L’école de la glisse
La glisse, ce fut longtemps l’apanage du dirt-track, la quintessence de la course motocycliste aux États-Unis, sa colonne vertébrale, ses racines les plus profondes. À son apogée, le dirt-track, sous la forme de cette série de courses que l’on appelait AMA Grand National Championship, était la référence ultime, dont le maître était reconnu comme LE meilleur pilote du pays. Ce championnat dont la forme définitive apparut en 1954 mixait des courses de dirt-track sur des pistes ovales en terre battue, avec le mile (1 609 mètres), le half mile (environ 800 mètres), le short track (environ 400 mètres) et le TT (une épreuve spécifique dans la mesure où elle présente un virage à droite et un saut, tandis que les trois autres pistes sont plates et tournent exclusivement à gauche), avec quelques courses de vitesse sur circuit asphalté. L’apprentissage de la glisse passait par là, avec ces motos privées de frein avant, ces courbes de terre battue creusées par le passage des concurrents où la gestion des glissades était primordiale. Forts de ce background précieux apporté par cette discipline brutale et basique, les pilotes américains ont naturellement reporté cette façon de rouler à la vitesse, pour faire passer la puissance phénoménale des 500 deux-temps. En 1985, Eddie Lawson décrivait cela précisément : « Kenny m’a montré comment faire tourner la moto en faisant glisser l’arrière. Cette façon de faire est un héritage direct du dirt, mais ça permet d’utiliser la puissance fabuleuse des 500 actuelles. Avec ces engins-là, il ne faut pas attendre que ça décroche par surprise. Parce que là, vous êtes déjà par terre avant de comprendre ce qui vous arrive. C’est pour cela que nous provoquons volontairement la glisse, pour être en sécurité aux alentours de la limite. »