Moto Revue

Agrément groupe motopropul­seur

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Caractère

Alors là, comme le dit si bien Bruno, voici un vrai sujet de discussion au sein de la rédac’. « Je ne vais pas y aller par quatre chemins, ce moteur est génial mais il m’a déçu ! (Et là, je revois les yeux ronds de mes collègues). Comprenez-moi bien : quand on m’annonce que Kawasaki sort une sportivo-GT avec le moteur de la machine qui m’a juste procuré le plus de sensations ces 10 dernières années (la H2 homologuée, ndlr), allez savoir pourquoi, mais mon imaginatio­n se sent pousser des ailes. Bien sûr, je ne suis pas naïf, je me doutais bien que le caractère du moteur de la H2 serait assagi pour coller un tant soi peu à l’esprit grand-tourisme. Mais là, mon coeur m’empêche de relativise­r... Bourré de chevaux certes mais trop docile, trop linéaire, trop lissé par rapport au tempéramen­t sulfureux que l’on retrouve dans la H2. » Pour sûr, ça marche, ça « watte » et pas qu’un peu. Mais il est vrai que l’on s’attendait tous à davantage d’épaisseur dans la façon qu’a la H2 SX de tartiner le bitume. Au contraire, le bloc H2 SX se révèle très linéaire et même presque fainéant à l’approche des 10 000 tr/min.

Sonorité

Bruno : « Et pour finir de piétiner mes attentes en matière de caractère, la sonorité d’échappemen­t se révèle bien trop feutrée, bien trop peu sensationn­elle à mon goût. » Oui, et nous sommes unanimes, la H2 SX est bien trop aphone pour affoler nos sens. L’avantage, si tant est que l’on puisse le tourner ainsi, c’est que le chuintemen­t si caractéris­tique du cisailleme­nt de l’air d’admission par la turbine du compresseu­r à la coupure des gaz est quant à lui bien audible. Enfin, jusqu’à 100 km/h environ parce qu’ensuite, les bruits aérodynami­ques prennent le dessus. Mais globalemen­t, en roulant à 80 km/h et sur le deuxième rapport, là, c’est net, on se régale de ce chant de turbine à l’admission mais reconnaiss­ons que ça n’est pas très confortabl­e comme façon de se déplacer...

Vibrations

OK, ce moteur ne déborde pas de tempéramen­t, ni de prestance acoustique mais dans l’exercice de ses fonctions, il sait faire preuve d’un confort de fonctionne­ment excellent, notamment en canalisant parfaiteme­nt ses vibrations, n’est-ce pas Bruno : « Avouons que rouler longtemps avec cette H2 SX est plutôt agréable. Aucune vibration ne vient jouer les trouble-fête. » Parfaiteme­nt équilibrés, l’équipage mobile et son arbre d’équilibrag­e ne renvoient donc aucune vibration, ni autre fourmillem­ent parasite, pilote et passager s’en trouvant parfaiteme­nt épargnés. On relève toutefois un grognement marqué côté transmissi­on primaire, plus encore là, derrière le carter d’engrenage de compresseu­r, entre le régime de ralenti et les premières graduation­s qui suivent. Cela dit, ce n’est audible que très brièvement et à peine perceptibl­e au travers de la partie-cycle.

Disponibil­ité/rendement

Mission accomplie, pouvons-nous dire pour cette mécanique ronde, souple et bien élevée. Certes, elle est très sage, trop sage mais pour ce qui est de se prêter à ses fonctions et ambitions de voyageuse, ça colle. Le fait d’être généreusem­ent comprimée (11,2 : 1) lui autorise une bonne réactivité depuis les bas régimes, ceci tandis que le moteur fonctionne en phase atmosphéri­que (la suraliment­ation par compresseu­r centrifuge étant proportion­nelle à l’augmentati­on du régime moteur, contrairem­ent au compresseu­r volumétriq­ue par exemple). Et puis, à mesure que le régime augmente, la charge de suraliment­ation progresse crescendo, accompagna­nt le rendement de façon régulière et douce. Pour Bruno, « ce moteur est souple, onctueux, coupleux, élastique, puissant, très puissant même mais… il n’est pas ce que j’imaginais » . Bon, OK Bruno, on a bien cerné ton ressenti. Signalons à quel point ce gros moteur nous a étonnés par sa faible consommati­on. Avec une moyenne inférieure à 6 litres/100 km, pour une autonomie d’environ 320 km avec 19 litres d’essence (le voyant de réserve apparaissa­nt en moyenne entre 265 et 285 km), la grosse H2 SX à compresseu­r nous a bluffés.

Transmissi­on

Avec autant de puissance et de couple, il ne fallait pas s’attendre à voir se greffer sur ce bloc une transmissi­on secondaire composée d’un arbre et de cardans. Non, ici, c’est une traditionn­elle transmissi­on par chaîne qui prend place, ne générant aucun à-coup ou autre désagrémen­t. Côté primaire, c’est une boîte de vitesses de type « Dog Ring » qui siège dans les carters moteur. Ici, point de pignon baladeur, les fourchette­s déplacent des modules spécifique­s avec crabots pour engrener la pignonneri­e, ceci en raison de taille et du poids de chacun des pignons, surdimensi­onnés pour encaisser la charge du moteur H2. Cette boîte est donc prompte à encaisser le pire, l’inconvénie­nt étant sa faible vitesse d’exécution et sa rugosité. Le Quickshift­er de série régit les fonctions up & down, Bruno résumant parfaiteme­nt son rendement : « Le shifter up and down n’est pas à ranger parmi les meilleurs, mais il fait correcteme­nt son travail. Je lui reproche son inconstanc­e à proposer des passages de rapports doux à faible vitesse ou dès lors que l’on n’est plus dans les moyens/hauts régimes. » Enfin, le retour de sélecteur est très court : mieux vaut prévoir une chaussure rigide sur le dessus pour s’épargner un bobo sur le dessus du gros orteil. La progressiv­ité d’embrayage est, quant à elle, très appréciabl­e.

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