FSBK
Jérémy Guarnoni domine l’ouverture du championnat de France Superbike au Mans
En dominant par deux fois le champion en titre Kenny Foray (n° 1), Jérémy Guarnoni (n° 111) a frappé un grand coup lors de l’ouverture du FSBK sur le circuit Bugatti. Le pilote Kawasaki a donné le ton d’une saison qui pourrait se résumer à un duel entre les deux hommes, à moins qu’un autre nom n’émerge d’un plateau riche de plus de 40 pilotes.
Avec le départ de David Checa, Mathieu Gines ou Étienne Masson, le championnat de France Superbike a perdu une partie de ses stars cet hiver. Mais d’autres sont venues renforcer les rangs de la vitesse française avec l’arrivée de Jérémy Guarnoni, Matthieu Lussiana ou encore Erwan Nigon. Des rangs loin d’être clairsemés, puisqu’avec 41 pilotes au départ des deux premières courses de la saison, le championnat fait le plein. « Il y a plus de pilotes engagés en Superbike qu’à mon époque car les 1000 cm3 sont plus accessibles aujourd’hui avec toutes les aides électroniques, analyse Erwan Nigon, heureux de retrouver le FSBK sept ans après sa dernière saison passée en France. Cela m’a fait du bien de voir ce qui se fait ailleurs, mon passage en Allemagne a été bénéfique pour mon niveau. Mais je suis content d’être de retour. C’est comme avec sa femme (sic). Ça fait plaisir quand on part mais ça fait plaisir quand on revient ! » Et pour l’occasion, le champion 2010 fait partie de l’équipe portée par Michelin, qui engage une Honda avec laquelle Nigon a l’habitude de développer les pneus de MotoGP. « Ça fait quelques années que je suis pilote-essayeur Michelin et ils souhaitaient engager une moto pour prouver le niveau de performance de leurs pneumatiques du commerce. L’idée est de montrer que n’importe qui peut acheter exactement le même pneu que celui avec lequel je roule. » Et à 35 ans, Nigon revient avant tout pour le plaisir. « Je suis détendu, je n’ai rien à prouver. Il y a des saisons où tu ne prends pas de plaisir alors que là, je me sens bien dans cette structure à taille humaine, avec des gens passionnés. » Pour Jérémy Guarnoni, de dix ans son cadet, l’objectif est tout autre. « Je pars pour gagner le championnat, reconnaît le pilote Tech Solutions, qui sort de nombreuses années en Europe. Je n’ai aucune frustration à venir en championnat de France. Je n’avais plus de solution en championnat d’Europe Superstock 1000 vu qu’il n’y a plus qu’Aprilia et BMW qui s’y investissent, et je ne voulais pas aller dans une équipe sans garantie que cela fonctionne bien. Je sais que Kawasaki voulait me garder avec eux et Gilles (Stafler) m’a contacté cet hiver pour rouler sur la numéro 11 en endurance, tandis que Franck (Larrive) m’a proposé de participer au FSBK. Il n’est pas certain que je puisse faire toute la saison à cause du budget car c’est une petite équipe. Mais j’espère aller au bout car
j’ai besoin de rouler pour rester performant. » Une performance au rendez-vous dans la Sarthe, avec un doublé imparable qui a fait mal au moral de ses adversaires. « Je connais la moto par coeur, témoigne Guarnoni. On planche beaucoup sur l’électronique. C’est un très gros travail avec énormément de possibilités, si bien qu’on se remet tout le temps en question. Du coup, c’est parfois difficile de donner la bonne direction pour le pilote. Mais quand ça fonctionne, ça fonctionne très bien. » Ce n’est pas Kenny Foray qui dira le contraire, lui qui a subi la loi de son nouveau rival au Mans. « On a eu des conditions très froides, j’ai fait très peu d’essais sur le sec et je me suis retrouvé avec un énorme manque de feeling avec l’avant, reconnaît le champion de France. On a changé de gomme à l’avant et ça allait mieux l’après-midi mais il ne faut pas se voiler la face, je n’avais pas le rythme pour challenger Jérémy. Je ne prétends d’ailleurs pas avoir la vitesse de quelqu’un qui a fait le Mondial SBK. Je sais qu’il y a un écart et je n’ai pas honte de le dire. De toute façon, rouler face à quelqu’un de ce niveau est parfait. Il n’y a pas mieux que l’adversité, cela va tous nous tirer vers le haut. » On peut en tout cas compter sur le pilote BMW pour défendre férocement son bien. « L’an dernier, il y avait énormément d’attente de mon côté, se souvient Foray. Mon objectif était de devenir champion de France et quand tu ne