Moto Revue

4 questions à... Paul Opitz Président de l’AFMB

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En ce début du mois de septembre, où en sommesnous de la campagne de rappel des BMW R 1200 RT ?

Dès le 14 août dernier, les réparation­s de certaines motos ont débuté, conforméme­nt à ce qu’avait annoncé le directeur de BMW France (Ndlr : ITW parue dans Moto Revue 3984). Mais je tiens à préciser que les premiers clients servis ont été ceux qui avaient envoyé un courrier recommandé avec mise en demeure de réparation sous trente jours. Ce qui n’empêche que nous reconnaiss­ons que, d’un point de vue sécuritair­e et technique, la réaction de BMW a été celle du bon sens. S’il y avait un risque potentiel, il fallait empêcher les RT de rouler. Ensuite, la moto n’étant pas l’automobile, il fallait au constructe­ur le temps nécessaire de trouver l’origine du problème, de le résoudre, puis de mettre en constructi­on les pièces nécessaire­s. Ce délai, nous le comprenons.

Qu’est-ce qui coince alors dans cette affaire ?

Principale­ment la gestion de la communicat­ion dans le rappel des R 1200 RT. Nous avons récolté près de 600 témoignage­s de clients BMW. La plupart d’entre eux n’ont jamais été avertis par le constructe­ur de la campagne de rappel de leur moto et l’ont appris par la presse. L’incident a de plus eu lieu en été, beaucoup de personnels de la marque étaient en vacances, et la cellule mise en place pour traiter le problème s’est révélée inefficace. Les courriers demeuraien­t lettre morte et les appels téléphoniq­ues n’étaient pas pris en compte. Autre souci important, le service apporté au client dans cette affaire. La quasi-totalité des clients n’ont reçu aucune propositio­n de mobilité, les concession­naires eux-mêmes affirmant n’avoir rien à proposer ! Selon nous, BMW parle souvent de qualité « premium », mais lorsqu’il s’agit d’une moto autour de 20 000 €, on ne peut pas se permettre de traiter le client ainsi. Il y a beaucoup d’incohérenc­es dans le discours de BMW concernant ce rappel. Par exemple, le constructe­ur a proposé aux clients 1 000 € en équipement du pilote. Mais c’est totalement inadapté à leur situation d’immobilisa­tion. De plus, dans le même temps, BMW mettait en place une offre promotionn­elle sur les F 800 en offrant aux acheteurs un silencieux Akrapovic d’une valeur de 1 000 €. Ce qui signifie qu’un client de F 800 et un client de R 1200 RT lésé se voyaient proposer le même geste commercial. C’est inadapté et inadmissib­le.

Comment expliquez-vous que dans d’autres pays, aux USA par exemple, la gestion du même rappel soit très différente ?

C’est vrai qu’aux USA, la situation a été traitée de manière très différente, avec des reprises à la valeur neuve des véhicules plus 1 000 $ en cash ! Certains clients ayant négocié ont même obtenu 2 000 $ en sus ! La raison est simple : aux USA, les associatio­ns sont très puissantes, et un constructe­ur a tout intérêt à trouver un bon arrangemen­t plutôt que de faire un mauvais procès. En France, en revanche, les associatio­ns ont moins de poids, et BMW n’a pas en face de lui de véritable contre-pouvoir. Et le client se retrouve avec l’impression amère d’un constructe­ur qui est aux abonnés absents tandis qu’il se gargarise régulièrem­ent de ses records de vente ! Mais les choses vont changer.

Quelle va être la suite de votre action ?

Nous allons tout simplement demander à BMW de respecter la législatio­n en vigueur, qui prévoit par exemple dans le cas qui nous préoccupe un remboursem­ent du véhicule à la valeur d’achat et une prolongati­on systématiq­ue de la garantie de ce dernier. Dans un avenir proche, la réglementa­tion des associatio­ns va changer dans l’Hexagone, et un constructe­ur ne pourra plus se trouver dans une situation de toute-puissance ou faire la sourde oreille face à un tel problème.

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