Moto Revue

Marco Kart

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À la place de sa combinaiso­n Alpinestar­s orange, enfilez-lui une salopette bleue et rouge, sur son Shoei, scotchez-lui une casquette, et sur sa face juvénile, flanquez-lui une moustache... Y a rien là ? Ben si, justement, y a une sorte de Super Mario Kart, mais la version ibérique du jeu, bien plus flamboyant­e, un Super Marco MotoGP qui transforme n’importe quel asphalte (que ce soit celui des USA, comme celui refroidi par la pluie argentine) en une piste aux étoiles surchauffé­e… Si certains se plaignent (pilotes parfois, fans des autres camps toujours) des attaques souvent musclées du pilote Honda, je crois qu’on doit surtout se réjouir du spectacle offert, week-end après week-end, par un pilote capable de mettre autant d’engagement, de vista et d’intensité, dans son pilotage. De tous les pilotes MotoGP, Marc Marquez est le seul à évoluer dans une sphère dont on ne sait si les contours se dessinent dans le réel ou dans le virtuel. Dans le sport/spectacle, ou plutôt le spectacle/sport imaginé et façonné par Dorna – grand ordonnateu­r de la série MotoGP –, Marc Marquez incarne mieux que quiconque le mode arcade. Celui qui perd l’avant 10 fois et le retrouve 11, et quand il finit par le perdre pour de bon, se relève avant d’avoir fini de glisser, sprinte pour rejoindre son box et plonge dans (et non pas sur..) sa seconde moto quand le règlement l’y autorise. Marquez a fait de l’extrême limite un mode de gestion naturel de pilotage. Moins ? Il aurait l’impression de se mentir. Plus ? C’est tout lui. Alors, forcément, quand pris dans une folle remontée, il se frotte à ses concurrent­s et en bouscule quelques-uns – dont un immense flanqué du numéro 46 –, là, ça fait comme des étincelles... Un petit peu sur la piste, bien plus dans les box, mais rien comparé à une toile qui s’embrase. Pour l’avoir déjà vécu il y a deux ans, Marquez aurait dû savoir qu’on ne peut s’attaquer à une icône sans s’attendre à en payer le prix. Le prix et les intérêts ! Intérêts qui risquent d’ailleurs de s’étirer dans la durée. Dans cette logique, et pour s’éviter une guerre de communicat­ion – plus qu’une guerre psychologi­que puisque Rossi a eu le temps depuis ces années de mesurer que si elle fonctionna­it avec Gibernau ou Biaggi, la nouvelle génération (Stoner, Lorenzo, et Marquez) y était hermétique –, on se dit que Marquez aurait peut-être dû calmer le jeu, ou juste attendre le virage suivant. Sauf que dans l’univers de Super Marco, tout est jeu, tout est à enjeux, et tout est à prendre tout de suite, alors temporiser, c’est pas dans sa carte mère, et tant pis si l’idole Rossi était pile sur sa trajectoir­e au moment où il avait prévu de lui faire les freins. En même temps, s’il était moins dans l’instinct et plus dans le calcul, Marquez serait-il déjà, à 25 ans, à la tête de 6 titres de champion du monde dont 4 en MotoGP ? Si ce mec a du démon, personne ne contestera qu’il a surtout du génie.

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