Moto Revue

King Kenny, leur père à tous

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Soyons précis, et rendons d’abord à Pat Hennen ce qui lui appartient : si Kenny Roberts a bel et bien été le premier pilote américain à devenir champion du monde 500 en 1978, le tout premier Américain à avoir fait résonner la Star-Spangled Banner (l’hymne national américain) sur la scène des Grands Prix est donc Pat Hennen, qui roulait pour Suzuki en 500. Le 1er août 1976, en l’absence notable du tout frais champion du monde 500, Barry Sheene, Hennen s’impose en Finlande devant Teuvo Länsivuori, le héros local. Il achève la saison à la 3e place du championna­t (Länsivuori est vice-champion). En 1977, Hennen est

à nouveau 3e en 500, mais cette fois, Sheene a deux Américains à ses côtés sur le podium final, et c’est Steve Baker, par ailleurs champion du monde 750, qui a l’honneur d’être le « second » du pilote britanniqu­e. Et en 1978, Kenny Roberts débarque avec armes et bagages. Il vient de passer trois saisons à subir la domination des Harley-Davidson en AMA Grand National Championsh­ip – c’està-dire, pour la faire courte, en dirt-track, où il a été couronné en 1973 et en 1974. Roberts a déjà fait quelques incursions en Europe : dès 1974, il s’est produit aux 200 Miles d’Imola (deuxième derrière Giacomo Agostini) et dans le cadre des courses du Match transatlan­tique entre la Grande-Bretagne et les USA (où il a signé la meilleure performanc­e individuel­le devant... Barry Sheene).

Roberts a préparé le terrain pour les suivants

Il est aussi venu disputer aux Pays-Bas son premier Grand Prix, à Assen, où après avoir signé la pole position, il a fini 3e en catégorie 250. En 1978, avec l’appui de Yamaha USA et de Goodyear, le Californie­n est engagé à la fois en 250, en 500 et en 750 (catégorie qui, pour rappel, n’est pas intégrée au calendrier des Grands Prix). Il renonce assez vite à la première pour privilégie­r les deux autres, et achève cette année passée sur le Vieux Continent en tant que champion du monde 500 et vice-champion 750 (derrière Johnny Cecotto et devant... Christian Sarron). Hennen n’est plus là, gravement blessé alors qu’il disputait le Tourist Trophy (il ne reviendra plus à la compétitio­n), Baker est hors-jeu, relégué en position de pilote privé, car Yamaha mise avant tout sur Roberts. Et ce dernier assume crânement son rôle : non content de régner sans partage sur la catégorie reine, il rentre dans le lard des organisate­urs et des pontes de la FIM, comme un chien mordant les mollets des responsabl­es d’un sport qui a un besoin urgent de faire sa révolution. Avec deux ou trois pilotes européens (tel Franco Uncini), il fait notamment avancer les choses sur le plan de la sécurité des circuits. Il enchaîne avec deux autres titres en 1979 et en 1980, connaît moins de réussite les deux saisons suivantes (durant lesquelles les Italiens Lucchinell­i et Uncini en profitent pour chiper un titre chacun leur tour), puis échoue de peu face à son compatriot­e Freddie Spencer en 1983, sa dernière saison. Roberts prend sa retraite de pilote mais il a préparé le terrain pour ses successeur­s et ne va pas tarder à revenir, passé entre-temps de l’autre côté du miroir, en endossant les habits de team manager. C’est une longue introducti­on consacrée à « Monsieur Kenny Roberts », mais elle s’impose car qui sait si sans lui, il y aurait eu cette déferlante venue de l’Atlantique ?

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