Moto Revue

La grève de Nogaro

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En 1982, si les Grands Prix lancent leur saison en Argentine, toutes les catégories n’y roulent pas. Ainsi la 250 débute-t-elle en France, alors que les pilotes de la catégorie reine arrivent d’Autriche, du circuit de Salzburg qui serpente entre les rails de sécurité. Dès les premiers essais sur le circuit du GP de France à Nogaro, où ils avaient roulé quatre ans auparavant, les stars de la 500 se plaignent des bosses sur la piste et de l’étroitesse du paddock, et entament un mouvement de boycott qui va faire tache d’huile. Kenny Roberts, qui garde une rancune tenace au directeur du circuit, André Diviès – du fait de ne pas lui avoir versé la prime de départ qu’il réclamait quatre ans plus tôt –, se trouve en tête de ce mouvement de protestati­on. Diviès reconnaît qu’il y a des bosses sur la piste mais que l’homologati­on du circuit est valable jusqu’en 1983, et que l’augmentati­on exponentie­lle de la taille et du nombre de motor-homes est un problème qui ne se pose pas uniquement dans le cas de Nogaro. Les intérêts personnels, évidemment, ont leur part dans cette grève, entre les mises au point délicates (V4 de Roberts, cadres alu des Suzuki), ainsi que les blessures des uns et des autres (Lucchinell­i, Ferrari). Les leaders de la 500 veulent entraîner les pilotes des autres cylindrées avec eux, et c’est ainsi qu’Anton Mang, Carlos Lavado et même Angel Nieto se joignent à ce boycott, cependant difficile à justifier dans le cas des moyennes et petites cylindrées. Mang déclare à un journalist­e autrichien : « Quoiqu’il arrive, je m’en vais. Je n’arrive pas à régler mes motos et ce circuit ne me plaît pas du tout. Alors que la course ait lieu dans de bonnes conditions ou non, je sais que j’ai très peu de chances de marquer des points. Que les Français partent m’est égal. » Tout le monde a oublié ces paroles prononcées par le pilote allemand par la suite. Tout comme on a oublié que trois mois plus tard, Mang comme ses pairs des catégories 250 ou 350 prendront le départ des Grands Prix de Finlande (à Imatra) et de Tchécoslov­aquie (sur l’ancien circuit de Brno) sans protester, sur les « pistes » à moitié urbaines pourtant autrement plus dangereuse­s que celle de Nogaro.

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