80 km/h « ON NE VA PAS SE LAISSER ENDORMIR » Didier Renoux
30 000 participants (motards et automobilistes) dans toute la France, plus d’une centaine de cortèges dont quatre sur la capitale, le périphérique parisien en partie bloqué : les manifestations contre le 80 km/h organisées le week-end du 14 et 15 avril n’
Oui. Nous ne sommes pas étonnés. Des mobilisations, il y en a, à l’échelle locale, depuis des semaines dans toute la France. Là, elles ont convergé. Les gens sont toujours aussi révoltés par cette mesure et l’attitude du gouvernement. C’est normal que ça fasse du monde dans les rues et sur les routes. J’y vois en premier lieu une manoeuvre tactique de la part du président de la République. Annoncer ces deux engagements deux jours avant un week-end de manifestation, c’est une façon d’installer de la confusion dans les esprits dans l’espoir de limiter la mobilisation. Visiblement, c’est un peu loupé de ce côté. Sur le fond maintenant, ce que je perçois dans ces deux engagements, c’est une incompréhension flagrante du problème.
C’est-à-dire ?
Macron nous dit finalement qu’on va tester le 80 km/h pendant deux ans dans toute la France et qu’après, on verra bien s’il y a plus ou moins de morts et de blessés. Mais tout le monde, y compris la Sécurité routière, s’accorde sur le fait que deux ans, c’est trop peu pour mener une étude valable. Tout le monde dit que la précédente expérimentation menée durant deux ans ne vaut rien, mais là, on repart sur la même durée. C’est incompréhensible. Quant à cette idée de consacrer l’argent des PV aux soins des blessés, ce n’est pas incompréhensible, c’est indécent. C’est reconnaître que malgré l’abaissement des limites de vitesse et la verbalisation, on va toujours avoir beaucoup de blessés. Pourquoi cet argent des PV, on ne le consacre pas à la prévention des accidents, à un meilleur entretien des infrastructures routières ? En gros, on a l’impression que le projet de ce gouvernement ce n’est pas qu’il y ait moins d’accidents, mais que ces accidents soient éventuellement moins graves. On ne peut pas se satisfaire de ça. J’ai l’impression. Aucune des propositions de la FFMC en alternative aux 80 km/h n’a reçu la moindre réponse. À la question sécurité routière, on a l’impression que ce gouvernement ne sait répondre que vitesse. Quand je suis motard et que je me fais foutre en l’air par une bagnole qui n’a pas mis son clignotant, le souci, ce n’est pas la vitesse. Rouler à 80 km/h ne résoudra pas tout. D’ailleurs pour nous, ce n’est pas le fond du problème, on ne veut pas laisser la mobilisation s’enfermer dans cette problématique. Très bientôt : ces prochains jours. On ne veut rien lâcher et on ne va pas se laisser endormir.
Nous vous parlions, dans le précédent Moto Revue, des régulateurs de vitesse adaptatifs : ces dispositifs qui permettent aux voitures de réguler automatiquement leur vitesse en fonction de la densité du trafic ou des obstacles qu’elles rencontrent... le problème étant qu’ils repèrent très mal les motos. Eh bien, des motos vont en être justement équipées. Des Ducati plus précisément. La firme italienne vient en effet d’annoncer qu’à partir de 2020, une partie de sa gamme (probablement les Multistrada) sera équipée de radars avant et arrière capables de repérer les véhicules qui arrivent en face (ce qui, normalement, reste à la portée de tout motard normalement constitué) mais aussi et surtout, de signaler ceux se trouvant dans l’angle mort et éventuellement de ralentir la moto. Reste à espérer que ce système baptisé ARAS (Advanced Rider Assistance Systems, soit système avancé d’assistance au pilote) sera plus performant que celui qu’on trouve sur les voitures actuellement.