Interview
Jack Monchanin, organisateur du Salon de 2 Roues de Lyon, nous parle de la prochaine édition de son événement
Pour sa 27e édition, le coeur de la capitale des Gaules va vibrer une nouvelle fois au rythme de notre passion. Le Salon du 2 Roues de Lyon, événement incontournable de la scène motocycliste hexagonale, promet un contenu particulièrement riche, comme nous l’explique Jack Monchanin, l’organisateur du salon dont l’édition 2020 se tiendra du 13 au 16 février prochains.
Je ne voudrais pas faire le fanfaron, mais dis aux lecteurs de Moto Revue qu’ils réservent leur week-end complet s’ils veulent tout voir. En une journée, ils n’y parviendront pas. » Et il a raison Jack Monchanin, maître de cérémonie du salon lyonnais depuis 20 années maintenant. Pas plus fanfaron que prétentieux en disant cela, il est simplement porteur d’une information que tous ceux qui ont fréquenté ce salon récemment connaissent déjà. En une journée, c’est un fait avéré, vous en raterez forcément un bon paquet. Et ce serait bien dommage, parce qu’une nouvelle fois, Jack et son équipe se sont creusé les méninges pour faire flotter sur cet événement un parfum assez exceptionnel. Un mélange des genres, de tous les genres, porté par un socle commun : la passion du deux-roues motorisé. Une passion qui s’affiche à Lyon sous toutes ses formes : sous l’angle commercial, avec des motos neuves de l’année dont les bons de commande seront signés sous les toits de l’Eurexpo, avec une importante partie dynamique portée par une épreuve sportive (enduro indoor), des démonstrations et des essais. Et puis aussi le temps des expositions.
Il y en a quatre-vingts programmées pour cette édition 2020. C’est énorme. « Je me suis juré de ne pas toucher à cette règle des 30 % qui fait le succès de Lyon. Donc si le commerce grandit, ce qui est le cas encore cette année, on augmente aussi le reste. C’est une règle de 3 : 30 % de commerce, 30 % d’expos et 30 % de dynamique. Comme le commerce progresse, on augmente dans le même temps le nombre d’expositions et de démonstrations », précise Jack Monchanin. Et donc on pousse les murs. Ou plutôt on y occupe encore plus d’espace, puisque cette année, le salon s’étendra sur 100000 m2 pour accueillir plus de 400 exposants. Côté public, 62 000 visiteurs avaient été enregistrés en 2019, l’organisation table cette fois sur 70 000. Un public qui sera aussi composé de professionnels puisque le côté
« B to B » (de professionnel à professionnel) sera renforcé. Notamment avec une ouverture avancée du salon au jeudi matin 9 h (14 h en 2019) pour permettre aux pros (le public aura aussi accès au salon dès 9 h le jeudi matin) de se rencontrer. « Il n’y a plus rien en France pour les professionnels. On veut profiter du
Salon de Lyon pour créer des échanges, pour faciliter le business. Pour les professionnels, les entrées des jeudi et vendredi seront gratuites. Nous avons mis en place des systèmes de navettes entre l’aéroport, la gare et Eurexpo.
Nous avons prévu un centre d’échanges réservé aux professionnels, nous organiserons aussi une soirée le jeudi pour ce milieu qui a tendance à être délaissé. L’an passé, nous avions 800 professionnels présents, cette année, on table sur 3 000. On essaye de mettre un coup de tam-tam pour que tous les professionnels, quelle que soit leur spécialité, se retrouvent à Lyon », continue Jack Monchanin. Et ils seront donc 400 exposants, avec parmi eux, et pour n’en citer que quelques-uns, Alpinestars, Dainese, Furygan, Helstons...
