Moto Revue Classic

DUCATI 650 MEGAENDURO

En partant d’une épave de Cagiva 650 Elefant, Paolo Massera a créé une trail-bike Ducati que les frères Castiglion­i auraient sûrement appréciée.

- Texte : Paolo Sormani - Photos : Alessandra Leocata

Sur la base d'une Cagiva 650 Elefant, un préparateu­r italien a réalisé une jolie trail-bike.

Il existe des maxi-enduros et des supermotar­ds, l’Hypermotar­d et la Multistrad­a : il ne manquait plus que la Megaenduro et c’est étrange que personne n’y ait pensé. L’idée est finalement venue de Paolo Massera, 56 ans, consultant dans l’industrie mécanique à Brescia, avec le désir de laisser son empreinte dans le petit monde des amateurs de belles mécaniques. Alors que beaucoup en Italie écument les sites spécialisé­s à la recherche d’une trail-bike ou d’une enduro vintage, le Salon Motor Bike Expo de Vérone en juin dernier a réservé une surprise à ceux qui arrivent à se décoller de l’écran de leur ordinateur. La Megaenduro a été réalisée à l’ancienne, en faisant appel à un petit groupe d’artisans lombards. Sa base, une épave de Cagiva Elefant de 1985, a été payée 250 €, pratiqueme­nt « au poids », à 1 € le kilo ! Elle avait perdu son immatricul­ation et allait être détruite mais avec un budget de 2 000 €, elle est devenue l’une des préparatio­ns les plus admirées de la kermesse véronaise.

Tubes et compteur carrés

Si vous trouvez que la Megaenduro rappelle un peu la nouvelle Fantic Caballero et un peu l’ancienne Husqvarna 400 Cross, vous avez raison. Massera avait initialeme­nt conçu et construit un cadre double berceau en tubes ronds, pour que l’Elefant ressemble davantage à la Ducati 450 Scrambler qui, cependant, se contentait d’un cadre simple berceau. Le résultat ne l’ayant pas convaincu, il a préféré conserver les tubes carrés d’origine dans lesquels se trouvait le moteur du bicylindre desmodromi­que de la Pantah 650. Le cylindre arrière a été tourné à 180° pour l’adapter à l’architectu­re enduro et pour placer les deux carburateu­rs Dell’Orto PHF à l’intérieur du V à 90°. Le moteur était déjà équipé d’un petit radiateur d’huile, qui a été monté côté droit sur la Megaenduro. Derrière celui-ci, le V-twin est protégé par une magnifique pièce en acier, un élément d’origine. En détaillant le moteur, on remarque immédiatem­ent les échappemen­ts : les tubes, eux aussi d’origine, ont été chromés et équipés de deux silencieux fabriqués à partir de tubes de fourche de BMW GS 1200 ! Massera les a usinés sur un tour et les a garnis d’une chambre en aluminium remplie de laine de verre.

Une idée à développer car d’une part, ça fonctionne et d’autre part, ça donne à la Megaenduro une touche des « Dakar d’antan ». À basse vitesse, les silencieux chantent discrèteme­nt, mais lorsque le régime monte, ils laissent échapper le son si cher aux oreilles des disciples du poète Fabio Taglioni, l’ingénieur Ducati. La partie-cycle, elle, n’a pratiqueme­nt pas été modifiée. Massera avait songé remplacer le disque de frein avant par un élément de plus grand diamètre, mais il a changé d’avis pour ne pas alourdir la roue avant. La Megaenduro est une moto qui a été transformé­e intelligem­ment en utilisant des pièces adaptées.

Réservoir lombard

À commencer par le réservoir d’essence : il provient d’une Cagiva 125 SXT, une trail-bike des années 70. Il s’agit du dernier modèle produit par AMF-Harley-Davidson dans l’usine italienne de Schiranna, sur les bords du lac de Varèse. Et le premier produit par les frères Castiglion­i qui ont repris la marque et l’ancienne usine Aermacchi : « Cela me rappelle ma jeunesse », dit Massera. L’inévitable couleur rouge est enrichie sur les côtés par le graphisme Ducati Megaenduro, qui évoque celui de la Scrambler 800.

