Moto Revue

La moto comme sur des roulettes

En Suisse, Maxime Pugin, un mécanicien, finalise le développem­ent d’un dispositif permettant aux paraplégiq­ues et aux motards âgés de rouler sans se soucier de perdre l’équilibre à l’arrêt. Son intérêt ? Les roulettes ne se déploient qu’en cas de nécessit

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Des roulettes pour faire tenir une moto en équilibre. L’idée semble tenir du gag mais toi, tu viens de consacrer trois ans de ta vie à la concrétise­r et tu comptes la commercial­iser en 2019. Comment en es-tu arrivé là, Maxime, alors que tu sais, depuis longtemps, tenir sur deux roues sans l’aide de roulettes ?

C’est en regardant le film D’une seconde à l’autre sur Marc Ristori (pilote suisse gravement blessé lors du Supercross de Genève en 2007) que je me suis dit qu’il devait être possible d’inventer un truc pour aider les motards diminués à reprendre la moto. Le plus souvent, paradoxale­ment, ce n’est pas de rouler vite qui est compliqué quand on a un handicap au niveau des membres inférieurs, mais plutôt de rester en selle à basse vitesse ou à l’arrêt. Assez vite, j’ai pensé à cette idée de petites roulettes, comme on les connaît sur les vélos d’enfants. Mais évidemment, en cherchant à perfection­ner le système et surtout, à le rendre transparen­t à la conduite.

Peux-tu nous le décrire, ce système ?

C’est assez simple : mon dispositif est composé de deux petits bras en aluminium pourvus d’une roulette à leur extrémité. Ces bras sont commandés par des vérins électrique­s qui sont fixés sur le bras oscillant, de part et d’autre de la moto. Et ces vérins sont pilotés par une commande vocale, doublée d’une commande au guidon. Quand le pilote à besoin de déployer ses roues, au moment de s’arrêter ou lors d’une évolution à basse vitesse par exemple, il lui suffit de le commander. Soit à la voix, soit à la main. J’ai développé la commande vocale car malheureus­ement, certains motards handicapés ont des difficulté­s à se servir de leurs mains. La commande manuelle vient, quant à elle, doubler le système pour des raisons de sécurité.

Dit comme ça, tout a l’air assez simple. Mais le développem­ent t’a tout de même pris trois ans. Quelles ont été les difficulté­s rencontrée­s ?

Le plus dur, ça a été de simplifier le système et de le fiabiliser. Au début, j’avais un système avec un moteur pas à pas, une courroie de distributi­on... c’était trop compliqué. Puis je suis tombé sur des moteurs linéaires utilisés dans l’industrie lourde, très solides, qui résistent à 180 bars de pression, puissants, rapides, ce qui m’a permis de diviser le nombre de pièces par trois. L’autre grosse difficulté, ça a aussi été de faire en sorte que le système soit adaptable à toutes les motos. Du moins celles qui ont un bras oscillant classique. Il suffit de changer les bagues de fixation et que l’on ait une enduro légère ou une grosse GT de 350 kg, on peut profiter de ce système.

Ce dispositif, il est relativeme­nt simple. Mais il n’est pas trop encombrant ?

J’ai fait en sorte d’en réduire les dimensions au maximum : en largeur, l’encombreme­nt est d’environ 8 centimètre­s de part et d’autre du bras oscillant. Quant au poids de l’ensemble, il est environ de 2,5 kg : un peu plus de 1,2 kg de chaque côté de la moto. J’ai essayé de rechercher le meilleur compromis légèreté/ solidité, notamment au niveau des bras déployable­s, qui sont en Zicral, un alliage d’aluminium et de zinc, haut de gamme. En termes de poids, vu là où c’est placé, c’est transparen­t à la conduite.

Maintenant que ton dispositif est à tes yeux techniquem­ent au point, tu vois l’avenir comment ?

La prochaine échéance, c’est de passer les tests d’homologati­on, qui, en Suisse, sont assez drastiques. Si ça passe en Suisse, je sais que ça passera ailleurs (rires). Après, si tout se passe bien, j’aimerais entamer la phase de commercial­isation durant l’année 2019.

Tu comptes industrial­iser ça comment ? Parce que pour l’instant, tu es tout seul, non ?

J’ai effectivem­ent développé la quasi-totalité du projet tout seul. Mais pour la phase de prototypag­e, je me suis rapproché d’une entreprise spécialisé­e dans l’usinage, qui a pour particular­ité d’employer essentiell­ement des personnes handicapée­s. Et ils ont la capacité d’industrial­iser le produit.

Dernière chose : les motards intéressés par tes petites roulettes peuvent entrer en contact avec toi par quel moyen ?

Via mon site Internet : foreverfre­e.ch

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