Moto Revue Classic

MONDIAL 300 PAGANI

Les Mondial reviennent, grâce à l’associatio­n entre le descendant des fondateurs, le comte Boselli, et l’ancien directeur technique de Fantic Motor.

- Texte: Zef Enault - Photos: Jean-Aignan Museau.

Essai de la nouvelle Mondial qui rend hommage à Nello Pagani.

LES CONCURRENT­ES ONT PASSÉ LA BARRE DES 40 CHEVAUX…

Les marques italiennes ne meurent jamais. Mondial a retrouvé vie grâce à l’amitié entre le comte Pierluigi Boselli, descendant des fondateurs de la marque en 1929 et propriétai­re de celle-ci, et Cesare Galli, ancien directeur technique de Fantic Motor. Ce dernier a fondé depuis quelques années la société

Pelpi Internatio­nal, qui importe en Europe des scooters taïwanais. Si Pelpi est basée en Italie, près de Côme, les Mondial sont, elles, fabriquées en Chine, tout comme les Fantic et les Benelli. Mais Cesare Galli les dessine et les conçoit. Le moteur de la Pagani 300 qui nous intéresse aujourd’hui provient des usines Zongshen. Les bureaux italiens de Mondial se préoccupen­t avant tout des sous-traitants et de la distributi­on. Le design a été confié à un autre célèbre nom italien, Alessandro Tartarini, fils de Leopoldo, le créateur d’Italjet.

Champion du monde

Or la Pagani attire l’oeil. Le style est réussi, malgré un curieux mélange entre café-racer (bracelets, tête de fourche) et scrambler (échappemen­ts latéraux hauts). Les couleurs italiennes se mêlent dans une élégante sobriété, évoquant subtilemen­t le sport et MV Agusta. La Pagani en promet. Tout comme sa cylindrée, 300, qui ne correspond pas à la réalité des 249 cm3 de son mono cylindre. Vous voulez des paillettes ? La Mondial reprend le nom d’un célèbre pilote de la marque, quand elle courait au plus haut niveau des Grands Prix. Nello Pagani, fils de bonne famille italienne, a été le premier pilote de l’histoire titré en catégorie 125, lors de la première saison de Grands Prix en 1949 (qui ne s’est jouée que sur trois GP, qu’il a tous remportés). Parmi les dix premiers de ce championna­t, on retrouvait cinq pilotes Mondial. La nouvelle Pagani hérite de ce passé héroïque, qu’il lui faut assumer.

Or elle ne semble pas disposée à supporter pareille charge. Sa fiche technique glisse discrèteme­nt la puissance : le mono cylindre à double ACT culmine à 25 chevaux à

9 000 tr/mn, pour un poids à sec de 130 kg, soit environ 150 kg avec le plein d’essence, la batterie, l’huile, le liquide de refroidiss­ement… Les petites cylindrées concurrent­es, genre KTM 390 Duke (mono cylindre) ou Yamaha R3 (bicylindre), ont passé la barre des 40 chevaux depuis un moment. La Pagani ne cube que 250 cm3 ? Raison de plus pour ne pas afficher

300 sur les flancs de ses carénages (on retrouve d’ailleurs ce moteur sur la Fantic Caballero 250). Au guidon, on se retrouve vite d’accord avec la fiche technique. Il faut en plus aller chercher la puissance à haut régime, ce qui fait que l’on peine à décoller d’un feu rouge sans simuler un départ de GP. Jean-Aignan, photograph­e, m’accompagna­it avec son scooter Honda Forza 300 et m’a déposé à chaque départ… Un magazine anglais a chronométr­é le 0 à 100 km/h à l’aide d’un GPS… la Mondial met plus de douze secondes à les atteindre. Le manque de couple à mi-régime nuit aussi à l’agrément, en ville ou sur petite route, lieux de destinatio­n de la Pagani. Ce moteur Zongshen ne manque pourtant pas

de souplesse, il reprend volontiers à bas régime, mais mollement. Il connaît parfois quelques trous à l’accélérati­on dus à une injection Continenta­l parfois aléatoire. Il faut donc jouer du sélecteur pour tirer le meilleur de la mécanique, et par bonheur la boîte verrouille bien, les rapports s’enchaînent avec souplesse. En revanche, l’embrayage perd vite sa garde, on se retrouve au bout d’une heure avec un point de friction proche du levier. La partie-cycle accepterai­t pourtant une mécanique plus vaillante.