l’as jamais été, la pression est forcément plus grande. L’objectif aujourd’hui est de tout faire pour regagner. C’est plus facile pour moi de défendre un titre que d’essayer de l’obtenir une première fois. Car tu peux ne jamais l’avoir. Alors qu’une fois que tu l’as déjà eu, c’est fait ! Je suis fier de venir défendre mon titre et je ferai tout ce que je peux pour le conserver. J’ai gagné en expérience et surtout en confiance. Si tu gagnes, c’est grâce à ta performance alors qu’en endurance, c’est grâce à la performance de toute l’équipe. L’attention et l’attente sont un peu plus sur moi et j’ai besoin de ça. » Le pensionnaire du team Tecmas pourra en tout cas compter sur les quelques évolutions de sa S 1000 RR lors de la prochaine manche à Nogaro. Un rendez-vous où Matthieu Lussiana voudra poursuivre sa montée en puissance après un premier week-end prometteur et un nouvel état d’esprit. « L’ambition, c’est d’être champion, assène le natif de Champigny-sur-Marne. Je connais ma BMW car je la pratique depuis quelques années et j’ai pris un préparateur physique. Je n’ai jamais été aussi bien préparé. Je fais également attention à la nutrition et je vois une grosse différence avec les années passées. »
Lussiana prudent, Berchet intrépide
L’ex-pilote de Mondial SBK doit tout de même s’adapter à un comportement différent de ses nouveaux Dunlop. « Je découvre les Dunlop et nous devons encore travailler, notamment en entrée de virage. Avec les Pirelli, tu peux attaquer immédiatement alors qu’il faut faire plus attention avec les Dunlop. En revanche, ils restent très constants jusqu’au bout alors que le Pirelli perd en performance en fin de course. Dans tous les cas, je suis plus prudent que par le passé car cette fois, je viens pour un championnat entier. » Un championnat qui passe par plusieurs régions que Lussiana n’a pas visitées depuis un moment. « Cela fait 15 ans que je n’ai pas roulé à Lédenon, 13 ans à Pau et Carole, 11 à Albi... Autant dire que si je connais les circuits, je ne les ai plus pratiqués depuis longtemps ! En plus, je n’apprécie pas particulièrement les petits tracés, je préfère les grandes pistes avec de grosses vitesses de passage. » Des pistes où il faudra se méfier d’un étonnant Morgan Berchet, qui est monté sur son premier podium au Mans avec sa Yamaha privée. « C’est top de monter sur le podium dès ma première course avec ma nouvelle moto, se réjouit l’ancien pilote du team SRC. Maintenant, il faut continuer à travailler et avancer sans brûler les étapes. Je veux faire des coups d’éclat et me montrer, car je suis jeune et mon but est de faire carrière en endurance. Mais il faut rester humble et pour l’instant, c’est difficile d’aller chercher un Jérémy Guarnoni ou un Kenny Foray. » Même constat chez Hugo Clere, qui signe toutefois la meilleure performance du Junior Team au guidon d’une Suzuki en plein progrès. « On vient de recevoir les boîtiers électroniques et il y a un gros potentiel, souligne le premier leader de la catégorie Challenger. On peut maintenant régler le frein moteur comme on veut ou rentrer nos paramètres de pneumatiques par exemple. Et puis nous avons la GSX-R 1000 R et elle est un peu mieux au niveau de la partie-cycle, avec une fourche et un amortisseur Öhlins
différents. L’objectif va être de gagner la catégorie Challenger mais surtout faire des podiums au scratch en Superbike. Si je veux avoir un jour une moto officielle, il faut que je montre de quoi je suis capable et j’espère qu’on va continuer comme ça. » Une envie partagée par son nouveau coéquipier, Louis Rossi, qui rejoint le FSBK cette année la tête
pleine d’espoirs. « Cela faisait un moment que je venais voir Damien en lui disant que je voudrais bien intégrer l’équipe, explique le vainqueur d’un Grand Prix Moto3 (sur
cette piste du Mans, en 2012). J’ai envie de bien faire. Le niveau est là, ça roule vite et je me positionne comme un challenger. J’ai besoin d’engranger encore des kilomètres avec cette moto et trouver des choses à droite, à gauche. Il faut notamment qu’on fasse progresser la Suzuki sur les phases de freinage, le moment où elle pivote et les accélérations. On va travailler pour se rapprocher de la tête de course. Une chose est sûre : je me lève le matin pour remonter sur un podium et j’en rêve la nuit ! »