LE SECOND RÔLE
Le Californien Randy Mamola n’a jamais décroché de titre mondial malgré un talent certain. Ceci dit, grâce à ses facéties, il est beaucoup plus célèbre que de nombreux champions du monde.
Vice-champion du monde 500 à quatre reprises et pour trois marques différentes, Randy Mamola a toujours raté la dernière marche qui lui aurait permis d’entrer au panthéon des pilotes motocyclistes. Dauphin de Kenny Roberts, Marco Lucchinelli, Eddie Lawson et Wayne Gardner, le Californien farceur s’est tout de même consolé en restant très longtemps le chouchou du public. Apprécié de tous, Randy Mamola n’a malheureusement jamais pu accrocher un titre de champion à son tableau de chasse. Et ce, malgré une remarquable persévérance qui, durant quinze ans, fit de lui l’un des principaux animateurs de la catégorie reine. En 1979, fort de son titre de champion 250 US, le petit Californien part à l’assaut des Grands Prix. Au guidon d’une Yamaha tout ce qu’il y a de plus standard, il ne tarde pas à se mettre en évidence. Cinquième de sa première course au Venezuela, il monte sur la deuxième marche du podium quelques jours plus tard en Allemagne.
Sans complexes, et alors qu’il ne connaît rien des tracés et de la vie européenne, Randy Mamola mène la vie dure aux Kawasaki officielles de Kork Ballington et d’Anton Mang. Bluffé par le talent du jeune
prodige, Serge Zago l’engage pour les quatre derniers Grands Prix de la saison afin de remplacer Mike Baldwin, blessé, au guidon de sa 500 Suzuki.
Révélation en 1979
Il se classe sixième en
Suède et monte sur le podium en Finlande et en France, s’intercalant pour l’occasion entre la Suzuki de Barry Sheene et la Yamaha de Kenny Roberts. Révélation de la saison 1979, Randy Mamola est appelé l’année suivante pour remplacer Barry Sheene chez Suzuki. Il s’impose pour la première fois en Belgique sur le circuit de Zolder, récidive à Silverstone un mois plus tard et termine sa première saison de 500 avec un titre officieux de vice-champion du monde. En 1981, la Suzuki RG 500 de l’Américain est chaussée en Dunlop, alors que celle de Marco Lucchinelli est équipée par Michelin. À la veille de la dernière course du championnat, Lucky devance Mamola de neuf points. Tout va donc se jouer en Suède. Alors qu’il est parti en tête sous un ciel menaçant, Randy dégringole dans le classement lorsque la pluie inonde la piste d’Anderstop. Neuvième à l’arrivée, c’est Marco Lucchinelli qui décroche
MAMOLA EST 4 FOIS VICECHAMPION DU MONDE 500
le titre. Pour la deuxième fois d’affilée, Randy Mamola échoue à quelques points du sacre. En 1982, il rate à nouveau le coche, blessé et trop inconstant. En 1983, il récupère à ses côtés un nouveau chef mécanicien en la personne de Mike Sinclair. Malgré toutes ses compétences, ce dernier a toutefois bien du mal à faire tenir la route à la dernière évolution du quatre-cylindres en carré d’Hamamatsu. Randy ne remporte pas la moindre course et termine très loin derrière la Honda de Spencer et la Yamaha de Roberts. Les Suzuki sont désormais contraintes de regagner le musée et Randy Mamola se retrouve en mauvaise posture.
Encore raté en 1987
Le salut va venir de chez Honda où l’on décide de confier deux 500 NS au Californien. La saison a déjà commencé mais sur les dix courses encore au programme, le pilote ne loupe le podium qu’à une seule reprise, mais termine une fois encore à la deuxième place du championnat du monde. Les circonstances sont beaucoup moins favorables à l’aube de la saison 1985. Spencer a retrouvé la forme, Lawson a pris de l’étoffe et Honda a distribué ses motos pour Gardner, Haslam et De Radigues. Résultat : deux petits podiums et une sixième place en fin d’année. Déçu du manque de soutien du HRC, Randy accepte alors avec enthousiasme l’offre de Kenny Roberts qui vient de créer son team avec
Lucky Strike et qui lui offre une Yamaha YZR 500 avec laquelle il se sent très vite à l’aise. Malgré une fracture de la clavicule, il se classe à la 3e place du championnat du monde pour sa première saison avec la marque aux trois diapasons. Il rate à nouveau le titre d’un cheveu en 1987 et, un brin désabusé par ce Graal qui lui file invariablement entre les doigts au moment où il croit pouvoir le serrer dans ses mains, il se laisse tenter en fin d’année par une offre mirobolante des frères Castiglioni qui rêvent de voir rouler le populaire Américain au guidon de leur Cagiva.
Les années Cagiva
Équipée en Pirelli et manquant quelque peu de fiabilité, la très belle
500 italienne ne lui permet pas de rivaliser avec ses adversaires. Randy Mamola termine sa carrière en roue libre sans pour autant perdre les faveurs du public qui salue dès qu’il le peut celui qui, au fil du temps, s’est transformé en amuseur public. Après une saison loin des circuits, Mamola s’offre un dernier tour de piste en 1992 au guidon d’une Yamaha privée avec laquelle il accroche la dixième place du classement général. Par la suite, l’Américain continuera à écumer les Grands Prix mais en tant que commentateur pour la télévision, ou comme pilote de la fameuse Ducati Desmosedici biplace. Ambassadeur de la marque Alpinestars, on l’a vu ces dernières années sur des événements branchés comme le Wheels and Waves. Récemment, il a piloté l’Indian Scout préparée par l’atelier belge Workhorse pour des épreuves de sprint. À 60 ans passés, Mamola ne semble pas vouloir vieillir.
EN 1985, IL RÉALISE UN RODÉO VU PAR DES MILLIONS DE PERSONNES