Moto Revue Classic

LE SECOND RÔLE

- Texte : Michel Turco, LBSM - Photos : archives Moto Revue

Le Californie­n Randy Mamola n’a jamais décroché de titre mondial malgré un talent certain. Ceci dit, grâce à ses facéties, il est beaucoup plus célèbre que de nombreux champions du monde.

Vice-champion du monde 500 à quatre reprises et pour trois marques différente­s, Randy Mamola a toujours raté la dernière marche qui lui aurait permis d’entrer au panthéon des pilotes motocyclis­tes. Dauphin de Kenny Roberts, Marco Lucchinell­i, Eddie Lawson et Wayne Gardner, le Californie­n farceur s’est tout de même consolé en restant très longtemps le chouchou du public. Apprécié de tous, Randy Mamola n’a malheureus­ement jamais pu accrocher un titre de champion à son tableau de chasse. Et ce, malgré une remarquabl­e persévéran­ce qui, durant quinze ans, fit de lui l’un des principaux animateurs de la catégorie reine. En 1979, fort de son titre de champion 250 US, le petit Californie­n part à l’assaut des Grands Prix. Au guidon d’une Yamaha tout ce qu’il y a de plus standard, il ne tarde pas à se mettre en évidence. Cinquième de sa première course au Venezuela, il monte sur la deuxième marche du podium quelques jours plus tard en Allemagne.

Sans complexes, et alors qu’il ne connaît rien des tracés et de la vie européenne, Randy Mamola mène la vie dure aux Kawasaki officielle­s de Kork Ballington et d’Anton Mang. Bluffé par le talent du jeune

prodige, Serge Zago l’engage pour les quatre derniers Grands Prix de la saison afin de remplacer Mike Baldwin, blessé, au guidon de sa 500 Suzuki.

Révélation en 1979

Il se classe sixième en

Suède et monte sur le podium en Finlande et en France, s’intercalan­t pour l’occasion entre la Suzuki de Barry Sheene et la Yamaha de Kenny Roberts. Révélation de la saison 1979, Randy Mamola est appelé l’année suivante pour remplacer Barry Sheene chez Suzuki. Il s’impose pour la première fois en Belgique sur le circuit de Zolder, récidive à Silverston­e un mois plus tard et termine sa première saison de 500 avec un titre officieux de vice-champion du monde. En 1981, la Suzuki RG 500 de l’Américain est chaussée en Dunlop, alors que celle de Marco Lucchinell­i est équipée par Michelin. À la veille de la dernière course du championna­t, Lucky devance Mamola de neuf points. Tout va donc se jouer en Suède. Alors qu’il est parti en tête sous un ciel menaçant, Randy dégringole dans le classement lorsque la pluie inonde la piste d’Anderstop. Neuvième à l’arrivée, c’est Marco Lucchinell­i qui décroche

MAMOLA EST 4 FOIS VICECHAMPI­ON DU MONDE 500

le titre. Pour la deuxième fois d’affilée, Randy Mamola échoue à quelques points du sacre. En 1982, il rate à nouveau le coche, blessé et trop inconstant. En 1983, il récupère à ses côtés un nouveau chef mécanicien en la personne de Mike Sinclair. Malgré toutes ses compétence­s, ce dernier a toutefois bien du mal à faire tenir la route à la dernière évolution du quatre-cylindres en carré d’Hamamatsu. Randy ne remporte pas la moindre course et termine très loin derrière la Honda de Spencer et la Yamaha de Roberts. Les Suzuki sont désormais contrainte­s de regagner le musée et Randy Mamola se retrouve en mauvaise posture.

Encore raté en 1987

Le salut va venir de chez Honda où l’on décide de confier deux 500 NS au Californie­n. La saison a déjà commencé mais sur les dix courses encore au programme, le pilote ne loupe le podium qu’à une seule reprise, mais termine une fois encore à la deuxième place du championna­t du monde. Les circonstan­ces sont beaucoup moins favorables à l’aube de la saison 1985. Spencer a retrouvé la forme, Lawson a pris de l’étoffe et Honda a distribué ses motos pour Gardner, Haslam et De Radigues. Résultat : deux petits podiums et une sixième place en fin d’année. Déçu du manque de soutien du HRC, Randy accepte alors avec enthousias­me l’offre de Kenny Roberts qui vient de créer son team avec

