Mir sans pitié
Jamais encore, depuis la création de la catégorie Moto3, un pilote n’avait réussi à remporter huit Grands Prix durant la même saison. C’est désormais chose faite avec Joan Mir. Le leader du championnat a établi un nouveau record en humiliant une fois de plus ses adversaires sur le circuit d’Alcañiz. Réduite à treize tours à cause d’une nappe de brouillard qui avait contraint les organisateurs à décaler les horaires du warm up, la course Moto3 a été le théâtre d’un sprint effréné. Les dix-huit premiers pilotes sous le drapeau à damier n’étaient d’ailleurs séparés à l’arrivée que de sept dixièmes de seconde. Incisifs dès les premiers tours, Jorge Martin et Fabio Di Giannantonio ont longtemps cru pouvoir enfin décrocher leur première victoire en Grands Prix. Malheureusement pour eux, Mir s’est montré sans pitié. Le pilote Leopard, qui avait brièvement pointé le museau de sa Honda à la première place peu après la mi-course, a planté sa dernière banderille à trois tours de l’arrivée sur un freinage d’école. Pas plus Martin que Di Giannantonio ou encore Bastianini n’ont pu reprendre l’avantage. Mir a parfaitement défendu sa position en fermant les portes là où il le fallait, allant même jusqu’à zigzaguer en ligne droite pour barrer la route à ses adversaires. Ce que Di Giannantonio et Bastianini, deuxième et troisième sur la ligne d’arrivée, n’ont que moyennement apprécié. « C’était dangereux » , estimait Enea. « Je ne crois pas que ce type de manoeuvrefiguredans le règlement » , ajoutait Fabio. Face aux critiques, Mir a préféré rester zen : « Je voulais éviter qu’ils ne prennent mon aspiration,je n’ai rien fait de mal.Fabio avait lui aussi zigzagué pour ne pas qu’on le double.» Heureux de s’imposer devant les siens, le pilote Honda a tout de même écopé d’une pénalité qui le condamnera à reculer de six places sur la grille de départ du prochain Grand Prix. Pas de quoi l’inquiéter, Mir profitant également à Aragon de la contre-performance de Fenati, seulement dixième sous le drapeau à damier, pour porter à quatrevingt points son avance au classement général sur son rival italien. S’il lâche moins de cinq points à Fenati lors de la prochaine course à Motegi, Mir sera sacré champion du monde en terre japonaise.