Triumph Ti h se met en mode off-road
Lors des Tiger Days, une nouvelle facette du gros trail anglais s’est révélée à leur propriétaire. Facette qui leur a ouvert un nouvel horizon et d’immenses possibilités pour perfectionner une pratique qu’ils ont découverte. C’est le retour à l’esprit du
Évidemment, tout ça renvoie à l’essence du trail. Sa définition authentique n’est finalement pas si galvaudée par les trails contemporains, du genre épais, multicylindres et confortables. Ainsi la Triumph Tiger. En version Explorer 1200, personne n’aurait eu l’idée de la classer parmi les trails à la fin des années 70, lors de l’essor de cette catégorie. Aujourd’hui, elle y figure naturellement, mais notre conception du trail a beaucoup évolué. Malgré tout, c’est une drôle de surprise tout de même de voir apparaître une Tiger 1200 Explorer au haut d’une butte de quatre mètres, prête à dévaler la descente d’environ 30 %. Et c’est une surprise plus intense encore de s’apercevoir que la moto encaisse, malgré les hésitations de son pilote, débutant dans ce style d’exercice. Donc la Tiger est un trail ? Elle en est une émanation. Les 250 ou 350 légères, faciles, capables de tout dans un petit bois, ont défriché la voie du trail. Puis les 500, avec la Yamaha XT en 1976. Puis quelques 600 monocylindres et la BMW R 80 GS en 1980, etc. L’évolution de l’espèce en la matière s’est jaugée au kilogramme. La Tiger 1200 Explorer XCx, avec ses jantes à rayons, pèse aujourd’hui 253 kg à sec ! On comprend mieux les 139 ch du moteur… Et pourtant, elle dévale. Grâce à ses suspensions à grands débattements, son équilibre naturel, sa position de conduite, ses suspensions et son freinage de qualité… Le poids reste malheureusement un handicap.
Retour aux sources pour la Tiger
Je me précipite vers le pilote observé quelques minutes auparavant et l’interroge sur les capacités de sa Tiger Explorer 1200… et les siennes. « Oui, le plus étonnant, c’est de s’apercevoir que la moto le fait, enfin qu’elle peut le faire, commente Olivier. Le problème vient plutôt de moi, il me faut du temps pour y croire. Je l’utilise tous les jours pour aller au boulot, elle n’avait jamais vu une motte de terre. Là, elle me surprend sur un terrain où je n’aurais pas envisagé l’emmener. » Si le trail n’est plus tout à fait trail aujourd’hui, est-ce la faute des motos ou de leur pilote ? Éric Pecoraro, responsable presse et marketing de Triumph France, à l’initiative de cette journée Tiger Days, tempère : « La Tiger existe depuis des années. La toute première en version trail date de 1980, la TR-7 T 750 mais surtout, la Tiger a fait partie des premières motos du retour de Triumph avec John Bloor, en 1992 en France. Ça fait 25 ans qu’on vend des Tiger, mais c’est vrai que nous ne nous sommes jamais assez attardés sur ses capacités hors bitume. Cette journée est l’occasion pour tous de découvrir qu’elles sont réelles. » D’autres, moins téméraires ou plus réalistes, sont venus avec des Tiger 800, au gabarit plus raisonnable : la XCx 800 pèse 196 kg à sec, presque 60 de moins que la plus grosse. Cet écart compte pas mal dans cet univers très accidenté. Triumph a choisi l’espace d’Univers Tout Terrain, au sein du pôle mécanique de la Ferté-Gaucher (77), pour initier ses clients aux mystères de l’off-road. Jérémy encadre la troupe Triumph avec ses quatre collaborateurs. « Nous travaillons en symbiose avec la piste de vitesse de la Ferté-Gaucher, nous proposons ainsi plusieurs aspects du sport mécanique. Nous faisons ici du SSV, du quad, de l’enduro, des sorties trails, pour lesquelles nous constatons une demande grandissante. Nous organisons d’ailleurs des virées au Portugal ou en Corse, mais aussi dans la région, à moins de 100 km de Paris. L’aspect familial,
