FIN DE L’HISTOIRE ?
La scène se déroule sur le boulevard périphérique parisien par une belle matinée d’été, précisément le 9 septembre. Je remonte tranquillement le flot de voitures entre les deux files, comme la loi m’y autorise à nouveau depuis le 2 août dernier. Mais là n’est pas la question.
Dans le rétroviseur de ma monture, pointe le phare d’une moto qui arrive plus vite, mais pas à une vitesse excessive. Je me range tranquillement pour la laisser passer et le pilote me fait un signe de la main pour me remercier. Tiens, me dis-je, en voilà un qui est plutôt bien élevé. J’ai le temps de reconnaître une Suzuki GSX 1100 R rouge et grise, un modèle de la fin des années 80, et un casque intégral pas très récent, peut-être un Shoei, qui est d’ailleurs décoré à l’ancienne. En quelque sorte, un concurrent potentiel du Bol d’Or Classic, en tout cas un amateur de « youngtimers ». Bref, en voilà un qui a toute ma sympathie. L’élan fraternel n’a pas duré très longtemps. Comme notre « prince noir » des années 2020 bute sur un scooter, il donne des grands coups de d’accélérateur pour signifier son impatience. Et comme le scootériste fait part de son mécontentement d’un signe de la main, l’imbécile en rajoute. Je suis juste derrière et je constate que le silencieux d’échappement – un Devil d’époque – n’est pas homologué, ou alors il l’était il y a très longtemps. Mes tympans, qui n’en avaient pas besoin, en prennent un bon coup et à mes côtés, un motard « propre sur lui », chevauchant une BMW nineT, est ébahi… Et ne parlons pas des dizaines d’automobilistes qui ont assisté à la scène. Je me mets à la place de ces derniers qui ont appris deux jours auparavant que, suite à une réunion tripartite organisée par le ministre des Transports, le contrôle technique pour les motos était abandonné. Je les entends d’ici dire que les motos font trop de bruit et qu’il est bien dommage que, contrairement à leurs automobiles, les deux-roues n’aient pas droit, eux aussi, à une visite régulière. Et je ne peux pas les blâmer, du moins lorsque je suis confronté à ce genre d’énergumène à moto. Précisons que lors de la réunion citée plus haut, le ministre des Transports était accompagné du représentant de la Fédération française des motards en colère (FFMC), qui était très en colère, et du président de Fédération française de motocyclisme dont, à mon avis, la présence ne s’imposait pas. En revanche, aucun représentant de la Fédération française des véhicules d’époque (FFVE) n’était de la partie. Dommage, il aurait pu parler des motos de collection, comme de la Suzuki GSX-R de notre loustic…