Thierry Traccan
presse écrite, édition ou commentaires télévisés avec talent et compétence, auteur d’une « oeuvre » considérable. Avant ses 20 ans, entre quelques « épisodes universitaires » et un boulot de vendeur de disques à la FNAC (au rayon rock of course), il fait de l’enduro à un bon niveau national, on le remarque d’ailleurs aussi bien pour son coup de guidon que pour le fait qu’il roule... en veste de boulanger. Et puis, très vite, il commence à signer ses premiers reportages dans Moto Revue. En quelque sorte, son entrée dans le grand monde. Nous sommes en 1975. Deux ans plus tard, il embarque à bord du vaisseau Moto Verte, à un moment de l’histoire où le tout-terrain fait sa révolution. Désormais,
Éric Breton est lancé, il prend sa vitesse de croisière, et ça va vite. Au début des années 80,
Il aura fait partie des plumes qui m’auront fait rêver dans mon adolescence, celles sur lesquelles je ne mettais pas forcément un visage mais dont la force des récits dans mes magazines préférés me soulevait pour m’emmener en voyage, longtemps, et tellement loin. Une cavalcade passionnée et passionnante qu’Éric aura façonnée pour lui et pour les autres, tous ces autres qui se laissaient emporter dans le sillon de ses récits, de ses témoignages, de ses actions. Témoin d’histoires, acteur d’Histoire, Éric était un personnage, érudit et donc curieux. Si nous n’étions pas de la même génération, et si la vie l’avait emmené vers d’autres aventures que celles qu’il avait vécues et que l’on vit toujours à Moto Revue ou à Moto Verte, c’est toujours avec plaisir, quand il passait par les Éditions, que je me mêlais au duo qu’il reformait avec l’ami Batteux pour partager une pizza ou un plateau de sushis. On ne refaisait pas le monde ou pas longtemps, on envisageait un peu la suite, mais on parlait surtout du moment présent, ou de celui qui viendrait juste après, simplement.
Gilles Mallet, le fondateur de ce magazine au succès phénoménal, dépeint de cette façon celui qui est devenu un peu plus que son premier lieutenant : « En cinq ans, le poupon rose a pris le look d’une sorte de rocker musclé. Son énergie se déploie essentiellement au contact de motos puissantes et rapides, de choucroutes fondantes et de musique branchée. »
Leader du Paris-Dakar
Breton assure le gros du travail, « tombe des signes » (de textes) sans mollir, et explore toutes les galaxies de cet univers de la moto off-road, en perpétuelle expansion à cette époque. En 1980, au guidon d’une 500 XT, il gagne l’étape du Paris-Dakar du 7 janvier
Le Supercross de Paris est un succès populaire dès sa première édition, les
14 et 15 mars 1984, et il va découler de cette épreuve une suite d’événements en cascade, tels la création d’un championnat de France SX et l’émergence d’une
« École française » qui sortira de nombreux talents (Jean-Michel Bayle,
David Vuillemin, Marvin Musquin, etc.).
Tête-à-tête avec Bowie et Gainsbourg
En 1987, Éric Breton devient rédacteur en chef de Moto Revue. Il écrit : « Grand moment d’émotion, le stylo qui tremble et tout. Dix ans plus tard, c’est un retour aux sources, en quelque sorte. » Lui qui a toujours affirmé aimer la moto sous toutes ses formes, aussi bien côté tout-terrain que route, s’épanouit dans ce rôle et dirige son équipe avec dynamisme et détermination. Mais la roue tourne vite avec Éric et trois ans plus tard, en 1990, les Éditions Larivière ayant racheté le magazine Rock & Folk, il accepte d’en prendre la rédaction en chef. La musique, son autre grande passion, l’autre domaine où sa culture, immense, est un atout précieux pour « servir la cause » et relever ce nouveau défi. Il lui restera de cette expérience parfois épuisante des souvenirs précieux. Comme par exemple cette deuxième rencontre avec Lou Reed, qu’il avait réussi à interviewer une