Meilleure vente de roadsters sportifs sur le créneau 125, c’est aussi la plus petite de la famille des Néo Sports Café chez Honda
Malgré un moteur moins puissant, la Honda CB 125 R domine les ventes de roadsters sportifs 125 cm3 : pour en comprendre les raisons, nous avons essayé la plus petite des Néo Sports Café.
20 / Honda CB 125 R
Salut Pierre, une Honda CB 125 R attend chez Honda France : ça te dit de l’essayer pour le prochain MR ?» On est d’accord, quitte à rouler avec un best-seller, j’aurais volontiers échangé contre un tiers de tour d’horloge de Castellet au guidon d’une Triumph Street Triple RS de course, fut-ce un vendredi... C’est qu’à l’instar de la star britannique, ladite Honda domine sa catégorie sur le plan commercial puisqu’elle dépasse les KTM Duke et Yamaha MT 125 (chiffres d’août 2018). Un phénomène intéressant à découvrir, donc ! Et franchement, lorsqu’on s’approche de la moto, ce succès n’a rien d’étonnant tant cette huitième de litre à taille de guêpe est sexy ; elle suscite même l’intérêt de Bruno, notre photographe qui a vu défiler bien d’autres jeunes premières derrière l’inflexible téléobjectif de son reflex Canon. Le treillis tubulaire du cadre fait oublier ses platines embouties, le bras oscillant maousse donne la réplique à la fourche inversée Showa, l’étrier avant radial 4 pistons Nissin pinçant un disque à pétales semble prêt à incruster dans le bitume le sportif Dunlop GPR 300 avant… Que de l’habillage premium ! Que de la marque ! Une vraie fashion victim cette sauterelle ! Les proportions, le sabot moteur, les écopes, l’optique à Leds lui donnent un look de streetfighter, encore renforcé par des lignes acérées. Les coloris classieux se chargent d’adoucir l’agressivité ambiante et font oublier certains détails moins reluisants, tels que l’ajustement imparfait de certains plastiques ou la pédale de frein en tôle... Objectivement, la finition est quand même bonne, elle a de la gueule, la bête, on comprend aisément qu’elle fasse craquer, d’autant plus que le tarif de 4 499 € est accompagné d’offres commerciales agressives.
Streetfighter ?
Streetfighter, c’est encore le terme qui vient à l’esprit lorsqu’on se pose sur la machine ; les bras sont écartés, l’avant ramassé se dissimule à l’oeil et la protection est complètement absente : on est en prise directe avec la route. Une légère pichenette pour la redresser et notre ballerine anorexique est prête pour une valse aérienne. Bouton start, première engagée... Le pilote redescend vite sur terre ! Le petit monocylindre liquide à simple ACT et 2 soupapes n’atteint pas la limite de puissance autorisée par la réglementation (il manque 2 chevaux), il se révèle vraiment creux sous 6 000 tr/min, pas franchement puissant au-delà, ni très vif dans les tours ! Pas très rock and roll, il diffuse une musique quand même agréable, mais qui s’accompagne de vibrations sensibles dans la selle et le guidon à partir de 9 000 tr/min, régime habituel pour ce moulin ailé qui s’exprime entre 7 000 et 11 500 tr/min. Sur autoroute, de 90 à 120 km/h compteur, on voyage donc accompagné d’un troupeau de fourmis dans la selle, dans le guidon, ou dans les deux selon le régime ! Après la purge autoroutière, où l’on n’est pas gêné par le manque de protection puisque la CB plafonne entre 100 km/h sur les faux plats et 130 km/h
en descente et à l’aspi des monospaces, la campagne est là, l’abeille virevolte enfin de virage en virage, profitant de sa légèreté pour compenser une monte pneumatique extra-large (pour le segment). Elle butine le bitume et on prend vite confiance, même de nuit tant l’optique à Leds est efficace. Le rythme s’accélère, la partie-cycle rigide aux vraies gommes sportives autorise plus d’audace à condition que le revêtement soit parfaitement lisse, car le tableau se ternit fortement sur mauvaises routes : l’hydraulique des suspensions basiques est à la peine, la moto sautille et réagit sèchement, et ne comptez pas sur la selle rembourrée aux noyaux de pêche pour compenser.
En ville, la danseuse excelle par sa légèreté
Aussi, le freinage est-il desservi par un maître-cylindre avant inadapté : Honda a agrémenté l’ABS (peu intrusif quand la route est lisse) d’une centrale inertielle censée réguler le freinage en cas de brutal transfert des masses. Cependant, le levier manque de course, la sensation est dure et l’impossibilité de régler l’écartement n’arrange pas les choses. L’apport technologique est donc très relatif, à moins que je n’en aie pas saisi le bénéfice ? Passons ! Pour l’instant, les kilomètres s’additionnent aux kilomètres et la consommation moyenne reste inférieure à 2,8 litres/100 km, un must vu les tarifs actuels du super : ces 125 représentent-elles l’avenir de la moto ? Hélas, l’assise ferme et les vibrations font crier grâce à votre postérieur, d’autant plus vite qu’il est impossible de changer de position. On est ainsi presque content de regagner la ville où la danseuse excelle par sa légèreté magique, sa rétrovision bien conçue, son étonnante faculté d’accueillir tous les gabarits et son design permettant de l’exhiber fièrement devant sa terrasse préférée !