LE BON PETIT TWIN
Le Napolitain Niko Sorbo s’est fait aider par Fuchs Workshop pour transformer une Yamaha TX 500 en une très jolie moto de flat-track.
NIKO ROULE D’ABORD EN FLAT-TRACK SUR UNE HONDA 650 DOMINATOR
Le « scugnizzo », c’est le gamin typique des rues de Naples, vif, jovial et parfois irrévérencieux, toujours prêt à vous aborder. Cette année, Niko Sorbo apportera l’esprit de sa ville sur les ovales en terre battue du championnat français de flat-track, catégorie Oldies. Et, tant qu’à sillonner l’Europe, il participera aussi à la Krowd Race allemande, un trophée divisé en cinq épreuves, dont quelques-unes sur des pistes de 800 mètres. Sorbo roulera avec sa nouvelle moto réalisée sur base de Yamaha TX 500 de 1973.
Une machine magnifique qui, espérons-le, sera assez rapide pour créer la surprise.
Un coup de foudre
Niko Sorbo n’a découvert que récemment la discipline de la « velocitas sinistro », comme auraient pu l’appeler les antiques Romains qui couraient en char au Circus Maximus. Niko n’a jamais roulé en char mais plus jeune, il a couru en karting puis à moto, de la 125 à la 1000 Superstock. Il a décidé de reprendre le guidon après une pause de plusieurs années et il a eu un coup de foudre pour le flat-track lors d’un déplacement sur le circuit de Lonigo, en Vénétie : « J’ai tout de suite aimé l’ambiance et l’esprit avec lesquels les gens s’affrontaient, en particulier au guidon de vieilles motos. » Il décide alors de sortir la Honda 650 Dominator qui dort dans son garage, l’adapte à la discipline, fait ses armes dans des courses en Italie et, en quelques semaines, avec d’autres pilotes transalpins, il se présente à Lelystad, aux Pays-Bas, pour courir la Hell’s Race 2019, épreuve du championnat d’Europe DTRA. « Dans les trois manches, je monte sur le podium mais comme je débute, les organisateurs ne me laissent pas participer à la finale. Je suis quand même 4e au classement général et très heureux ! »
Challenges européens
Puis il participe à la Coupe
FMI d’Italie, à El Rollo, lors du Wheels and Waves, à la Krowd Race en Allemagne, au Hill Trophy en Suisse.
Bref, il n’arrête plus de tourner dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ! En septembre dernier, à Mâcon, en Saône-et-Loire, il s’est aligné au Trophée Vintage Racing Spirit pour les motos classiques, catégorie Thunderbike Rookie. Et il a gagné : à 36 ans, le jeune homme a trouvé dans les ovales en terre
battue l’endroit idéal pour se défouler. Pour la saison 2021, il a besoin d’une moto à la hauteur de son pilotage. L’occasion se présente sous la forme de quatre cagettes remplies de pièces. Réunies, elles pourraient constituer une Yamaha TX 500, plus connue en France sous le nom de XS 500. C’est son ami Massimo Rinchiuso, patron de Fuchs Workshop à Ravenne, qui lui a fait ce cadeau. La Romagne est une terre de mécanique et d’amateurs de mécanique. Donc, avant toute chose, Fuchs a rassemblé quelques amis autour du projet. Francesco « Kentauros » Bellesi a conçu le design de la moto et de la combinaison en cuir assortie. Le bicylindre a été confié à Claudio Lanconelli, un motoriste qui a aidé les pilotes de Romagne (comme Marco Melandri, par exemple) durant 30 ans, en vitesse et en motocross.
Culasse retravaillée
La TX 500 est la petite soeur de la TX 750. Le bicylindre est cependant plus élaboré avec un double arbre à cames en tête, quatre soupapes par cylindre, un vilebrequin calé à 180° et un balancier d’équilibrage pour limiter les vibrations. Plus fiable que le moteur 750, il développe presque 50 chevaux à
7 500 tr/min. Entre les mains d’un bon préparateur, il ne demande qu’à tourner plus vite et à gagner quelques chevaux. Pour ça, les pistons et les soupapes ont été changés et la culasse a été retravaillée. Les carburateurs à dépression Mikuni ont été remplacés par une paire de Dell’Orto PHF36 à boisseaux plats simplement munis de filtres K&N. La mise au point n’a pas été aisée mais le résultat est plutôt satisfaisant : le moteur TX 500 a une courbe de puissance beaucoup plus plate qu’un monocylindre, moins de frein moteur, mais il est assez souple lors des phases de freinage et d’accélération.
Concernant la partie-cycle, Fuchs a modifié la boucle arrière du cadre pour convenir à la nouvelle selle. Il a aussi adapté un gros bras oscillant de Yamaha YZ à une section rectangulaire qui accueille 2 amortisseurs YSS réglables et une roue Excel de 19 pouces identique à celle de l’avant.
Ligne d’échappement
Avec l’aide des dessins de Kentauros, Fuchs, qui tape très bien la tôle d’aluminium, a fabriqué le réservoir, le dosseret de selle, la protection du pot et les plaques portenuméro. Un gros travail a été réalisé sur les tés de fourche pour monter les tubes de fourche d’une R6 première version. Quant à la ligne d’échappement,
LE BICYLINDRE A ÉTÉ CONFIÉ À UN MOTORISTE RÉPUTÉ
elle a été commandée à la société milanaise, SC-Project. Si vous pensez que cette moto coûte une petite fortune, vous vous trompez. Outre l’utilisation de pièces d’occasion, la séduction napolitaine de
Sorbo a fait le reste et il a pu décrocher un certain nombre de sponsors techniques.
Naples est loin de tout
C’est ainsi qu’il a obtenu des cartouches YSS pour la fourche et un revêtement
1. La combinaison de Niko est assortie à la moto. 2. De gauche à droite, Massimo « Fuchs » Rinchiuso, Luca Zangheri (YSS), Niko Sorbo, le motoriste Claudio Lanconelli et Stefano Romanazzi.
de selle Race Seat, l’atelier qui fournit Francesco Cecchini, le sextuple champion du monde FIM de flat-track. La société Kompo-Tech a également été mise à contribution pour réaliser un habillage en fibre de verre en partant des éléments en alu. En cas de chute et de contact avec un pilote, c’est moins dangereux. Comme pour toutes les motos préparées par Fuchs, la peinture est signée Maury. Enfin, sachez que Niko Sorbo a baptisé la Yamaha « Scioccò », un terme intraduisible dont son défunt père avait affublé son épouse. Il a fallu un an pour arriver à ce résultat et prendre une photo de famille avec les conquérants de l’Europe. Niko explique : « Ma ville est loin de tout, mais ça ne me gêne pas de conduire le fourgon 3 000 kilomètres à travers le Vieux Continent, parce que j’aime l’atmosphère de ces épreuves. Par rapport à l’Italie, il y a plus d’entraide, plus de poésie et moins d’esprit de compétition. » Forza !
LA YAMAHA TX 500 DE FLAT-TRACK EST TOUT SIMPLEMENT MAGNIFIQUE