Moto Revue

La carrière d’un prodige

-

Né le 20 décembre 1961 à Shreveport, en Louisiane, Freddie Spencer a donc commencé la moto très jeune, à l’âge de 3 ans, avant de prendre le départ de ses premières courses à 5 ans. Ces années de formation se sont faites « à l’américaine », c’est-à-dire majoritair­ement sur les ovales en terre battue de dirt-track, puis ensuite sur l’asphalte des circuits de vitesse. Passé profession­nel avec Kawasaki en tant que remplaçant d’un pilote blessé, Spencer, déjà, bat le record de précocité en devenant à 18 ans et 8 mois le plus jeune vainqueur d’une course de Superbike US, en 1979. Mais il décline la propositio­n de Kawasaki pour signer avec Honda qui monte une équipe officielle en 1980. S’il se fait connaître en Europe en participan­t au Match anglo-US en début de saison (sur une TZ 750 après avoir eu l’autorisati­on de Honda US), il patiente jusqu’en 1982 pour enfin débuter en Grands Prix. Vainqueur à Spa en juillet de cette année-là (à l’âge record pour la catégorie reine de 20 ans et 196 jours), il décroche le titre l’année suivante aux dépens de Kenny Roberts (à 21 ans et 258 jours). 1984 est une année de transition avec le V4 à mettre au point avant le doublé 250-500, unique dans la grande Histoire de la vitesse mondiale. Son pinacle atteint, Freddie Spencer souffre de la main droite puis n’arrive plus, malgré de nombreuses tentatives, à revenir au plus haut niveau. Il finit sa carrière par où il a commencé, en Superbike US où il gagne quelques courses avec Ducati au milieu des années 90.

semblait rationnel de faire, c’est-à-dire essayer de régler un problème physique pour poursuivre ma carrière. » Le livre commence d’ailleurs le jour du premier doublé 500-250 au Mugello, le 26 mai 1985. C’est un exploit que seuls Mike Hailwood (en 1967) et Jarno Saarinen (en 1973) ont accompli avant lui. Il sait désormais qu’il a une chance de devenir le premier pilote de l’Histoire des Grands Prix à pouvoir remporter les titres de ces deux catégories durant une seule et même saison. Freddie est assis seul dans son motor-home, face aux deux coupes brillant de tout leur éclat dans le soleil qui passe à travers les fenêtres, submergé par toutes les émotions et l’épuisement physique qui lui tombent dessus, lorsqu’un sentiment puissant se matérialis­e fugitiveme­nt. Alors qu’il est au pinacle de son sport, il se dit soudain : « Tout ça pour ça ? » Un an plus tard, en mai 1986, il abandonne en Espagne alors qu’il est en tête de la course des 500. Il ne le sait pas encore, mais la descente aux enfers est déjà amorcée. Il ne gagnera plus jamais un Grand Prix. Ne montera plus jamais sur un podium. La météorite s’est désintégré­e dans l’atmosphère terrestre.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France