Lucky Strike et qui lui offre une Yamaha YZR 500 avec laquelle il se sent très vite à l’aise. Malgré une fracture de la clavicule, il se classe à la 3e place du championna­t du monde pour sa première saison avec la marque aux trois diapasons. Il rate à nouveau le titre d’un cheveu en 1987 et, un brin désabusé par ce Graal qui lui file invariable­ment entre les doigts au moment où il croit pouvoir le serrer dans ses mains, il se laisse tenter en fin d’année par une offre mirobolant­e des frères Castiglion­i qui rêvent de voir rouler le populaire Américain au guidon de leur Cagiva.

Les années Cagiva

Équipée en Pirelli et manquant quelque peu de fiabilité, la très belle

500 italienne ne lui permet pas de rivaliser avec ses adversaire­s. Randy Mamola termine sa carrière en roue libre sans pour autant perdre les faveurs du public qui salue dès qu’il le peut celui qui, au fil du temps, s’est transformé en amuseur public. Après une saison loin des circuits, Mamola s’offre un dernier tour de piste en 1992 au guidon d’une Yamaha privée avec laquelle il accroche la dixième place du classement général. Par la suite, l’Américain continuera à écumer les Grands Prix mais en tant que commentate­ur pour la télévision, ou comme pilote de la fameuse Ducati Desmosedic­i biplace. Ambassadeu­r de la marque Alpinestar­s, on l’a vu ces dernières années sur des événements branchés comme le Wheels and Waves. Récemment, il a piloté l’Indian Scout préparée par l’atelier belge Workhorse pour des épreuves de sprint. À 60 ans passés, Mamola ne semble pas vouloir vieillir.

EN 1985, IL RÉALISE UN RODÉO VU PAR DES MILLIONS DE PERSONNES

 ??  ?? En 1984, après le retrait de Suzuki, Honda confie à Mamola une NS 500. Il finit deuxième du championna­t derrière Lawson.
En 1984, après le retrait de Suzuki, Honda confie à Mamola une NS 500. Il finit deuxième du championna­t derrière Lawson.
 ??  ?? En 1989, sur la Cagiva 500 dans son exercice favori : le wheeling. Il ne monte qu’une fois sur le podium et n’est que 18e du championna­t du monde.
En 1989, sur la Cagiva 500 dans son exercice favori : le wheeling. Il ne monte qu’une fois sur le podium et n’est que 18e du championna­t du monde.
 ??  ?? 3
3
 ??  ?? 4
4
 ??  ?? 2
2
 ??  ??
 ??  ?? 1. Chez lui, en Californie, en toute décontract­ion. 2. Sur la Suzuki RG 500 lors du GP de Finlande 1981. 3. Avec Roberts et Sheene, en 1978. 4. Poursuivi par Roberts et Lucchinell­i lors du Dutch TT 1980.
1. Chez lui, en Californie, en toute décontract­ion. 2. Sur la Suzuki RG 500 lors du GP de Finlande 1981. 3. Avec Roberts et Sheene, en 1978. 4. Poursuivi par Roberts et Lucchinell­i lors du Dutch TT 1980.
 ??  ?? 2
2
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? 1. En 1985, il pilote « à côté » de la Honda NS 500. 2. Dans un bon jour, il pouvait battre n’importe quel pilote (victoire au Dutch TT 1984).
3. Polo ouvert, chaîne en or, en 1986, c’est la grande vie dans le team Lucky Strike dirigé par Roberts. 4. Mamola a longtemps piloté la Ducati Desmosedic­i biposto en ouverture des MotoGP.
5. À 60 ans, il devient pilote Indian sur des épreuves de sprint ! 3
1. En 1985, il pilote « à côté » de la Honda NS 500. 2. Dans un bon jour, il pouvait battre n’importe quel pilote (victoire au Dutch TT 1984). 3. Polo ouvert, chaîne en or, en 1986, c’est la grande vie dans le team Lucky Strike dirigé par Roberts. 4. Mamola a longtemps piloté la Ducati Desmosedic­i biposto en ouverture des MotoGP. 5. À 60 ans, il devient pilote Indian sur des épreuves de sprint ! 3

Newspapers in French

Newspapers from France