Le joli cadre en treillis tubulaire, l’empattemen­t raisonnabl­e (1 370 mm), la fourche inversée de 41 mm de diamètre et même les amortisseu­rs font un ensemble cohérent. La Pagani est très agile, d’autant plus avec ses pneus fins (100 de large devant, 130 derrière, de la marque indienne CST), qui réagissent au quart de seconde. Elle est stable en courbe ou au freinage. Bon, ce dernier n’est pas d’une violence inouïe malgré son disque avant de

300 mm, mais ça tombe bien, la Pagani ne roule pas très vite…

Echappemen­ts relevés

Mais au moins est-on bien assis sur la Pagani ? La position de conduite n’est pas désagréabl­e. La selle large, confortabl­e, permet de se reculer ou de s’avancer.

Les repose-pieds obligent à replier un peu les jambes, mais l’échappemen­t, à droite, gêne. Il faut se tordre un peu le genou, ce qui devient vite pénible. Le concession­naire parisien qui nous a prêté cette Mondial reconnaît monter une entretoise pour repousser le repose-pieds vers l’extérieur quand il vend une Pagani, 125 ou 300. Le capot de selle peut être retiré pour libérer la place passager, mais celle-ci manque d’espace. Et le moteur risque de tousser, en duo !

Si le style se laisse apprécier de loin, la finition mériterait des éléments de meilleure qualité, comme le tableau de bord, dont la lisibilité n’est pas aisée. On peine aussi à régler les rétroviseu­rs, qui vibrent dès les mi-régimes. Dernier défaut, la béquille trop longue. On ne peut pas se garer n’importe où, par crainte de voir la moto tomber.

OK, le tableau final n’est pas très glorieux. La Mondial Pagani 300 en est à ses débuts et ne peut qu’évoluer. Mais pourquoi afficher 300 pour une moto dont les performanc­es sont plus proches d’une 125 libérée ? Le tarif correspond mieux à la cylindrée réelle de la moto. 4 895 euros, soit seulement 300 de plus que la 125. Les nouvelles Mondial se vouent de toute façon à d’autres marchés, aux volumes plus importants, comme l’Inde, où elles sont importées par la même société (Moto Royale Kinetic) qui distribue déjà dans ce vaste pays Norton et MV Agusta.

LA PAGANI EST TRÈS AGILE, D’AUTANT PLUS AVEC SES PNEUS FINS

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 ??  ?? La petite Mondial rend hommage au premier champion du monde 125 de l’histoire, Nello Pagani, en 1949. Une époque où les enfants rêvaient encore devant les manèges.
La petite Mondial rend hommage au premier champion du monde 125 de l’histoire, Nello Pagani, en 1949. Une époque où les enfants rêvaient encore devant les manèges.
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 ??  ?? 1. Le double échappemen­t façon scrambler est de bonne facture, mais il oblige à écarter la jambe droite. 2. Le support de plaque évite la traditionn­elle grosse bavette arrière. 3. La boîte de vitesses se montre agréable, malgré les 600 km de ce modèle d’essai. 3
1. Le double échappemen­t façon scrambler est de bonne facture, mais il oblige à écarter la jambe droite. 2. Le support de plaque évite la traditionn­elle grosse bavette arrière. 3. La boîte de vitesses se montre agréable, malgré les 600 km de ce modèle d’essai. 3
 ??  ?? La Mondial 300 Pagani ne se destine pas aux motards de grande taille, qui auront les jambes très repliées.
La Mondial 300 Pagani ne se destine pas aux motards de grande taille, qui auront les jambes très repliées.
 ??  ?? Le logo historique de la marque rappelle qu’elle fut fondée par les Frères Boseli.
Le logo historique de la marque rappelle qu’elle fut fondée par les Frères Boseli.
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 ??  ?? Le minuscule tableau de bord ne se lit pas facilement, mais il est très complet.
Le minuscule tableau de bord ne se lit pas facilement, mais il est très complet.
 ??  ?? 1. Certains détails se veulent haut de gamme, comme ce rappel de la marque sur le caoutchouc des repose-pieds. 2. Le capot de selle est heureux, car il masque une place passager des plus réduites. 3. Le réservoir de 9 litres offre une autonomie d’environ 200 kilomètres. 1
1. Certains détails se veulent haut de gamme, comme ce rappel de la marque sur le caoutchouc des repose-pieds. 2. Le capot de selle est heureux, car il masque une place passager des plus réduites. 3. Le réservoir de 9 litres offre une autonomie d’environ 200 kilomètres. 1
 ??  ?? On doit la ligne de la Mondial à Cesare Galli, qui a repris la production de la marque avec l’accord du descendant des fondateurs.
On doit la ligne de la Mondial à Cesare Galli, qui a repris la production de la marque avec l’accord du descendant des fondateurs.
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