« Les villes sont les plus sensibles »
Quid de l’estimation du risque ?
On propose la possibilité d’assurer contre le vol/incendie. Ces deux protections sont indissociables. Du point de vue de l’assurance, c’est une obligation contractuelle de manifester une preuve de protection X ou Y du véhicule. Celui qui nous semble le plus fiable aujourd’hui reste l’antivol de type chaîne. Autant prendre du matériel SRA, qui classe les antivols. L’organisme « homologateur » est le CNPP*. Les assurés disposent d’une grande variété d’antivols mécaniques. Le U et la chaîne restent les plus fiables et les plus solides. Quand on achète une moto et que l’on va l’assurer, la question est de se protéger au mieux : faire perdre un maximum de temps au voleur.
Que pensez-vous de l’étude ICA** sur les modèles les plus volés ?
Cette étude ICA a le mérite de dire des choses, elle se repose sur un panel assez urbain. En ville ou en campagne, on n’a pas le même rapport au vol. Pour nous, l’antivol mécanique est un point essentiel. Les sportives et roadsters sportifs sont plus volés que les autres modèles, ce qui peut amener à demander des choses supplémentaires : gravage ou antivol électronique. Les systèmes d’anti-démarrage sont de plus en plus développés. Certains sont certifiés SRA, mais pas tous. Cela varie d’un constructeur à l’autre.
Et sur le sujet des franchises ?
Si mon véhicule est volé, une partie reste à ma charge. Chez nous, il y a 8 niveaux de franchise, allant de 90 à 440 €. D’une manière générale, les produits (d’assurance) sont standardisés. Ce qui fera la différence, c’est la durée, le type de segment et de détail. La qualité des franchises, et le fait qu’elles soient fixes ou proportionnelles.
Et le gravage ?
Dans le monde du deux-roues, le gravage de pièces est à l’usage de ceux qui sont sensibilisés. Il permet de lutter contre le trafic.
Quel phénomène concernant le vol est le plus préoccupant, et comment le contrer ?
Le vol par enlèvement. On est comme tous les assureurs. Le véhicule le plus problématique reste le Tmax 500, qui a pourtant eu un système de tracking – c’est-à-dire un moyen de retrouver le véhicule. À nos yeux, cela n’entre pas dans le cadre d’un moyen de protection contre le vol. Si nos assurés le font, tant mieux. Ce qui est très important, c’est
l’arrimage à un point d’ancrage fixe. Même si ce n’est pas contractuel. L’assuré est libre de faire ce qu’il veut, dès lors qu’il immobilise son véhicule. Mais « forcer » à arrimer à un point fixe, on pense que c’est impossible. On voit les problèmes de stationnement dans les grandes villes aujourd’hui... Les zones les plus sensibles en vol sont les zones urbaines. L’Ile-de-France en général, et les grandes villes de France.
Comment l’assureur se protège-t-il « contre » le vol ?
Le comportement évolue vers plus ou moins de sensibilisation et de sensibilité à la démarche. L’assureur s’engage de plus en plus dans des voies de remboursement valeur à neuf. Chez nous, on vous rembourse le prix d’achat moins la franchise. On attend du coup, de la part de l’assuré, qu’il se comporte en « bon père de famille » (c’est-à-dire respectueux des règles et recommandations, ndlr). Dans la pratique, ce n’est pas toujours simple. Le 2-roues est un plaisir, une passion, mais il devient de plus en plus utilitaire. Il y a aussi des contraintes : l’équipement, auquel s’ajoute la protection contre les voleurs. Si on ne fait rien, on a de fortes probabilités de voir son véhicule embarqué par une camionnette. D’autre part, le box fermé est le pire endroit pour laisser le voleur agir en toute tranquillité...
L’avenir de la protection ?
Les constructeurs ont des efforts à faire ! Si l’on reste sur l’antivol mécanique traditionnel, ils ne dédient pas suffisamment d’espace pour le transport d’un antivol. L’antivol électronique ? À voir. Quant aux informations par application mobile, quel est le sens donné à cette source ? Cela dit, il est intéressant de retrouver facilement et rapidement son véhicule, sans avoir recours à tel ou tel organisme plus ou moins développé avec un service plus ou moins efficace. La fonction mécanique reste prépondérante, surtout à l’heure de la réglementation sur la protection des données personnelles. On aime la concurrence. La présence de plusieurs acteurs sur un même type de produits en améliore la performance. Ce que l’on a suivi avec attention, c’était une très légère tendance des fabricants d’antivols mécaniques travaillant avec un constructeur pour développer un antivol spécifique (Top Block pour la Z 800/Z 900,ndlr). L’évolution a été faite. Ce sont des choses intéressantes, des exemples de travail commun pour développer quelque chose de plus élaboré.
*Centre National de Prévention et de Protection **Étude menée par l’Observatoire du vol du 2-roues auprès d’un panel de propriétaires de machines gravées