FÊTE
« C’est un modèle 1976 avec le double disque que j’ai payé 18 000 F. Elle était complètement d’origine à part des culasses de Série 7 et affichait presque 100 000 km au compteur. » Avant qu’Éric ne revienne plus en détail sur 20 ans de vie commune, faisons d’abord le tour de cette nineT/5. Ce qui saute au visage, c’est cette peinture bleue (« Lupinblau » avec des reflets smoke comme il est spécifié dans la brochure) identique à celle des Série 5 de 1969. Évidemment, les filets ont été réalisés à la main puisque BMW a conservé des peintres en lettre au sein de son usine. On notera aussi les grippegenoux en caoutchouc, la selle spéciale agrémentée d’un passepoil, de joncs chromés et du logo BMW à l’arrière. Naturellement, la /5 est équipée de roues à rayons et de soufflets de fourche, comme à l’époque. Mais le grand chic, la signature de cette version spéciale, c’est la plaque commémorative en métal qui est fichée dans le réservoir, juste sous le bouchon d’essence. On pourrait penser qu’elle a été arrachée au torse musclé de Superman ! Trêve de plaisanterie. D’autant que cet hommage à la Série 5 est plutôt réussi. En tout cas, cette nineT évoquant le passé plaît beaucoup aux passants qui n’hésitent pas à dégainer leur téléphone pour l’immortaliser.
Un litre d’huile aux 1000
Revenons à la 900 d’Éric.
Après son achat, il remplace rapidement le maître-cylindre d’origine, situé sous le réservoir et commandé par câble, par un élément au guidon, prélevé sur une
Série 7 : « le système d’origine manque vraiment de mordant », explique notre homme en se remémorant une traversée de rond-point à vive allure… Car il roule, le Éric, et un beau jour, sur l’autoroute A7 à hauteur de Montélimar, il coule les deux bielles. Il avoue que ça faisait 500 bornes qu’il roulait à 160… Ce n’est pas le genre de désagrément qui arriverait avec une nineT. D’abord parce que le Boxer de 1 200 cm3 est à toute épreuve et ensuite, il y a de fortes chances que de nos jours, vous vous fassiez arrêter par la police bien avant 500 km si vous roulez à de telles vitesses. De toute façon, le terrain de jeu de cette bécane, ce sont les petites routes de montagne où elle s’avère redoutable. Je garde d’ailleurs un souvenir ému de la Transalpes AMV à son guidon. Et puis, le son émis par le flat-twin à travers le deux-en-un est envoûtant.
Ceci dit, celui provenant des Vattier de la 900 n’est pas mal non plus. Après sa casse sur l’autoroute, Éric s’adresse à Antoine de « l’atelier du roule-toujours » qui lui refait un moteur avec vilebrequin spécial, allégé et équilibré et qui agrémente le flat-twin de deux carburateurs neufs Dell’Orto de 38 mm. Quelques années plus tard, Éric coule à nouveau une bielle : « On m’a alors proposé un moteur complet de R90 S qui n’avait que 70 000 km et était monté avec un arbre racing. » Ce troisième moteur affiche aujourd’hui plus de 200 000 kilomètres, consomme un litre d’huile aux 1 000 kilomètres mais il marche toujours !
LE BOXER ET LE FLAT-TWIN ÉMETTENT DE JOLIS SONS
Entre-temps, Éric a monté un carter d’huile de grande contenance, un allumage électronique de Série 7, deux jantes aluminium Borrani. Et pour l’esthétique, il a adapté une selle de Harley Sportster, un phare de Série 5, un guidon plat et un feu arrière maison qui a été monté sur le garde-boue arrière retourné.
Le carrossier polonais
Quant à la couleur du réservoir, gris taupe, elle a été réalisée en Pologne !
Éric raconte : « Une petite glissade dans Paris fin 2013 a abîmé le réservoir gris métal d’origine. À la suite de cette chute, j’ai temporairement stocké ma moto en attendant des jours meilleurs puis le patron d’un atelier polonais m’a contacté car après avoir vu l’une de mes affiches (Éric est graphiste), il voulait un nouveau logo pour son garage mais il n’avait pas d’argent. J’ai échangé ce boulot contre la réfection de mon réservoir. Ce dernier est parti en Pologne pour quelques mois et pendant ce temps, j’ai roulé avec un vieux réservoir de Série 2 en fibre que j’avais
(mal) adapté. Puis quand je l’ai récupéré, j’ai reposé les grippe-genoux, remis des monogrammes et racheté une trappe à essence toute neuve qui m’a occasionné quelques pannes à cause d’une mise à l’air insuffisante. » Un genre de désagrément inconnu des possesseurs de nineT, même celles arborant le blason
Série 5. D’ailleurs, si vous souhaitez vous offrir cette moto, ne traînez pas trop, s’il ne s’agit pas d’une série limitée en nombre, en revanche, elle le sera dans le temps. Et ça ne va pas durer 50 ans !