20 ANS DÉJÀ !
Le 15 avril 2002, pour être précis, les Éditions Larivière lancent Moto Revue Classic. 120 numéros plus tard, votre bimestriel préféré fête son vingtième anniversaire et ne compte pas en rester là !
Le premier numéro de Moto Revue Classic a été publié le 15 avril 2002 mais en réalité, son histoire commence quasiment trois ans auparavant.
En janvier 1999, au XXe siècle donc, je suis embauché aux Éditions Larivière pour lancer le magazine L’Intégral aux côtés de David Dumain et Emmanuel Lecoz, celui-là même qui réalise la mise en page de Moto Revue Classic aujourd’hui. Ce luxueux bimestriel aujourd’hui disparu, avait été créé pour épauler l’hebdomadaire Moto Revue qui, cette année-là, fêtait ses 83 ans, excusez du peu !
Moto Revue Classique
Du coup, lors de mon embauche, je glissais innocemment à Jacques Tillier, éditeur de l’époque : « On pourrait aussi lancer un magazine consacré aux motos anciennes, vu le passé historique de la maison… » Jacques sourit et ne dit pas non, mais pour le moment, c’est L’Intégral qui mobilisait les énergies. Il faut dire que je venais de passer quasiment un septennat chez l’éditeur LVA qui publiait, entre autres, La Vie de la Moto, dont j’étais le rédacteur en chef, et Moto Légende auquel je collaborais de temps en temps. Ainsi, même si j’ai frappé à la porte des Éditions Larivière pour changer d’air et bifurquer vers les « modernes », j’ai aussi été embauché pour mes connaissances du milieu de l’ancienne.
Fin 2001, après les deux années passées à L’Intégral, fatigué par les sautes d’humeur du directeur de la rédaction, je remets sur le tapis ce fameux magazine d’anciennes. Cette fois-ci, j’ai préparé mon coup et j’ai même trouvé un titre : Moto Revue Classique. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire
EN 2002, IL N’EXISTE QU’UN MAGAZINE CONSACRÉ AUX MOTOS ANCIENNES
simple ? Dans mon argumentaire, je parle même d’un futur événement lié au magazine et qui pourrait s’appeler le Bol d’Or Classique. Il arrivera une année plus tard, et fêtera donc ses vingt ans l’année prochaine ! Mais c’est une autre histoire. Revenons au plus moderne des magazines d’anciennes. Jacques Tillier ne dit pas non car, en ces temps reculés, la presse a encore le vent en poupe. Je me retrouve donc face à Patrick Casasnovas, PDG des Éditions Larivière, qui trouve le projet intéressant et me propose de me mettre au travail de suite : ça se passait comme au début du XXIe siècle ! Au passage, il me glisse qu’il serait bien de faire participer Éric Breton, ancien rédacteur en chef de Moto Revue et Moto Verte (aujourd’hui décédé) qui vient de publier deux ouvrages de référence, un sur la Honda CB 750 et un sur le Kawasaki trois-cylindres deux-temps. Breton, c’était très bien, mais il me fallait d’autres bras pour remplir les 100 pages de Moto Revue Classic, avec un C à la fin pour faire anglais et gagner de la place sur la couverture ! Par le biais de mon ami Emmanuel Dormoy, malheureusement disparu lui aussi, Éric Maurice, en rupture de ban avec Moto Journal, me fait savoir qu’il est prêt à rejoindre l’aventure ! Ancien chef des essais de l’hebdomadaire leader en France, excellent pilote et excellente plume, Éric n’a pas supporté l’arrêt du mensuel Toute la moto, dont il était rédacteur en chef. Il faut dire que le bimestriel s’est heurté de plein fouet à… L’Intégral. Pas rancunier, le Éric ! Pour les photos, je fais appel à Fabrice
JE ME RETROUVE À BOSSER AVEC LA FINE FLEUR DE LA PRESSE MOTO
Berry avec qui j’avais travaillé sur L’Intégral et qui me dit oui tout de suite, sans chercher à faire monter les enchères. De toute façon, je n’en aurais pas eu les moyens !
Bourdache alias Jean Junior
Pour causer des ancêtres, je convaincs Bourdache alias Jean Junior, de quitter le mensuel Moto Légende : une autre belle prise. Puis, après un ou deux numéros, Alan Cathcart me fait une offre que je ne peux pas refuser, et voilà comment je me retrouve dans un bureau où se côtoient des journalistes de l’âge de la presse moto en France et où de nombreuses personnalités de notre petit monde viennent régulièrement nous rendre visite. Je me souviens parfaitement d’un confrère du groupe
LVA qui m’avait prédit que l’on arrêterait au bout de trois numéros…
Et pourtant, on est toujours là, même si en 20 ans, de l’eau a coulé sous les ponts. Éric Maurice a pris une retraite méritée, Fabrice Berry est parti vers d’autres aventures et a été remplacé par Alexandre Krassovsky et Zef Enault, lui aussi ancien chef des essais de Moto Journal, est aujourd’hui en charge des… essais. Alan Cathcart est toujours là, Bourdache aussi qui vient de fêter ses 87 ans ! De nouveaux noms sont apparus, comme Marc de Tienda ou l’Anglais
Rupert Paul. Contre toute attente, au début des années 10, la moto ancienne est devenue à la mode sous l’effet de la tendance Custom Culture. Des magazines et des événements ont été créés et les constructeurs se sont mis à inclure dans leurs gammes des motos surfant sur cette vague « rétro ». Bref, le mot vintage est mis à toutes les sauces et la moto devient « lifestyle ».
Changement d’époque
Ainsi, Moto Revue Classic s’est adapté à la situation en faisant évoluer sa présentation et sa ligne éditoriale. Miracle, le « plus beau des bimestriels » reprend des parts de marché comme disent les économistes mais sans rien renier de ses origines et sans mettre de côté son expertise légendaire (en toute modestie, bien sûr). Depuis, concernant cette mode vintage, il faut avouer que le soufflé est un peu retombé car, il fallait s’y attendre, une tendance chasse l’autre. Les constructeurs ont quasiment lâché la « Custom Culture » pour le trail-bike. Fini, la nostalgie des années 60 et 70, aujourd’hui, le motard doit s’attaquer aux grands espaces comme dans les années 80 et 90. Mais avec un GPS et un airbag ! Et puis, en 10 ans, les temps ont bien changé et rouler à moto, qui plus est sur des anciennes qui polluent et qui font du bruit, est mal vu.
Surtout dans les grandes villes où les hipsters tatoués aimaient se pavaner sur leurs montures à selle plate et sans garde-boue avant. Pourtant, l’intérêt pour les belles motos classiques et néo-classiques perdure. La meilleure preuve, c’est qu’à quelques semaines près, on aurait pu reproduire la couverture du n° 1 avec la BSA Gold Star mais dans sa nouvelle version 650 fabriquée en Inde par Mahindra. Autre gros changement, aujourd’hui, on se tourne volontiers vers les motos des années 90, voire du début des années 2000. D’abord parce que les motos plus anciennes sont devenues très chères et surtout, les youngtimers sont celles qui faisaient rêver ceux qui avaient 20 ans à cette époque. La roue continue de tourner. ✦
IL Y A UNE DIZAINE D’ANNÉES, LA MOTO VINTAGE DEVIENT TENDANCE