Good bye DD Mototeam !
J’aurais pu intituler cet article
« Un amateur d’anglaises chez Honda » mais j’ai préféré adresser ce salut à mes amis dans ma langue natale.
Les plus grands artistes ou sportifs arrêtent un jour sauf peut-être
Leonard Cohen ou Charles Aznavour.
J’ai beaucoup de respect pour les préparateurs d’endurance et j’ai pensé que ma collaboration avec le DD Mototeam pourrait intéresser vos lecteurs.
Tout a commencé avec le Bol d’Or Classic en 2003. André Talichet (fondateur de DD Mototeam, spécialiste des pièces Honda) s’est tout de suite intéressé à l’endurance classique avec une
Honda 836 cm3 Egli. Le « DD Mototeam » a participé à tous les Bol d’Or classic jusqu’en 2014 à Magny-Cours mais pas à ceux du Paul-Ricard depuis 2015. À cette époque, le team avait changé sa Honda « simple arbre » pour une Honda CB 1100 R à cadre Nico Bakker. À ce moment, DD Mototeam s’est tourné vers le championnat d’Europe d’endurance, ce qui a assuré une bonne publicité à l’entreprise d’André Talichet, située au nord de Lyon.
J’ai connu DD grâce à un vieil ami,
Joël Guilet, qui est surnommé Tic-Tac.
Joël a une longue histoire avec la moto (pilote, mécanicien, concepteur, matériaux composites, etc.). Il a été champion de France en 125 et a participé à cinq Bol d’Or. Dans les années 80, il a préparé et conçu les BMW Écureuil pour le Paris-Dakar.
En 2013, il m’a proposé de l’accompagner au sein du DD Mototeam pour les 4 Heures d’Imola. Les choses avaient mal commencé avec une chute aux essais et un pilote blessé (sans gravité). La même chose s’est produite avec un team italien de pointe dans la même catégorie. Ils ont pu réparer mais il leur fallait un pilote qualifié aux essais. Joël s’est donc retrouvé sur une Kawasaki 1000 et il a participé à la victoire de ce team avec des chronos proches de son coéquipier. Parlons un peu technique. Le moteur d’une Honda 1100 Bol d’or de 1982 développait environ 105 chevaux.
De nos jours, certains en tirent 150 mais pour un coût exorbitant et avec une fiabilité aléatoire. DD a choisi la tranquillité et il se contentait d’une dizaine de chevaux en plus pour terminer ainsi les courses. Cette stratégie a bien fonctionné en 2021 avec une troisième place au général. Le point faible de ce moteur, c’est la chaîne de distribution. DD et son mécano Bernard ont donc modifié le système de tension en tenant compte de la dilatation. Il a aussi trouvé des chaînes de meilleure qualité et il n’y a plus jamais eu de casse. Il y a deux ans, DD a pris sa retraite, il a vendu son affaire et a arrêté la course. Je crois que s’il y avait eu un prix de camaraderie, le DD Mototeam l’aurait gagné. À Imola, en 2013, il a dépanné plusieurs « teams » vu que la moto était détruite avec un pilote blessé.
Le DD Mototeam, c’était aussi intéressant sur piste qu’en dehors. Il y avait souvent des invités de marque (grands patrons, champions, banquiers ou mécaniciens) pour un apéro ou une raclette. Une fois, la femme d’un pilote a déjeuné avec nous. Elle nous a parlé de religion pendant environ 30 minutes, et nous écoutions tous avec attention.
Je garde le meilleur pour la fin. Une fois, nous sommes arrivés tard sur le circuit d’Aragon en Espagne. J’ai expliqué en espagnol que nous étions là pour le championnat avec le « DD Mototeam ». La gardienne a appelé les responsables qui ont demandé le numéro de la moto. Quand j’ai répondu « sesenta y nueve » (69), ils ont rigolé et ne nous ont pas pris au sérieux. Les Espagnols sont au moins aussi moqueurs que nous.
Charles Ingold
DD Mototeam et Moto Revue Classic, c’est une longue histoire d’amour et nous avons souvent évoqué les «aventures» d’André Talichet et de sa bande dans nos pages. Sans oublier ses très belles réalisations. (Ça continue sur www.ddmototeam.com)