Essai dynamique SCRAMBLER, ES-TU LÀ ?
La célèbre route des Crêtes, sur les hauteurs de La Ciotat, semble être le passage obligé d’une petiote s’annonçant si joueuse. C’est toutefois en ville qu’elle dévoile ses premiers atouts. Dans les rues surchargées de Marseille, la toute légère Husqvarna est un joujou extra. Absorbant les trop multiples raccords et nids-de-poule, la noire (« Svart ») Svartpilen 401 se joue de la circulation avec son grand guidon et sa situation dominante. Le réservoir est fin entre les jambes, les repose-pieds, plus reculés que sur un trail classique, ajoutent un soupçon de sport à la position. Leurs platines sont toutefois plus courtes que sur le café racer blanc (« Vit » comme « blanc », « pilen » signifiant « flèche »). On évolue l’esprit serein, libéré des contraintes de poids et d’encombrement imposées par les cylindrées supérieures en ces conditions. Mais dans ce contexte, il ne faut pas espérer trop de sensations. Pour plaire à la Sécurité routière, ou laisser le temps aux badauds ébahis d’admirer cet ORNI, sa mécanique ne le propulse jamais à des vitesses folles entre deux feux... à moins qu’on ne le sollicite « vraiment ». En deçà de 6 000 tr/min, le moteur temporise les ardeurs en progressant doucement et rechigne en vous secouant avant 3 000 tr/min. Ça, c’est pour le côté Dr. Jekyll.
Robert Louis Stevenson est né en Suède
Comme il a été dit, M. Hyde ne s’éveillera qu’à votre demande expresse. Jamais les débutants ne seront désarçonnés par une cavalerie indomptable. En jouant de la boîte – au demeurant parfaite –, le petit mono s’encanaille avec une absence totale de vibrations. C’est assez rare pour être signalé ! Une sonorité sympathique accompagne sa force relative jusqu’à 9 000 tr/min. Et si le shiftlight de notre machine d’essai s’éclairait à 6 500 tr/min, c’est pour nous indiquer qu’elle était encore en rodage. Huuum... Quel rodage ? Jeter la Svartpilen dans les virages en sortant le pied pour parer aux légères dérives des pneus à gros pavés, remettre les gaz très tôt sont des plaisirs retrouvés que le moteur exauce. Poussé dans ses retranchements, il met parfaitement en exergue l’aisance de la partie-cycle, à laquelle on ne peut reprocher qu’un accord de suspensions perfectible. Plutôt séduisantes en mode promenade, ces dernières avouent ici leurs limites. D’autant que le tracé suivant les plus hautes falaises maritimes d’Europe est exigeant. De la part de la fourche, on aimerait plus de précision et de retenue en entrée de courbe, lorsqu’on tient encore les freins. Rien de rédhibitoire, mais voilà les nerveux de la poignée
On l’imagine exclusive, pourtant, elle reste polyvalente. La Svartpilen est une amie du quotidien attachante et ludique, génératrice de sensations à allure « convenable ». Quand on vous dit que c’est l’avenir !
avertis ! Ceux-ci lorgneront de toute manière sur l’ouvertement sportive KTM Duke, plutôt que le duo de Husqvarna. Ce phénomène est encore plus sensible sur la Vitpilen qui accompagnait notre test, dû à l’appui sur le train avant imposé par les bracelets. D’autant que le freinage du simple disque avant est diabolique d’efficacité, limite brutal ! Sur sol gras, l’ABS ne sera pas un luxe… N’ayez crainte, celui-ci ne se déclenche jamais trop vite, même si une escapade terreuse vous traverse l’esprit. Bon sang ne saurait mentir. Sans être une reine du tout-terrain, l’HVA permet d’aborder sans angoisse les chemins de traverse roulants.