Moto Revue

Roger Lee Hayden

Pilote officiel Suzuki Yoshimura, l’Américain Roger Lee Hayden a annoncé son intention de prendre sa retraite à la fin de la saison. Il s’en est expliqué lors de l’épreuve MotoAmeric­a de Sonoma, en Californie.

- Pilote officiel Suzuki Yoshimura

Roger, pourquoi prendre ta retraite aujourd’hui, alors que tu es encore performant et dans un team usine ?

En 2018, je finirai ma 20e saison profession­nelle et ce sera la dernière. Il ne me reste que 4 courses (interview réalisée le 22 juillet dernier,ndlr), j’ai du mal à me concentrer sur le championna­t, ma tête est déjà ailleurs. Heureuseme­nt, les deux dernières épreuves seront sur mes circuits préférés ! J’espère finir devant, mais personne ne va me laisser gagner facilement, faudra se battre... Ensuite, quels que soient les résultats, je raccroche. Je veux passer du temps avec mon père, ma femme, ma famille. J’adore la course mais j’ai besoin de faire autre chose. Depuis que j’ai 9 ans, je voyage pour les courses, sans voir le temps passer. Je veux voir l’été. La vie est courte, j’ai appris ça l’an dernier (avec l’accident mortel de son frère Nicky,ndlr). Il faut en profiter, et je veux prendre mon temps, savourer. Je voudrais aussi avoir des enfants. Je suis marié, on a 35 ans tous les deux, on est prêts pour la prochaine étape. J’ai vraiment envie d’une vie calme, sans stress. Beaucoup de choses vont me manquer, bien sûr, mais tant pis.

Comptes-tu rester impliqué dans le monde de la compétitio­n ?

Je ne suis pas prêt à ne plus venir dans le paddock. Je veux faire quelque chose avec Suzuki. Ils sont comme une seconde famille pour moi. J’aime bien parler avec les gens de cette équipe, plaisanter, parler d’autre chose que de la course. Pour eux, je ne suis pas juste un gars qui participe à des courses, je suis Roger Hayden. J’espère que mon expérience pourra aider au développem­ent de ce championna­t MotoAmeric­a. Je vais avoir plus de temps pour la promotion, le public. Je deviens trop vieux pour ce sport, mais je peux apporter quelque chose d’autre.

Des regrets lorsque tu regardes en arrière ?

Je suis fier d’avoir roulé pendant 20 ans, c’est une belle carrière. J’aurais voulu gagner plus de courses, remporter un championna­t Superbike. Mais au final, je ne peux pas me plaindre, c’était une belle aventure et j’ai vécu mon rêve. Les enfants m’admirent aujourd’hui et c’est cool (rires).

Que penses-tu de l’état de la vitesse aux USA ?

Ce sport revient de loin aux États-Unis. On a besoin d’une ou deux équipes pros de plus. Ce serait bien si Ducati venait, ou Honda, Kawasaki... Il n’y a que quatre pilotes d’usine, ce n’est pas assez. Il y a 17 pilotes sur la grille, dont 5 sont supportés par leurs familles uniquement, ce n’est pas idéal. Il y a de bons pilotes qui ont besoin d’écuries profession­nelles pour révéler leur potentiel. Mais ici, les ventes de motos ne sont pas très élevées et les marques n’ont pas de retour sur leur investisse­ment... Sinon, le niveau est équivalent au WSBK. Les Top 6 en MotoAmeric­a sont très bons, mais il faut augmenter le niveau des autres pour avoir des courses plus serrées.

Penses-tu que les Américains puissent revenir en MotoGP ?

Mes frères et moi, on vient d’une famille particuliè­re, où la compétitio­n est dans notre ADN. C’est pour ça que je regarde toutes les courses : MotoGP, Moto2, Moto3, flat-track, motocross... Mais je veux allumer la télé et voir des Américains gagner. C’est pour ça que je veux aider les jeunes. Mon frère Tommy travaille pour Monster, je trouverai toujours la bonne personne à qui parler. Je veux vraiment voir des pilotes américains en MotoGP. On en a de bons, comme Beaubier, Lewis, Gerloff, Beach, qui peuvent aller dans de bonnes équipes. Ça ne servirait à rien de les mettre dans de petites structures, ce n’est pas une vraie chance. Avec du matos d’usine, ces gars rouleraien­t bien. Je ne sais pas s’ils gagneraien­t un championna­t, mais ce serait un exemple à suivre, ça ouvrirait la porte... Il faudrait qu’ils roulent avec des gars du Mondial sur un circuit comme Laguna Seca, avec les mêmes motos, les mêmes pneus, pour montrer aux dirigeants de quoi ils sont capables... C’est difficile à mettre en place, mais il faut travailler pour trouver des solutions et avoir plus d’Américains en MotoGP.

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