Zero DSR Black Forest
24 875 € (avec le chargeur rapide) / 22 165 € (sans chargeur rapide) + 150 km/ h • 52 kW ( 70 ch) – 14,7 mkg • 230 kg (en ordre de fonctionnement)
La Zero Forêt Noire... À bien y regarder, son nom fait ici l’usage. Et comme dans le massif de la Forêt-Noire dans lequel il est absolument interdit de faire du tout-terrain, par nature, cette Zero sera bien plus à son aise sur la route que dans les champs. Le côté couteau suisse de la Honda CRF 450 L, la Zero ne le possède clairement pas. Du trail, la Black Forest en garde surtout l’évocation, l’idée d’aventure, de découverte, et la possibilité de le faire au guidon d’une moto dont le large cintre, justement, propose une position plutôt naturelle, lui permettant d’intégrer cette catégorie. Alors bien sûr, ses pneumatiques sculptés Pirelli MT60 comme ses débattements relativement conséquents pourront l’autoriser à quelques escapades en off-road, mais plutôt à la marge. La faute essentiellement à une position debout trop contraignante, les épaules et le buste basculés vers l’avant, position que l’on tient quelques instants sans jamais qu’elle ne devienne naturelle. Pas off-road donc, mais baroudeuse, issue du modèle DSR, la Black Forest s’équipe d’un large pare-brise ajustable, de trois valises Givi (dommage que les serrures toutes différentes imposent d’utiliser trois clés), de protections latérales en acier, d’un éclairage additionnel, et du Charge Tank (si vous retenez l’option, c’est-à-dire le chargeur rapide qui permet de faire « le plein » de Watts en 2 h 30) qui prend place au niveau du faux réservoir. Un « réservoir » contre lequel il est aisé de se caler (bien qu’on l’imaginât plus fin), et ça tombe bien, parce que justement, dans un premier temps, la Zero donne souvent l’impression
de tomber. Une explication à chercher du côté de la masse de poids portée sur l’avant, avec notamment un moteur pesant 90 kg. Ajoutons à cela les larges protections (pare-carters) en acier logées au même endroit, et vous comprendrez pourquoi l’avant plonge autant en entrée de courbe. Tant qu’il y a accélération, c’est OK.
Rouler en Zero est un engagement militant
Le pétillant (si, si !) moteur électrique tasse l’arrière, déleste gentiment l’avant, et accorde beaucoup de fluidité à l’ensemble. C’est d’ailleurs ça, la bonne méthode. Maintenir un peu de gaz, pardon, de Watts, et enchaîner les virages en une fois. C’est dans la correction, au moment de resserrer la trajectoire par exemple, que naissent l’hésitation et cette propension de l’avant à tomber. La Black Forest aime le rythme, et elle accepte volontiers d’en mettre, le tout dans un léger sifflement qui accompagne ses accélérations massives. Un vrai jeu que d’enchaîner les départs arrêtés, les relances, les dépassements, et beaucoup de facilité pour dépasser les 160 km/h... Un régal. Mais un régal fugace. Comme un goût de trop peu susurré par un baregraph de consommation qui baisse aussi vite que la Zero file. Avec une autonomie d’approximativement 150 kilomètres, on pourrait considérer que l’essentiel est assuré pour une utilisation quotidienne. Sauf qu’avec ce modèle, on parle voyage... Un voyage toujours possible, mais à condition d’accepter le temps nécessaire consacré à la récupération, soit 2 h 30 quand on se branche sur des chargeurs rapides (ce qui était le cas lors de notre essai), et au moins trois fois plus si l’on se branche sur le réseau d’électricité traditionnel. Le seul intérêt de ces arrêts forcés, outre peut-être de parler avec l’habitante, c’est de laisser son séant au repos après avoir été contraint par une selle inconfortable. Paradoxale, cette Black Forest ? Oui, comme la marque Zero en particulier et les motos électriques en général. Bien finie, performante, efficace, proposant un entretien plus que sommaire et en même temps une garantie à rallonge (5 ans), mais aussi quelques petits défauts (selle ferme, trois clés pour les valises, rayon de braquage important) et un majeur, à savoir une autonomie limitée qui ne laisse pas la place aux autres voyages que ceux du quotidien. Et même celui-là, il faudra pouvoir se l’offrir, à 22 165 € (24 875 € avec le Charge Tank), rouler en Zero est un engagement militant auquel n’ont adhéré, aujourd’hui encore, que quelques petites centaines de privilégiés, tous modèles confondus. n
L’autonomie de la Zero ne laisse pas la place aux autres voyages que ceux du quotidien