Éléphant et porcelaine
En même temps, j’ai toujours pensé que bien dressé, ça pouvait le faire… Vous avez déjà vu avec quelle délicatesse un éléphant est capable d’effleurer de sa patte – pourtant maousse – la tête de son cornac quand ce dernier, histoire d’impressionner la galerie, la loge pile en dessous ? Sans compter que l’image du pachyderme « brise-tout », ça dépend aussi de la taille du magasin... Forcément, ce n’est pas pareil si Tantor évolue dans 30 m2 ou dans 300, et s’il peut dodiner peinard du popotin dans des allées clairsemées et larges comme peuvent l’être celles des jardins de Versailles ou, au contraire, devoir serrer les fesses dans des travées étroites comme on en connaît les jours de soldes aux Galeries Lafayette. Bizarre que cette image de l’éléphant ? Peut-être, mais c’est pourtant celle qui m’accompagnait au moment d’enclencher le 4e rapport au guidon de l’Africa Twin, ce gros trail de plus de 1000 cm3, et de plus de 250 kg, au beau milieu de la pampa.
Une pampa large, « versaillaise » en somme, qui propose de longs chemins rapides filant vers un horizon que l’on devine au loin. Un théâtre d’expression calibré pour l’engin, car utiliser un maxi-trail en tout-terrain réclame de l’espace pour accélérer et s’arrêter... Depuis quelques années, une fièvre verte s’est emparée des possesseurs de maxi-trails, soutenue par des professionnels créant des événements pour répondre à la demande et en en inventant de nouveaux pour accroître l’offre, et ainsi soutenir la demande... Comme si, après tant d’années passées exclusivement sur le bitume, les trails avaient besoin de renouer avec leur vocation originelle, celle d’évoluer aussi sur la terre. Mais ce qui s’entendait naturellement avec les trails d’hier, légers, de petites cylindrées, rustiques, l’est beaucoup moins avec les maxi-trails actuels. C’est pourtant à leur attention que les marques développent de beaux programmes, encourageant des centres de pilotage à faire de la formation pratique, des cours où des champions devenus professeurs mettent ces lourdes motos dans des situations telles que l’utilisation en devient presque contre-nature. Car soyons clairs, un maxi-trail en tout-terrain, c’est fait pour emprunter de larges pistes roulantes, sèches, et non pas galérer dans un environnement étriqué. Un maxi-trail en off-road, dans l’absolu, c’est comme faire du circuit avec une GoldWing. C’est étonnant, ça fait des choses qu’on ne soupçonnait pas, c’est même souvent bien plus facile que ce qu’on imaginait, mais ce ne sera jamais aussi efficace qu’une sportive ou qu’un roadster. Point barre. Le constat vaut pour les maxitrails, qui laisseront l’avantage en tout-terrain aux plus petits (genre KTM 790 Adventure R ou Yamaha Ténéré), eux-mêmes dépassés par la vista des motos encore plus légères et pensées pour ce seul exercice (enduro light et enduro). La polyvalence du produit a ses limites, autant que nous avons les nôtres, et pour rouler heureux, autant ne pas approcher de trop près ni les unes, ni les autres.
Nouveautés/Business/Événements/Culture
Neuf ans déjà que la Super Ténéré 1200 est au catalogue Yamaha. Pour marquer le coup, mais aussi faire face à une concurrence de plus en plus affûtée, le gros trail fait un effort tarifaire en cette fin d’année : 1 000 euros de moins, quelles que soient les déclinaisons. Ce qui met la version de base (XT 1200 Z) à 12 999 €, celle pourvue de suspensions pilotées électroniquement à 14 999 € et enfin, la Raid Edition (suspensions pilotées Ă équipement pléthorique) à 16 999 €.