LA SELLERIE à LA FRANÇAISE
Assurant la bonne marche de la marque Bagster, une poignée d’irréductibles perpétuent une tradition remontant à plus de 30 ans, axée sur la personnalisation des selles et la protection des réservoirs. Ils nous ont ouvert les portes de leur usine, située à
Spécialiste du protège-réservoir, du tablier, de la bagagerie, mais surtout de la selle personnalisée, la société Bagster, tombée dans le giron du groupe Trophy (voir encadré historique), a gardé son autonomie et un savoir-faire artisanal enrichi par plus de 30 ans passés dans le travail du cuir – qu’il soit synthétique ou naturel. Sur les terres de La Ferté-Macé, en plein bocage normand, à proximité directe de sa matière première – le cuir de vache –, l’usine ne paye pas de mine, à mi-chemin entre le style Algeco et l’atelier des années 60. Malgré ce côté artisanal revendiqué et assumé, le process est calibré, optimisé pour sortir plus de 20 000 pièces par an, dont un tiers sur-mesure dans la selle réalisé par une quarantaine d’ouvriers.
Tout commence dans l’un des 4 500 points de vente hexagonaux
En fonction des demandes et des commandes, il faut compter entre deux à trois semaines de délai, de l’envoi par le client de sa selle d’origine à son retour une fois modifiée. Mais ces délais peuvent être raccourcis, notamment en optant pour un fond de selle de la marque (ce qui permet de conserver le modèle d’origine). Côté client, tout commence dans l’un des 4 500 points de vente hexagonaux, avec un bon de commande dûment établi en fonction de ses envies et ses besoins. Après quoi, la selle transite jusqu’à La Ferté-Macé pour sa transformation finale. Une fois les premières modifications réalisées par l’un des quatre ouvriers mousseurs pour aplanir, réduire l’entrejambe, ou insérer du gel, il est temps de parer la nouvelle peau – synthétique ou naturelle (voir encadré p. 69) – de broderies, inscriptions et autres liserés. Ce travail est effectué par des couturières (ou dans certains cas, pour les selles synthétiques, par une machine automatisée). Après avoir été agrafée, la selle est enfin livrée chez le concessionnaire et rendue à son propriétaire. Mais la marque a d’autres cordes à son arc : elle est également spécialiste des protège-réservoirs. C’est du sur-mesure là aussi, mais qui se transforme en grande série. En effet, chaque année, le service Développement, basé lui aussi
à La Ferté-Macé, établit les patrons de chaque nouvelle moto – ou presque. À l’aide un film de polyéthylène souple, les mesures des réservoirs sont prises sur les motos lors des salons ou directement chez les concessionnaires. Après quelques ajustements, des patrons en carton établissent le gabarit final qui servira de guide pour la machine à découpe. Chaque pièce est ensuite cousue à la main à l’usine. Toujours du fait main, mais pour les courbes de votre monture cette fois. Et comme il arrive que, sur ce protège-réservoir, vous veniez y fixer de la bagagerie, Bagster propose un large choix de modèles qui, à eux seuls, représentent 50 % des ventes du groupe. Une véritable success story mais qui, pour sa partie franco-française, s’arrête néanmoins ici. En effet, si tout le développement des produits Bagster s’opère en France (de l’analyse du marché, en passant par le design, le choix des couleurs, des matières, les dessins, les patrons, l’élaboration des dossiers techniques, jusqu’aux prototypes), la production des quatre gammes de bagagerie est, elle, délocalisée en Asie pour maintenir des prix ultra-compétitifs.