Vocalement, le Scrambler tient plus de Vincent Delerm que de Joey Starr
jolies, on peut les excuser, d’autant que le « nouveau » Scrambler avance d’autres arguments, techniques cette fois-ci. Pour en prendre la mesure, je m’installe à son guidon. Toujours aussi large, celui-ci accueille toutefois pas mal de petites nouveautés. Des commodos plus massifs (pourquoi pas... personnellement, les anciens m’allaient très bien), mais aussi des leviers à réglage d’écartement micrométrique et une commande d’embrayage hydraulique. Pour les leviers, ce n’est pas complètement du luxe (de l’aveu d’un responsable Ducati, les anciens leviers dataient de l’époque des entrées de gamme à carburateurs, soit il y a au mois vingt ans. À Bologne, on a enfin dû venir à bout du stock). Pour la commande d’embrayage, je suis plus dubitatif : la précédente, par câble, me semblait suffisamment douce.
Le vrai plus ? Une vraie bonne position de conduite
Allez, partons rouler, pour apprécier tout cela à sa juste valeur. La mise en branle du deux soupapes refroidi par air, lointainement issu des années 70, ne surprend aucunement mes tympans. Sa sonorité est strictement la même que celle du précédent modèle. Elle a, en revanche, de quoi susciter une certaine incrédulité chez ceux pour qui une Ducati se doit de donner de la voix. Sur le plan vocal, le Scrambler 800 tient, en effet, plus de Vincent Delerm que de Joey Starr. Question de normes paraît-il, même si d’autres marques s’en sortent mieux sur ce chapitre. La bonne nouvelle, c’est que même si mes tympans restent sur leur faim (rassurons les médecins qui nous lisent : il s’agit d’une métaphore), mes fesses et mes jambes sont satisfaites. Explications. Sur l’ancien modèle, un truc m’exaspérait : la position de conduite, qui, du haut de mon mètre soixante-treize, me donnait l’impression de ressembler à un crapaud assis sur une boîte d’allumettes. Les fesses trop basses, les jambes qui remontaient trop et ne parvenaient pas à serrer correctement le réservoir. Sur ce millésime 2019, j’ai enfin la sensation d’être posé sur la moto et non plus encastré dedans. Bref, je me sens à l’aise. Par quel miracle ? Celui d’une selle simplement moins creusée qu’avant. C’est pour moi le vrai plus de cette nouvelle version. Bien plus que l’afficheur numérique qui intègre désormais une jauge à essence (mais reste confus), ou encore la compatibilité Bluetooth
® avec mon smartphone (soit je roule, soit je bricole mon téléphone, mais les deux en même temps, c’est pas mon truc). Non, une bonne position de conduite, ça, c’est bien, car ça permet de mieux profiter d’une moto qui, sous ses airs désinvoltes, en offre quand même pas mal question plaisir. Plaisir d’une balade à la cool, ou même plaisir d’un gentil tirage de bourre, pour peu qu’on cravache le twin (tout de même placide pour un 800), qu’on accepte que la moto se dandine un peu sur les changements d’angle rapides (même si sur cette nouvelle version l’hydraulique est mieux freinée), que la boîte soit lente, que la garde au sol soit un peu limitée (le pot touche assez vite quand on commence à mettre du rythme) ou encore que le freinage soit sans brio (mais tout de même suffisant). Bref, pour peu qu’on accepte le Scrambler 800 pour ce qu’il est : une petite néo-rétro dans l’air du temps, bien plus de son époque que de celle dont elle se réclame. Plus belle que rebelle. Avec tout ça, je me rends compte que je ne vous ai même pas parlé de son nouvel ABS Bosch « Cornering », qui module son déclenchement en fonction de la prise d’angle. La raison est simple : je n’ai pas ressenti de différence avec l’ancien système. En revanche, un dernier mot à propos des Pirelli MT 60 RS à sculpture pavée, pour en dire du bien : ils ont du grip et surtout, le bon goût de prévenir quand on s’approche de leur limite d’adhérence. Assez haute, la limite. n