Essai longue durée
Plus de 4 000 km en Kawasaki H2 SX
Chiffonner les codes, modeler la stigmatisation routière en boulettes de papier mâché, façonner nos fantasmes et libérer nos chakras : la H2 SX, c’est un peu tout ça réuni ! Cette Kawasaki sportivo-GT suralimentée et pleine de revendications nous absorbe dans son enthousiasme et nous embarque pour 4 500 kilomètres. Militons ensemble !
C’est en janvier de cette année 2018 que nous découvrions la H2 SX en dynamique. Un rendez-vous donné par la marque japonaise en terres portugaises, du côté de Lisbonne. Il me reste le souvenir d’une curiosité exacerbée de la part des journalistes-essayeurs présents pour l’occasion. Punaise ! Une routière suralimentée, il fallait l’oser celle-ci ! Déjà que l’image renvoyée par le concept doit impressionner sérieusement le néophyte, pour nous autres, la connaissance du rendement de la sportive H2 dont elle découle nous tenait alors clairement en alerte. En décortiquant le modèle avec ses ingénieurs/géniteurs d’Akashi, la H2 SX nous a alors révélé tout ce qui fait d’elle une véritable sportivo-GT. Il faut reconnaître que cette catégorie sait faire preuve de malléabilité en acceptant bon nombre de critères descriptifs, à commencer par la prétention d’offrir un niveau de protection acceptable, une position conciliante ainsi qu’une capacité à mener un bon rythme sur route, tout en offrant du confort ainsi qu’une autonomie proche des 300 kilomètres.
Objectif : assagir son comportement
Notre premier contact avait alors permis de valider ces différents points mais sur une journée seulement et sur l’équivalent d’un seul plein de carburant. Le confort de selle pilote s’étant d’ailleurs singularisé par une certaine retenue de jugement alors que nous n’avions pas été confrontés à l’utilisation duo. Intégrant la famille « routière » chez Kawasaki, la H2 SX vient renforcer une offre déjà composée de la Z 1000 SX mais également de la ZZR 1400, toujours vaillante ! De là à imaginer une remplaçante suralimentée de la GTR 1400 disparue avec l’arrivée d’Euro 4... Eh bien pourquoi pas, tiens ? Pour se faire SX, la H2 a reconsidéré une large majorité de ses composants mécaniques, avec comme objectif principal d’assagir son tempérament initial de sportive, tout en minimisant sa consommation de carburant (voir encadré moteur). Elle s’est également engagée vers des attributs directement liés à l’utilisation en duo (cadre spécifique aux tubes acier d’un diamètre de 28,6 mm contre 22 mm pour l’hypersportive H2 et treillis qui se prolonge jusque sous les fesses du passager), tout en définissant de véritables aptitudes en matière de confort et de protection. Enfin, la H2 SX s’est orientée
vers un niveau d’équipement élevé sans toutefois basculer dans la démesure, ceci pour contenir son tarif de vente. Exit donc les coûteuses suspensions pilotées électroniquement. Peut-être cela changera-t-il dans un futur proche ; en attendant, à bord de la H2 SX SE (pour « Special Edition », seule version importée en France), ce sont des éléments KYB multi-réglables certes, mais également parfaitement conventionnels que l’on retrouve.
Pied de nez à la réglementation
Au-delà de ses revendications routières, la machine inaugure le premier afficheur TFT couleur de chez Kawasaki. Dans sa fonction « Sport », celui-ci devient terriblement ludique avec, entre autres, l’affichage du boost de suralimentation, le pourcentage d’ouverture des gaz, le pourcentage de prise d’angle, ainsi que la variation d’assiette. On retrouve, à bord du gros pétard vert, un régulateur de vitesse limité à 200 km/h (on admirera le magnifique pied de nez à la nouvelle réglementation française), un Quickshifter up & down, une prise 12 V, des poignées chauffantes, des feux de virage, une béquille centrale, des durites de frein tressées et même une fonction Launch Control pour réaliser des départs explosifs à la moindre occasion (encore un joli pied de nez, ça) ! Dommage qu’aucun petit coffre de rangement ne vienne prendre place dans un retour de carénage, comme si la majorité des constructeurs n’en avaient cure… 200 ch et 14 mkg de couple sous le sifflet de la turbine du compresseur centrifuge et durant 4 500 kilomètres, franchement, il y a pire comme punition. Celle de perdre son permis ? Ah oui, sans doute…