Des accessoiristes toujours plus nombreux et toutes les plus grandes marques motos, dont certaines réservant la primeur d’une présentation de nouveauté, ce qui sera normalement le cas chez BMW, qui devrait dévoiler au public lyonnais la version de série de la R18. Et à côté du commerce donc, des animations dynamiques avec une vraie compétition, un enduro indoor qui regroupera entre 150 et 200 pilotes, mais aussi des démonstrations, le trial des anciennes avec 50 pilotes, du trial extrême avec Fred Crosset, du stunt, le mur de la mort, des circuits réservés aux enfants... Et d’autres nouveautés, comme nous l’explique le maître de cérémonie : « Nous lançons une nouvelle démo, qu’on appelle L’Intrépide, c’est une démo réservée aux motos
d’avant 1947 avec des pilotes qui rouleront en tenue d’époque. Il y a un engouement de folie autour de ça : on tablait sur dix motos, on en aura une trentaine ! On veut mêler les genres, d’un côté les tenues fluo et les casques carbone pour l’enduro indoor et de l’autre, les chaussures en cuir à lacets pour L’Intrépide. Nous allons aussi monter une piste réservée aux essais de modèles trails. Je veux que les gens qui voient ça soient dans une ambiance Dakar, avec des palmiers, du sable, beaucoup de déco. Il y aura une trentaine de motos à l’essai : des Honda Africa Twin, des Yamaha T7, des Moto Guzzi V85, des Triumph Tiger, des Royal Enfield Himalayan. En parallèle de cet essai « off-road » – mais off-road très tranquille, on est d’accord –, Indian met 12 FTR à l’essai sur la route, et Royal Enfield fera essayer ses twins Interceptor. On va aussi faire des démos airbag, je veux pousser sur l’airbag, parce que c’est un équipement qu’il faut vraiment mettre en avant afin de le démocratiser... » Si le centre d’essais est une nouvelle fois maousse, que dire alors des 80 expositions qui feront le liant de ce salon, l’ADN de Lyon. « Je ne veux pas d’un seul univers, je veux tous les univers, je veux que l’on soit le plus généraliste possible en montrant des choses qui ne sont que des niches. On ne s’interdit rien, on veut surprendre », annonce Jack. Et ça commencera dès le hall d’entrée, avec une large exposition dédiée au cinéma présentant physiquement les motos qui ont tourné dans les films suivants : Fast and Furious, La Grande Vadrouille, Demain ne meurt jamais, Mammouth, etc. Il y aura aussi une belle expo sur les 65 ans de Yamaha, une expo sur Lyon 1920 où l’on se projette 100 ans en arrière, une expo sur les motos des records du lac salé de Bonneville, une expo sur les machines de montée impossible. Mais aussi le TZ club qui regroupera 65 TZ sur une grille de départ, avec des motos uniques et la présence de nombreux pilotes, comme Olivier Jacque, Christian Sarron, Jean-Louis Tournadre... Une expo Big Block mettant en scène les gros moteurs, et 32 motos dans la catégorie. Une belle expo cross avec les motos championnes du monde pilotées par des Français. Les 40 ans des ISDE avec 10 motos qui ont participé à l’édition française de 1980 à Brioude. Une grille de départ avec 80 pilotes de cross de 1950 à nos jours. Pour animer ces 80 expositions, Jack Monchanin et son équipe auront dû réunir 1 200 motos. Un vrai travail de recherche, de confiance, puis de logistique, comme il nous l’explique : « Aujourd’hui, grâce à la notoriété et au sérieux de Lyon, on me dit oui tout de suite. Les collectionneurs/propriétaires sont contents de nous prêter leurs motos, mais ils ne veulent pas se prendre la tête. Ils n’en ont plus l’envie, et parfois plus la force de le faire. C’est une grosse logistique à mettre en place : aller chercher les motos, dont chacune a un code-barres unique qui permet, comme pour un colis, de suivre sa traçabilité. Il n’y a jamais eu un problème avec une des motos d’expo. C’est une question de confiance et de responsabilité. Si je ne vais pas chercher les motos, elles ne viennent pas à moi, c’est la réussite de notre salon. Et puis les gens qui nous confient leurs motos sont bien reçus à Lyon, il y a un côté convivial, deux cuisiniers, des serveurs, je veux qu’ils soient considérés, qu’ils aient envie de revenir. » Exactement la même envie pour les spectateurs qui semblent se donner le mot chaque année, tam-tam ou pas.