décontracté mais en même temps sérieux dans la pédagogie nous caractérise. Nous sommes peu investis dans la compétition. Les terrains ici conviennent pourtant à tout genre de pratique, du terrain de cross rapide au parcours hyper-accidenté. Plusieurs ateliers permettent de se former à différents terrains. Pour les Tiger Days, nous avons commencé avec des évolutions lentes sur le terrain qui offre le plus de dénivelé, pour apprendre à maîtriser sa machine, découvrir ses capacités. On a de la chance, il fait super beau aujourd’hui, on aurait peut-être procédé autrement sous la pluie. » Le programme de l’après-midi prévoit de sortir de ces sentiers rebattus pour partir en balade dans la forêt briarde, après un barbecue sur le site d’Univers Tout Terrain. En attendant, la cinquantaine de Tiger présentes à cette journée dédiée continue de dévaler, grimper, hésiter, parfois chuter à basse vitesse… L’exercice paraît simple pour quelqu’un d’aguerri mais devient vite effrayant pour un novice. « Et surtout, il s’agit de nos motos, poursuit Olivier. On n’a pas forcément envie de les faire tomber. Alors, il ne fallait pas venir me direz-vous, mais c’était trop tentant. Et intéressant. Mais bien sûr, on hésite à se lâcher. » Olivier habite le sud de la région parisienne, il est habitué à rouler en gros trail et possède sa Tiger 1200 depuis trois ans. Il reconnaît être demandeur de balades organisées pour ce genre de moto.
Ouvrir des portes
Pour découvrir d’autres sensations, casser le quotidien qu’il partage avec sa Triumph, se remettre en question aussi. « Il existe une vraie envie d’aventure chez nos clients, remarque Éric Pecoraro. Bien sûr, rien d’extrême, des aventures plus ou moins organisées, avec un minimum de confort. On parlerait plutôt
d’évasion. Et nous devons répondre à ces attentes, créer un univers Tiger. » Serge, lui, est venu à la Tiger 800 récemment, après avoir vendu sa Honda Varadero. De petite taille, il a fait rabaisser sa moto. Il hésitait avec un roadster Ducati… Il ne regrette pas son choix. « Le moteur trois-cylindres a la pêche, il n’a rien à envier à d’autres genres de motos. Et la 800 reste raisonnable en termes de poids. Aujourd’hui, je la découvre pour la première fois sans les assistances électroniques, ABS, antipatinage, etc. C’est une autre moto ! Ses réactions ne sont pas les mêmes que sur route. » Pascal, à ses côtés, a ressenti la même chose. Cette sortie hors bitume élargit le champ de leur Tiger, qu’ils redécouvrent. L’après-midi, les chemins forestiers, les voies carrossables et les passages à gué ont encore ouvert d’autres horizons. Ils ont aussi permis de mettre en application la technique enseignée le matin par Jérémy et son équipe. Elle a pris sens au coeur de la nature briarde. Et ce fut là une vraie aventure pour ces « bitumeux ». « Quand tu vois ce que les mecs d’Univers Tout Terrain font avec les Tiger, alors que toi tu galères pour faire un demi-tour sur un parking, tu comprends que la moto est capable de beaucoup plus que ce que tu peux lui infliger. » Pascal se remet en question, et c’est peut-être ce qu’il est venu chercher avant tout. Une marge de progression immense s’est ouverte à lui. À la différence de Pierre, qui s’illustrait ce jour par sa Tiger 800 XC équipée rallye. « Je voulais m’acheter une BMW F 800 ST au début, rien à voir. Puis j’ai eu l’opportunité d’avoir cette Tiger. J’ai rencontré peu de temps après un client baroudeur dans une concession, il m’a parlé de sorties TT et de raids au Maroc. Il m’a fait rêver. J’ai sauté le pas. La culture du bivouac, de la rencontre, de la découverte… On a roulé 2 500 km au Maroc, quasi uniquement sur des pistes, c’était extraordinaire. Et la Tiger m’a épaté. Je roule toujours en pneus à crampons maintenant, le tout-terrain est devenu une obsession. » Il est tout de même venu aux Tiger Days pour apprendre encore, se perfectionner, rencontrer… Il s’est agi, ce jour-là, de renouer avec la moto, mais aussi avec le monde de la moto.