KTM 1290 Super Duke R 2017/ 16 690 €
+ 270 km/ h • 177 ch – 14,3 mkg • 203 kg sans essence Disponibilité fin février 2017
280 ? 290 ? 300 km/h ? Difficile de dire à quelle vitesse je déboule fond de 6 sur la longue ligne droite du Mugello, simplement parce que si les Autrichiens m’ont bien permis de grimper l’espace de quelques tours sur leur nouveau missile 1290 Super Duke R, ils ont en revanche tenu à préserver une part de mystère autour de leur moto. Aussi, le tableau de bord aux allures de tablette numérique est éteint. Zéro info donc, ni quant à la vitesse, ni quant au régime moteur, ni quant aux différentes autres indications qui ne manqueront pas de s’afficher sur le modèle de série. Il est vrai que la machine qui me brasse les muscles et m’étire les os en ce moment est encore une version de pré-série. Les mécaniciens l’appellent même prototype... C’est un tantinet exagéré et l’appellation Super Duke Racing (qui pourrait d’ailleurs préfigurer une version uniquement réservée au circuit) paraît, elle, bien plus appropriée. Outre la ligne complète Akrapovic, les étriers radiaux Brembo associés aux disques de frein de type wave particulièrement épais, l’usage de jolies pièces carbone, les platines de repose-pieds déportées (et forcément réglables), le saute-vent emprunté à la Super Duke GT, les tés de fourche issus du catalogue racing (comme les suspensions, fourche et amortisseur), etc., c’est aussi en interne que de nombreuses modifications ont été apportées. Si les Autrichiens se sont montrés particulièrement discrets sur ces changements, ils nous ont quand même lâché que la puissance était portée à 190 ch (contre 177 ch pour le modèle de série qui sera commercialisé avant la fin de cette année 2016). Et pour avoir fait au préalable quelques tours avec le modèle 2016 sur ce même circuit, on peut confirmer le changement, et l’intérêt du saute-vent ! Sans lui, pas certain que mes cervicales aient résisté... Le modèle qui m’est confié pour ce galop d’essai est celui de Chris Fillmore, pilote américain de Superbike qui gagnera d’ailleurs l’épreuve le lendemain en terminant second de la première finale derrière Jeremy McWilliams, puis vainqueur du second débat. Comparée à la version de série que je viens de quitter, réglée très rigide, celle de l’Américain est étonnamment souple, très vive même sur les entrées de virages. Si les réglages hydrauliques y sont pour beaucoup, le bras de levier plus important conféré par le nouveau guidon plus large (de série sur la Super Duke R 2017) explique aussi ce caractère. Un peu déstabilisant que de sentir l’avant onduler au moment de plonger en virage, mais ce n’est pas un trait de comportement figé sur cette moto, juste une question de réglages. Réglages qui offrent en contrepartie une bien meilleure maniabilité à l’ensemble, et beaucoup moins d’efforts à faire pour rattraper une erreur ou corriger une trajectoire. À ce titre, le freinage de cette moto est excellent. Si je trouvais celui de la version de série un peu perfectible (avec les plaquettes d’origine) quelques instants avant pour une utilisation circuit, celui-ci est impressionnant tant par la puissance offerte que par le feeling accordé. Un doigt pour accompagner une entrée en virage, deux pour amorcer le freinage, tout se fait avec beaucoup de naturel et plus encore de confort d’esprit. Et autant dire que vu la santé du bicylindre, pouvoir compter sur un freinage efficace est un atout
précieux au moment de croiser le panneau 200 mètres, tout en bout de ligne droite… Là encore, pour ce galop d’essai, les sensations côté moteur (comparé à l’origine de la moto standard) montrent une explosivité plus importante au-delà du cap des mirégimes et une prise de tours plus rapide. Pour résumer, ça jappe fort et ça sonne clair ! Concernant les nouvelles assistances électroniques mises en place sur la nouvelle Super Duke R de série (voir encadré), impossible d’en parler ici, puisque tout était déconnecté sur la moto de Fillmore. Mais avec des Bridgestone slicks du genre « gommes à bitume », tout semblait pourtant sous contrôle, sans aucune réaction malsaine.