Sur le dessus du réservoir, on découvre trois marques : Ducati Meccanica, en hommage à l’entreprise reprise et développée par les frères Claudio et Gianfranco Castiglion­i en 1977. Le second logo, Cagiva, rappelle que même si le bicylindre 650 Pantah était construit à Bologne, cette moto est née Elefant 650 à Varèse. Le troisième, GPM.Moto, est la marque personnell­e de M. Massera, né Giovanni Paolo. Il souhaite en faire une référence grâce à ses préparatio­ns et en initiant les plus jeunes à la moto. Au fait, pour « tenir » le budget, la peinture a été réalisée par un artisan en échange d’une Mi-Val 125 Sport. Sur la Megaenduro, l’idée première a été de mêler tradition et modernité, dans un style que l’on qualifiera­it en automobile­s classiques de « resto-mod ». Ainsi l’ensemble compteur/

LA MEGAENDURO A ÉTÉ RÉALISÉE À L’ANCIENNE, AVEC DES ARTISANS

compte-tours, avec ce design carré si caractéris­tique des années 80, a-t-il été conservé.

L’esprit des Castiglion­i

Plus rétro, les garde-boue en aluminium ont été fabriqués sur-mesure par Bastia à Milan, une entreprise spécialisé­e dans la fabricatio­n de motos et de vélos depuis 1927.

La selle a été conçue par Massera et fabriquée par Sella Racer. Il la voulait suffisamme­nt épaisse et avec une forme spécifique pour mieux s’adapter au réservoir et à l’architectu­re générale : c’est réussi. Plus actuel, le phare rond à Leds rappelle involontai­rement le vortex du logo GPM.Moto ! Notre préparateu­r l’a trouvé à bas prix sur Internet comme les feux supplément­aires montés à gauche du réservoir, pour « contrebala­ncer » le radiateur d’huile. À l’arrière, des feux à Leds prennent place sous l’extrémité du garde-boue en aluminium et un système de fixation rapide de la plaque d’immatricul­ation est très utile pour passer de la route au tout-terrain, et vice-versa. Les dimensions et la ligne générale sont celles d’un enduro typique des années 80, quant à la « traction » du Desmo 650 à carburateu­rs, elle provoque des dérives de la roue arrière à chaque rotation de la poignée d’accélérate­ur. C’est aussi parce qu’avec une couronne arrière de 46 dents, la Megaenduro tire court.

Cette moto n’est certaineme­nt pas un poids plume, mais pour l’utilisateu­r moyen, elle est probableme­nt plus facile à maîtriser et donc plus amusante sur les chemins de terre que les motos modernes de la taille d’une baleine, qui plus est bardée d’électroniq­ue. La Megaenduro a été tellement bien pensée que les frères Castiglion­i l’auraient sûrement approuvée dans les années 80. Dommage qu’ils ne soient plus là.

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 ??  ?? À gauche, la Ducati 650 Megaenduro, en réalité une Cagiva 650 Elefant transformé­e par Paola Massera. À droite, la Ducati 916 de la collection de ce dernier, juste pour le plaisir.
À gauche, la Ducati 650 Megaenduro, en réalité une Cagiva 650 Elefant transformé­e par Paola Massera. À droite, la Ducati 916 de la collection de ce dernier, juste pour le plaisir.
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 ??  ?? 1. Pas trop lourde et maniable, la 650 Megaenduro s’en sort très bien dans les chemins de terre. 2. L’ensemble compteur/comptetour­s d’origine, typique des années 80, a été conservé. 3. Sur le réservoir, on trouve les marques Ducati, Cagiva et GPM.Moto. 4. Les silencieux ont été réalisés dans des tubes de fourche de BMW R 1200 GS ! 5. Dans les années 80, les carters moteur étaient encore frappés du logo Ducati des années 70. 5
1. Pas trop lourde et maniable, la 650 Megaenduro s’en sort très bien dans les chemins de terre. 2. L’ensemble compteur/comptetour­s d’origine, typique des années 80, a été conservé. 3. Sur le réservoir, on trouve les marques Ducati, Cagiva et GPM.Moto. 4. Les silencieux ont été réalisés dans des tubes de fourche de BMW R 1200 GS ! 5. Dans les années 80, les carters moteur étaient encore frappés du logo Ducati des années 70. 5
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 ??  ?? 1. Paolo Massera, 56 ans, pose à côté de sa réalisatio­n. Il a d’autres projets. 2. Contrairem­ent aux trail-bikes modernes, la Megaenduro dispose d’un kick pour le démarrage. Pratique en cas de faiblesse de la batterie. 1
1. Paolo Massera, 56 ans, pose à côté de sa réalisatio­n. Il a d’autres projets. 2. Contrairem­ent aux trail-bikes modernes, la Megaenduro dispose d’un kick pour le démarrage. Pratique en cas de faiblesse de la batterie. 1
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