Moto Revue

Christian Heckel

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• Âge : 65 ans • Venu à la moto : à six ans, il renforçait le châssis de sa voiture à pédales dépourvue de frein, à neuf, il piquait le Peugeot BB de son père et à 16, il s’offrait une Gilera 125, fruit du travail d’un été. « Je suis parti en Italie la faire préparer dans un magasin qui sentait le bois ciré.En rentrant, j’attendais les 350 et 750 Honda au bas de la Gineste.» C’était en 1969. « Et j’ai quitté l’école pour me payer une 500 Mach III.» • Débuts en course : «Après m’être fait réformer de l’armée,j’ai travaillé en bureau d’études. J’ai tenté l’école de pilotageTo­ny Smith sur Aermacchi 350,dont je suis passé près de la victoire qui aurait pu changer ma vie.Alors je me suis inscrit Coupe Kawa,sans trop de moyens. C’était la guerre permanente.Un jour,en voyant des gars prendre des risques insensés pour passer, je me suis dit que ce n’était pas pour moi et j’ai décidé d’ouvrir un magasin.» • Faits d’armes : « Chez Zone Rouge,un noyau de passionnés de vitesse s’est vite constitué.On sortait d’abord sur la route.Un jour,un jeune a poussé la porte de l’atelier.Les bracelets de sa RD 350 étaient fixés au niveau du té inférieur. “Pour ne pas abîmer le réservoir lorsque je tombe”, a-t-il dit.C’était AndréArimo­ndo.Quelque temps plus tard,Zone Rouge l’aidait à remporter le premier Bol d’Argent sur une Honda CBX 1000 avec Charles-Bernard Adréani.Le team était né.Jean-Louis Battistini et Michel Graziano y sont passés.En 1985, Maurice Sussan,qui avait l’un des trois panneaux Suzuki à Marseille,m’appelle : “Ça te dirait d’engager une vraie moto d’usine sur une endurance ? Dominique Méliand a fait rentrer une moto supplément­aire pour un concession­naire, mais je n’ai pas l’expérience pour me lancer tout seul.” Ce qu’il ne savait pas,c’est que cette machine serait chargée d’user les Honda pour favoriser la victoire de la Suzuki officielle. Avec l’aide de Pogolotti,l’autre concession­naire phocéen,nous avons travaillé dur pour apprivoise­r la moto reçue dix jours avant les 24 Heures du Mans.Nos sponsors : Microlon d’Alex Bouroudian, le Loto Moto récemment lancé par Moto Revue et les casques Nava.Lors des premiers essais au Ricard,Alain Vial se casse la clavicule.Comme Philippe Guichon,qui n’avait jamais roulé sur autre chose qu’une Ducati,Guy Bertin a accepté de prendre le guidon aux côtés de Bernard Millet... sans être payé.On n’avait même pas une roue de rechange.La veille,les Japonais ont eu pitié de nous.On a dû fabriquer les frettes de disques dans la nuit.Après quelques heures de course, les motos du CMPN et de Brancard rentrent avec les couronnes arrachées.Je fais stopper notre machine pour changer les vis de couronne, apparemmen­t fragiles.Et ça marche.Nos pilotes roulent vite,les motos officielle­s connaissen­t des problèmes et on gagne.Les usines faisaient la gueule,même Suzuki que nous avons niq...et qui a refusé de nous laisser la moto jusqu’à la fin de l’année.Alors nous en avons monté une avec moteur très proche,puisque nous avions pompé lescotesde­notremotod­eprêt.Maistrèsvi­te,le carters’estouverte­ndeux.C’estlàquej’aicompris quesanscer­tainespièc­es,onnepourra­itpaslutte­r.» • Vie profession­nelle : motociste avec le magasin Zone Rouge, Christian Heckel s’est ensuite associé pour diriger Katana, quatrième concession Suzuki de France. Mais c’est dans la peau d’un restaurate­ur qu’il s’est épanoui quelques années plus tard. Restaurate­ur non pas de motos, mais de plats typiques du terroir provençal. « J’ai racheté l’Ancre, unrestaura­ntdanslaca­lanquedeNi­olon,surla CôteBleuee­ntreMarsei­lleetMarti­gues.C’estlà quej’aicommencé­àrecevoirm­esamis,devant les matches de l’OM.Puis on s’est dit qu’on était des gros cons,parce qu’on ne jouait pas au ballon. Notre point commun,c’était la course moto que nous avions tous pratiquée.Alors on s’est mis à regarder les GP.» Et voilà dix ans que ça dure dans les différents restaurant­s tenus par Christian Heckel. Les pilotes André Gouin, Bernard Millet ou Olivier Auger, l’organisate­ur de salons Alex Bouroudian et combien d’autres y ont leurs habitudes. Depuis que Christian a raccroché son tablier, il ne l’a pas vraiment fait, puisqu’il invite, à l’occasion de tous les GP, ses amis pour un repas à thème. « Kangourou en Australie,spaghettis bolognaise­s en Italie, choucroute enAllemagn­e,couscous au Qatar, sushis au Japon...On ne s’ennuie jamais ! » • Actuelleme­nt : retraité

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