/ Fantic Caballero Rally 500
Rustique et légère, la Fantic Caballero Rally 500 est aux antipodes des Africa Twin 1100 essayées dans ce numéro. Nous avons découvert ce petit trail original sur les contreforts des Dolomites.
Dotée d’un look très actuel, la Caballero Rally
500 ouvre des perspectives off-road intéressantes car c’est un vrai trail loisir, léger et taillé pour la montagne ou la campagne
Vous l’ignorez peut-être mais Fantic est leader sur le segment des 50 cm³ à boîte et spécialiste du vélo à assistance électrique, mais vous ne serez pas étonné d’apprendre qu’elle exploite aussi sa renommée, acquise dans les années 70, à travers une gamme de machines néo-rétro monocylindres 4-temps, les Caballero 125, 250 et 500 déclinées en Scrambler, Flat Track et Rally.
1969 revival
Cette dernière, qui n’existe qu’en 500 – enfin, plutôt en 450, comme nous le verrons plus loin –, est une Caballero Scrambler (500) débarrassée de sa peinture rouge vernie, aux suspensions améliorées (tubes de plus gros diamètre, multiples réglages) dont les débattements ont été largement augmentés, équipée d’un bras oscillant plus long et en aluminium, de pneumatiques tout-terrain
Michelin Anakee Wild, d’un garde-boue haut, de plaques à numéro, d’une grille de phare, d’une protection de radiateur et d’un petit sabot alu. Elle garde les autres attributs du Scrambler, c’est-à-dire le cadre acier, les tés de fourche et les platines latérales taillés dans la masse, le guidon acier, les gros freins dont l’ABS est déconnectable, le mini-tableau de bord assez complet mais peu lisible, l’éclairage à Leds, les jantes rayonnées non Tubeless de 19’’ et 17’’, l’habillage fait
de plastique à touches d’aluminium, la même selle biplace, le double silencieux Arrow en position latérale et les commodos surannés... C’est sur la Caballero Scrambler que je découvre ces machines. Au premier contact, la fermeté de la selle est d’autant plus surprenante qu’elle paraissait épaisse et accueillante : une selle d’enduro ne serait pas plus désagréable au séant. La position de conduite est relax mais la moto est moins fine qu’une enduro car le réservoir est ventru et les flancs de selle
opposent une surépaisseur sensible. À noter aussi que le carter d’embrayage du moteur 450 Zongshen est proéminent et la pédale de frein, un peu courte : la surface de contact avec la semelle de la botte est réduite. Le temps de ces réflexions, la petite troupe de journalistes attaque déjà les premiers lacets de la via San Floriano, en direction de Pianezze ; un bref appui sur le bouton du démarreur, le monocylindre chinois donne de sa voix claire, très enduro. La 500 et moi partons à la poursuite du groupe pressé.
Mono bien né
Pour tout dire, j’étais curieux de découvrir le mono Zongshen de tout-terrain qui motorise cette moto. C’est que d’habitude, les petits scramblers de niche reçoivent des copies de vieux monocylindres 2 soupapes Honda ou Yamaha, mais on a rarement affaire à des 449 cm³ super carrés modernes à 4 soupapes. Ce Zongshen NC450 (qu’on retrouve aussi sur les Zongshen RX4, CSC RX-4 et qui arriveront peut-être en Europe sous la marque Cyclone), correctement servi par l’injection électronique Athena-GET spécifiquement développée, est efficace, coupleux et plein de 3000 à 8000 tr/min, il est facile et maîtrise bien ses vibrations. Sa boîte de vitesses est plutôt souple et bien étagée. Dans son comportement, cette motorisation rappelle un peu celle des 450 KTM EXC 4-temps d’ancienne génération
(89 x 72 mm), l’agressivité en hausse et la puissance en moins. Conséquence de cette philosophie, la sonorité est claquante, très enduro, donc peu flatteuse pour une néo-rétro mais on ne peut pas tout avoir, n’est-ce pas ? Ce couple improbable donne une moto légère et bonne freineuse, bien servie par des Pirelli Scorpion Rally STR efficaces et prévenants, mais elle pèche par un confort de selle déplorable qui ne permet pas d’envisager de longs trajets.
Un galop en Rally
Mais ça y est, on s’arrête déjà à l’entrée d’un chemin blanc : le premier spot photo se présente et l’une des deux Rally se libère. Bien que la base soit presque identique, l’impression – pardon, « l’expérience » pour employer le terme marketing qui convient – est complètement différente.
Les 50 mm de débattement supplémentaires s’accompagnent de réglages revus. La Rally paraît souple ; la fermeté de la selle est gommée. La position debout qui s’impose pour obtenir de l’adhérence hors bitume révèle les limites du concept de plateforme déclinée en plusieurs types de machines : le guidon est un peu trop bas, le carter d’embrayage et le réservoir large empêchent de bien serrer la moto avec les bottes, une pédale de frein autrement dimensionnée s’imposerait et les protège-mains sont absents. La moto n’en reste pas moins facile et prévenante, son moteur disponible et peu agressif est facile à exploiter (la poignée de gaz est quand même un peu dure) et la motricité est excellente ; même sans être fort en tout-terrain, on arrive à ouvrir les gaz à fond sans se faire peur.
Trois ou quatre passages devant l’objectif de l’unique photographe et nous revoici sur la route sinueuse qui nous transporte vers les sommets. L’altitude augmente, les arbres se raréfient. Au freinage, les transferts de masses importants imposent d’utiliser le frein arrière pour stabiliser la moto, les pneus radiaux du Bibendum travaillent, se déforment mais leur adhérence est meilleure que prévue. On s’amuse au guidon de cette 500 Rally. Nous atteignons un autre spot photo de ce contact express, il s’agit d’une courte trace constellée de grosses roches qui mène à un calvaire au sommet d’une colline. L’endroit offre un panorama sur Venise et sa baie mais en cet après-midi d’octobre, la brume s’accroche
Fantic Caballero Rally 500 / 7 190 € Ă 150 km/h • 40 ch* – 4,4 mkg* • 150 kg à sec* *données constructeur - Disponibilité immédiate
aux pentes et bouche la vue. Les suspensions non réglées manquent de retenue, elles claquent mais la Rally avale tout. Dans ces conditions, la Scrambler aux débattements réduits et au bras oscillant plus court serait hors-jeu. Pour ma part, je commence à être chaud. Nous poussons plus haut pour nous mesurer à une portion de chemin aux pierres instables, puis à un petit carré de prairie, nous grimpons des talus... ça y est, le plaisir est là, la Rally s’exprime, la magie de ce trail simple, léger et coupleux opère enfin !