RESTAURATION
Depuis 40 ans, Patrick dissèque, peaufine, bichonne et vit au rythme des Kawasaki 3-cylindres 2-temps. Une passion qui rime avec perfection et débouche sur des restaurations exceptionnelles dans un atelier façon bloc opératoire.
Patrick Richardeau voue un véritable culte à la pièce d'origine Kawasaki.
Ne cherchez pas, hormis chez son ami Pascal avec qui il travaille main dans la main depuis plus de trois décennies (voir pages suivantes), vous ne trouverez pas de Kawasaki 3-cylindres aussi belles et aussi bien restaurées. Pourquoi ?
Parce que Patrick Richardeau a un credo : refaire des motos comme elles l’étaient quand elles sortaient des concessions au début des années 70.
Ici, on ne vous parlera pas de business, Patrick est chauffeur routier et bricole ses Kawa par pure passion depuis 40 ans. En revanche, pas question de transiger avec l’excellence, et la règle d’or est claire : aucune pièce adaptable, que de l’origine constructeur et des professionnels (chromeur, polisseur, rectifieur, peintre, sellier, etc.) triés sur le volet pour le seconder. Le garçon est tellement obsédé par la pièce neuve qu’il s’est construit une H2 comme ça, par petits bouts. « J’ai toujours été archi passionné par ces motos et j’en voulais une neuve mais ce n’était pas possible. Alors, j’ai fait ça avec mes petits moyens. Heureusement, j’étais ami avec Patrick de Robert de Kawasaki France qui était aux pièces détachées et avec Jean-Claude
Heinrich qui était commercial. Ils m’ont aidé en me donnant un petit carnet contenant toutes les adresses et tous les numéros de téléphone des concessions Kawasaki.
Ils m’ont dit : “Tu vas dans une cabine téléphonique avec un tas de pièces de 1 F et tu les appelles toutes.” C’est ce que j’ai fait, concession par concession, département par département, afin de dégoter des pièces neuves. » On est en 1979, et Patrick se lance à fond dans le projet. Pendant les années qui suivent, il y consacre son argent et son temps libre. On l’aurait même vu troquer une fois sa voiture contre un lot de pièces neuves qu’il ne pouvait pas laisser passer... Il reprend : « Le réservoir et le dosseret viennent de chez Kawasaki Vernon, dans l’Eure. Ce sont les premiers cartons que j’ai reçus. Ils étaient “vieil or”, je n’ai pas choisi la couleur mais c’était parfait. J’étais comme un môme. Le gardeboue avant vient de Kawasaki Carpentras, les 3 carbus de chez Gasteau à Marseille, les compteurs et le comptetours de Kawasaki Vernon aussi. J’ai mis dix ans à la finir. Ma moto est neuve de A à Z, il n’y a jamais eu d’essence dedans. Juste un peu d’huile dans le
moteur pour éviter que les joints ne sèchent et les pièces métalliques ne s’oxydent. » O kilomètre ! Patrick n’en parle évidemment à personne mais, à l’heure où une H2 restaurée soi-disant 100 % origine s’affiche à 25000€, si vous additionnez toutes les pièces neuves de la sienne, le tarif devient stratosphérique. Pour info, un vilebrequin neuf se négocie minimum 3 000 €, un réservoir autour de 1 500 €, un ensemble compteur/compte -tours dans les 1 000 €. Pour les pots d’origine (rarissimes), c’est carrément une vraie fortune. Oui, cette Kawasaki H2 750 « vieil or » 0 km est bien une exceptionnelle pièce de collection. Et Patrick de renchérir : « J’en ai remonté deux comme ça. Mais attention, elles le sont sans aucune pièce adaptable. »
Pas de pièces chinoises, pas d’amortisseurs adaptables, pas de pneus trop petits.
Fond de selle, selle, pattes de phare, câbles (pour info, il faut débourser 300 $ pour un câble gris d’origine de 500 Mach III et il y en a sept sur la moto), pistons, compteurs, pots, pneus, bref, les pièces le plus souvent remplacées par de l’adaptable chez les « spécialistes » sont toutes d’origine Kawasaki sur les motos de Patrick. Et ça change tout. « Pour toutes nos motos, trois choses sont primordiales sur la base pour que le travail final soit nickel : qu’elles aient de beaux compteurs, de beaux pots d’échappement et une belle selle. Pour les pots, ça veut dire qu’ils ne sont ni défoncés, ni cassés. Qu’ils aient juste des petites bosses ou des petites griffures. Avec Julien – notre peintre –, on ressort la bosse avec un tire-clou ou à la ventouse. Si ces trois pièces sont très belles sur la moto que tu achètes, tu as une bonne base pour faire du boulot de qualité. » Et côté qualité, Patrick a mis la barre extrêmement haut. De la pure folie. Tout est démonté, nettoyé, vérifié, refait dans les règles et remplacé par du neuf si nécessaire. Une minutie et une exigence que les deux amis ont su imposer aux professionnels qui travaillent avec eux. Pour être en phase avec la qualité des Kawasaki des seventies, ils imposent des chromages un peu moins chargés et des brossages différents, assez bruts, comme les Japonais le faisaient à l’époque. Le résultat est tout simplement bluffant. En prime, Patrick roule quasiment tous les week-ends avec ses motos. « Le week-end dernier, on a fait 400 bornes. Alors oui, on peut dire que nos motos sont fiables. Mais fiables ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’en occuper. Au contraire. Après chaque virée, il faut resserrer la visserie, retendre la chaîne. Le problème, c’est l’essence. Il faut vidanger ta moto quand tu la ranges pour l’hiver, sinon tu peux avoir des petits soucis de carburation au redémarrage car l’essence peut laisser des dépôts. Autre problème, sur toutes les 250, 350 et 400 et sur les H2B et H2C, les trois raccords d’huile sont sertis (donc indémontables...). Avec le temps, ils laissent passer l’huile à la moindre petite saleté qui vient se mettre dans le cône ou sur la bille. Ensuite, quand tu la ranges en hiver par exemple, l’huile descend alors petit à petit dans le carter. Et au printemps, quand tu mets un coup de kick, l’huile remonte au-dessus, passe dans le cylindre et là, ça peut faire
PARTOUT, DES COMPTEURS, DES VILEBREQUINS, DES PISTONS, DES POTS DANS LEURS BOÎTES D’ORIGINE