Résultats
Classement de la course
seulement quelques gestes brefs. Chacun des membres japonais de l’équipe occupe son poste avec rigueur, méticulosité. Le ravitailleur porte à l’avant-bras un chronomètre développé exprès pour indiquer le temps nécessaire à remplir le réservoir. Il ne relève pas les vannes de remplissage tant que le chrono n’atteint pas zéro, même si les vannes ne débitent plus. On respecte ici avec déférence une orthodoxie définie à l’avance, l’ordre guide le réel. Leur Honda CBR date de 2016, Mr Fuji n’a pas voulu faire rouler le nouveau modèle tant qu’il n’a pas validé tous ses aspects, notamment au niveau de l’électronique. Son approche rappelle celle de Dominique Méliand, le charismatique chef du SERT, qui découvre, lui aussi, la GSX-R 1000 2017, même s’il l’a déjà utilisée au Bol d’Or. Ici, sa moto rencontre d’inexplicables problèmes de frein, elle rentre au box de nombreuses fois, y reste pour changer l’ensemble du train avant, puis se perd dans les profondeurs du classement. La Kawa n° 11 remonte à la dix-huitième place, la nuit est tombée, épaisse, chaude. La GMT 94 possède trois tours d’avance sur la Honda FCC TSR et ce, jusqu’au petit matin. Christian part dormir deux ou trois heures dans sa voiture, il n’envisage pas de faits exceptionnels la nuit. « Le GMT est en train de devenir le team de référence, professe-t-il. Je ne les vois pas faire d’erreurs, mais en endurance, l’imprévisible règne... »
15 h : la Honda n° 5 passe la ligne d’arrivée en tête
Cette fois, l’oracle a eu tort. Un peu avant 9 heures, David Checa, pilote de la GMT, perd l’avant à l’entrée de l’Esse du Chemin aux Boeufs. Ultime ricochet d’une course qui en aura compté beaucoup, pour beaucoup d’équipages. Exceptée la Honda n° 5, qui récupère la tête de course. Une autre Honda la suit à trois tours, remontée à la deuxième place après un problème de boîtier électronique, menée par un trio expérimenté et très rapide (Sébastien Gimbert, Erwan Nigon et Grégory Leblanc). Honda n’a pas gagné aux 24 Heures du Mans depuis 2006, il s’agissait d’une moto privée, la Nationale Moto (qui a cassé le moteur cette année). La dernière Honda officielle a monté sur la plus haute marche du podium était la VTR 1000 SP-1, en 2000. 40 ans après la première édition des 24 Heures du Mans, remportée par le duo célèbre Christian Léon et Jean-Claude Chemarin, Honda semble pouvoir espérer le doublé. Ludovic Devos et Sébastien Pernel, responsables marketing et compétition chez Honda France, n’osent même pas y croire. À 11 heures du matin, Christian pense, lui, que ce dessin s’esquisse avec de plus en plus de netteté. À 13 heures, il décide même de rentrer à Paris pour éviter les bouchons. À 15 heures, la Honda n° 5 FCC TSR passe la ligne d’arrivée en tête, suivie deux tours plus tard par la Honda n° 111, elle-même talonnée par la valeureuse BMW n° 13 du team Penz. J’appelle Christian le dimanche soir, il combine maintenant toutes ses observations pour la prochaine manche du championnat du monde, en Slovaquie, le 12 mai. La véritable intelligence n’a rien d’artificiel.