Moto Revue Classic

ON ANY SUNDAY BIKE GENERATION

Il y a tout juste 50 ans, sortait le film On any Sunday. Ce documentai­re avec Malcolm Smith et Steve McQueen a marqué toute une génération.

- Texte : Christophe Gaime - Photos : Bruce Brown Films

L’académie des Oscar s’est bien « plantée » en 1972 lorsqu’elle a attribué la petite statuette à Des insectes et des hommes dans la catégorie Documentai­re. Pour le peuple motard,

On any Sunday, qui faisait partie des nommés, était l’indiscutab­le vainqueur ! Ce film, sorti il y a tout juste 50 ans aux États-Unis, a été réalisé par Bruce Brown (décédé en 2010 à l’âge de 80 ans), connu dans un premier temps pour ses documentai­res sur le surf. Le film est sorti chez nous en 72 sous le titre Challenge one, en référence à l’affronteme­nt que se livraient les pilotes américains pour obtenir le numéro 1 sur leur moto. Notez aussi que si les commentair­es de la version originale sont assurés par le réalisateu­r lui-même, ceux de la version française ont été confiés à Stéphane Collaro qui, on l’a oublié, était un journalist­e spécialisé dans la Formule 1 avant de lancer le Collaro Show.

En Français, en anglais ou dans toutes les autres langues, ce film a de toute façon été une « claque » pour tous les amateurs de moto, et même les autres. La France sortait à peine de Mai 68, le Bol d’Or renaissait, les motos japonaises affluaient et les images de grands espaces américains tombaient à point nommé. Il a permis aussi de découvrir cette curieuse discipline qu’est le flat-track, mais aussi la particular­ité du championna­t américain

(le Grand National et non pas Challenge one) qui imposait aux pilotes de courir sur terre battue et sur circuit, durant 27 épreuves à travers l’Amérique du Nord. Imaginez

LE FILM DE BRUCE BROWN ÉTAIT EN LICE POUR L’OSCAR DU DOCUMENTAI­RE

qu’à cette époque, les pilotes français avaient du mal à se faire engager dans le Continenta­l Circus et ses 10 courses. Cerise sur le gâteau, outre Malcolm Smith et Mert Lawwill, on retrouve la superstar de l’époque Steve McQueen, aussi à l’aise au guidon d’une Husqvarna 400 qu’au volant d’une Porsche d’endurance. Véritable amateur de motos, le beau Steve a aidé au financemen­t du film par le biais de sa société

Solar Production­s. Il arbore d’ailleurs fièrement le logo de celle-ci sur son casque. Grâce à lui, le budget du film a atteint 313 000 $, et Bruce Brown lui en a été éternellem­ent reconnaiss­ant.

Le rêve américain

Daytona, Elsinore, Bonneville : les sites grandioses se succèdent à l’écran mais le rêve américain n’explique pas tout, un film, documentai­re ou pas, c’est avant tout de belles images. Et Bruce Brown savait tenir une caméra.

Il a innové en utilisant des ralentis sublimant l’intensité des courses du Grand National. La miniaturis­ation des caméras aidant, il a aussi monté ces dernières sur les casques des pilotes pour obtenir des images embarquées. À l’inverse d’un film classique où l’on peut improviser, pour tourner un documentai­re, il faut parfois être patient. Brown explique : « Lorsque j’ai voulu filmer un motocross se disputant dans la boue, il a fallu attendre un dimanche. » De même, pour la fameuse séquence où Smith, Lawwill et McQueen s’amusent sur la plage, l’endroit idéal s’est avéré être une base militaire utilisée par des Marines : « Je pensais qu’il n’y aurait aucun moyen d’obtenir l’autorisati­on de filmer, se souvient Brown, mais Steve McQueen a dit qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire. Le lendemain, il a appelé et on lui a dit de contacter un général, et tout de suite après, nous tournions les séquences sur la plage ! » Au rayon des anecdotes, on notera que la Harley-Davidson que pilote Mert Lawwill dans ces dunes au milieu des deux Husqvarna de McQueen et Smith n’est autre qu’une Greeve Challenger maquillée avec des autocollan­ts Harley. Pilote profession­nel pour la marque de Milwaukee, Lawwill ne pouvait pas se permettre de chevaucher une moto d’une autre marque. Avec ses images où des gamins roulent sur des vélo-cross (BMX) ou des mini-motos, On any Sunday a déclenché de nombreuses vocations aux USA et même en Europe. Parmi ces « kids », il y en a un qui effectue un magnifique wheeling sur une Honda 50 cm3 : il s’agit de Jeff Ward, 7 ans, futur vainqueur de 9 titres américains et de 7 Motocross des Nations ! D’un point de vue sportif, le film est d’ailleurs annonciate­ur de la déferlante américaine sur les championna­ts du monde de vitesse et de motocross dans les années 80 et 90 confirmée dans On any Sunday 2 (voir encadré).

LA FORCE DE ON ANY SUNDAY, C’EST QU’IL EST RÉALISÉ SANS TRUCAGES

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1. L’affiche originale du film.
2. La fine équipe : Mert Lawwill, Steve McQueen, Bob Bagley, Malcolm Smith et Bruce Brown, le réalisateu­r. 3. Bruce Brown et Bob Bagley en plein tournage de la fameuse scène sur la plage.
2 1. L’affiche originale du film. 2. La fine équipe : Mert Lawwill, Steve McQueen, Bob Bagley, Malcolm Smith et Bruce Brown, le réalisateu­r. 3. Bruce Brown et Bob Bagley en plein tournage de la fameuse scène sur la plage.
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1. Avec sa HVA 360, McQueen ne faisait pas semblant : il avait un vrai coup de guidon. 2. Bruce Brown monte une caméra sur le casque du pilote HD Mark Brelsford qui sera crédité au générique comme cadreur ! 1
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