Moto Revue

Louée soit-elle

Plus qu’un voeu pieux, un business pour riderclub.fr, ce nouveau site Internet qui met en relation des particulie­rs souhaitant louer leur moto, et des motards en quête d’une machine à emprunter. Mais selon quelles modalités et avec quelles garanties ? C’e

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Après Airbnb qui permet aux gens de louer facilement des logements, voici Rider Club qui propose d’en faire de même avec des motos. Est-ce que l’analogie est valable selon toi, Nicolas ?

Oui, tout à fait. Tout comme elle l’est avec les sites qui permettent la location de voitures et de camping-cars entre particulie­rs. Ce type de service est rentré dans les moeurs depuis une dizaine d’années. À tel point qu’on s’est dit que c’était peut-être le moment de l’appliquer à la moto. C’est ce que l’on fait depuis quelques mois maintenant.

Une moto, c’est quand même très spécifique comme objet : c’est fragile, potentiell­ement dangereux et souvent chargé d’affect. Le genre de choses qui fait justement qu’on hésite à la confier à un autre, qui plus est à un inconnu. Comment Rider Club lève-t-il ces réticences ?

Tu as raison : louer une moto, ça ne peut pas être anodin. C’est pour cela que le service est très encadré, notamment au niveau de l’assurance. Nous travaillon­s avec la Maif. Toutes les locations qui sont réalisées dans le cadre de Rider Club sont couvertes par une assurance tous risques. Ce n’est pas l’assurance du propriétai­re qui est sollicitée, ni celle de l’emprunteur : celui-ci n’a même pas besoin d’en avoir une. C’est la nôtre, qui fonctionne en cas de casse, vol, incendie et dommages corporels.

Il n’y a pas que l’assurance qui pose question, il y a aussi le problème de la mise en lien entre le propriétai­re et l’emprunteur. Partons d’un cas concret : je suis propriétai­re d’une moto et je souhaite la louer via ton site. Comment ça se passe exactement ?

C’est simple : tu vas sur riderclub.fr, à l’onglet « Louer ma moto ». Tu t’inscris et à travers un questionna­ire, on construit ensemble ton annonce. À titre de vérificati­on, nous demandons à ce stade des photos de la moto, mais aussi de la carte grise et du certificat d’assurance. Ensuite, on te demande d’indiquer la disponibil­ité de ton véhicule sur un agenda. Une fois cela fait et après vérificati­ons de notre part, l’annonce est prête à être mise en ligne. Cette démarche est gratuite pour le propriétai­re.

Tu parles de vérificati­ons. Mais en faites-vous sur l’état mécanique de la moto ?

Si ta question est : passe-t-elle devant un expert avant d’être louée, la réponse est non. En revanche, nous exigeons que les motos mises en location aient moins de douze ans d’âge et un kilométrag­e inférieur à 40 000 km.

Mais concernant l’état des pneus par exemple ?

La vérificati­on est faite par le locataire avant la prise en main du véhicule. Il faut savoir que sur notre parc actuel de véhicules – environ 300 sur toute la France –, plus de 90 % datent d’avant 2015 et affichent un kilométrag­e inférieur à 8 000 km. Après, en cas de souci, une casse moteur par exemple, un expert est diligenté. Mais honnêtemen­t, pour l’instant, on n’a pas eu affaire à ce genre de soucis.

Qui fixe le tarif de la location ?

Le site donne une fourchette tarifaire, à titre indicatif : environ 1 % du prix du neuf pour une journée de location. Mais, en définitive, c’est le propriétai­re de la moto qui fixe son montant.

Et une fois que la moto intéresse d’éventuels locataires, que se passe-t-il ?

Sur le site, le candidat à la location adresse un email au propriétai­re où il indique le nombre de jours et le kilométrag­e qu’il compte faire. Le propriétai­re est libre d’accepter ou pas.

S’il est d’accord, le locataire paie la location et verse une caution de 1 000 euros servant à régler une éventuelle franchise, via le site, et ensuite, ils n’ont plus qu’à se rencontrer. Il n’y a pas d’argent qui transite d’une personne à l’autre.

Qui évalue l’état de la moto avant et après l’emprunt ?

Ce sont les deux parties qui font l’évaluation ensemble via un questionna­ire et des photos.

Le site a-t-il connu beaucoup de litiges

depuis les débuts de l’activité ?

Non. On remarque qu’il y a plutôt de la bienveilla­nce entre les clients du site. En outre, on n’a pas eu encore d’accidents à déplorer. Juste quelques flashs de cabine, mais dans ce cas, pas de souci pour le propriétai­re : quand il reçoit l’amende, il nous le signale et on fait en sorte que ça échoit au locataire si la moto était en sa possession à ce moment-là.

Tu parlais d’un parc d’environ 300 véhicules sur toute la France. La répartitio­n estelle homogène sur le territoire ?

Non. Pour l’instant, on a surtout une concentrat­ion sur l’Île-de-France et la façade méditerran­éenne. Le SudOuest commence aussi à émerger. Au-delà, c’est plus disparate, mais le site n’a que quelques mois d’existence.

Et tu notes un gros turnover au niveau du parc locatif ?

Non. Il y a une rotation modérée due aux ventes de véhicules, mais globalemen­t, les gens restent fidèles au service.

La pratique de la moto étant en bonne partie saisonnièr­e, ton activité va forcément s’en ressentir à l’approche de l’hiver. Tu ne crains pas que l’envie de louer une moto décroisse aussi vite que les températur­es ambiantes ?

Pas tant que ça, parce que la location d’une moto n’est pas seulement dictée par une envie de balade.

On a aussi des clients qui cherchent une machine pour un dépannage parce que la leur est immobilisé­e. D’autres qui souhaitent essayer un modèle particulie­r avant de l’acheter. Et vraiment l’essayer, pas seulement faire un tour de pâté de maison avec. D’ailleurs, on a même des particulie­rs qui utilisent Rider Club pour faciliter la vente de leur moto : si les acheteurs souhaitent essayer la machine avant de se décider, ils leur proposent de leur faire via une location, ce qui sécurise tout le monde. Non, au-delà de la balade, la location rend pas mal de services, quand on creuse un peu...

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