Moto Revue

Le contexte

-

Christian Sarron monte en 500 après avoir bouclé deux excellente­s saisons en 250, puisqu’il a terminé vice-champion en 1983 et a été couronné champion du monde en 1984. La saison 1985 s’ouvre en Afrique du Sud, à Kyalami, où il chute violemment lors de la dernière séance d’essais suite à un serrage moteur. Souffrant d’un traumatism­e crânien, de trois côtes cassées, d’une entorse du genou gauche, ainsi que d’une omoplate et de la malléole droite fracturées, il signe une décharge de responsabi­lité à l’hôpital. Dimanche après-midi, il réussit à prendre le départ, qui s’effectue à la poussette à l’époque. Il raconte : « J’ai quand même réussi à partir, dans un état physique lamentable, je finis sixième mais je ne peux pas boucler le tour d’honneur, je dois m’arrêter contre le rail. Ensuite, pas encore au top physiqueme­nt pour le GP suivant, à Jarama en Espagne six semaines plus tard, je fais 3e devant Wayne Gardner (Spencer gagne devant Lawson, ndlr). » Snoopy, lui, dit : « Il n’y avait que lui pour supporter la douleur comme il le faisait. N’importe qui d’autre n’aurait pas pu rouler à Kyalami. » Deux semaines après l’Espagne, c’est Hockenheim. Où la météo est maussade et même carrément pluvieuse le jour de la course. sur Ron Haslam, Eddie Lawson, Didier De Radigues, Randy Mamola, Boet Van Dulmen, Sito Pons et Wayne Gardner. Christian est déjà septième derrière ce paquet. À un moment de la course, le Français aura jusqu’à 18 secondes de retard par rapport à Spencer.

« Après quelques tours, tout le monde se disait : “Y a pas à chier, Freddie, il va gagner, avec l’avance qu’il a déjà !” »

« Alors, au départ, il est dans les derniers, comme d’habitude (rires). Comme il était impérial sur le mouillé, je n’imagine pas qu’il va gagner, ça non – j’aurais pas parié une thune là-dessus, hein ! –, mais je me dis : “Soit il tombe, soit il remonte (pour un podium).” »

« Je me retrouve dans le brouillard d’eau projetée par ceux qui me précèdent. Je précise qu’il pleut toujours bien et que si je roule en pneus pluie, Spencer, lui, a opté pour des pneus pluie de développem­ent, un peu plus tendres. C’est pour cela qu’il s’échappe dès le premier tour. Il creuse sans cesse l’écart sur tout le monde... sauf moi (rires) ! Parce que dès le début de course, une fois que ça s’est un peu éclairci, je vais plus vite que lui, malgré le handicap de devoir doubler les mecs

de devant. Et au fil des tours, ça devient d’ailleurs de plus en plus facile, car il y a moins d’eau sur la piste, le passage des motos nettoie un peu les trajectoir­es. Mon panneautag­e ? Je ne me souviens pas l’avoir regardé. Quand tu pars loin comme ça, tu remontes dans les projection­s d’eau, t’es hyper concentré sur le trafic (rires), tu n’as pas le luxe de réfléchir à autre chose. Tu ne réalises rien de ce qui se passe autour. Tu es en pilotage automatiqu­e pour accomplir les bons gestes. »

« La météo était pourrie tout le week-end. Comme très souvent par la suite, lorsqu’il entamait correcteme­nt son week-end, la course se passait bien. Quand la moto et le circuit lui convenaien­t, il allait vite, il ne savait parfois même pas pourquoi ! Il ne comprenait pas pourquoi les autres n’allaient pas plus vite. C’était tout à fait Christian, ça (rires) !»

je ne ressens pas d’émotion particuliè­re, si c’est ce que tu veux savoir. De toute façon, Freddie, avec la puissance de son V4 et sa façon de piloter, avait trop dégradé son pneu, il ne pouvait pas suivre. Et moi, s’il avait fallu, j’aurais pu accélérer... »

« Bien sûr, on savait que Christian, sous la pluie, c’était quelque chose mais Fredo, lui non plus, c’était pas un manche, bordel ! Quand Christian passe en tête, tout le public a gueulé dans les tribunes, d’autant plus fort qu’à Hockenheim, il était populaire ! »

« Quand on entend la foule hurler au moment où il passe

Spencer, on se doute qu’il vient de se passer un truc, mais avant de le voir arriver, on ne sait pas s’il est encore là. Ensuite, ce n’est que lorsqu’il passe pour le dernier tour que je me dis que ça sent bon. Parce que Christian, c’est quand même un mec qui tombait souvent. Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, je ne sonne pas le clairon (rires) !»

« On savait, arithmétiq­uement parlant, que si notre Marcel (le surnom que lui donnait son équipe, ndlr) n’en faisait pas une, normalemen­t, il l’avait, c’était jouable. Il dépasse Spencer dans le double droit avant l’arrivée, nous, on entend que ça hurle dans

j’appréciais le circuit et que j’avais des copains parmi les pilotes allemands (Martin Wimmer, Anton Mang, Manfred Herweh). Voilà le genre de conversati­on que nous avons dû tenir (rires) !»

« Le dimanche soir, dans la semi, il y a eu une fiesta d’anthologie, avec Carlos Lavado (ex-champion du monde 250), avec le patron de la compétitio­n chez Yamaha,

Doi San, je ne te dis pas : le champagne dégoulinai­t du plafond ! Jacky était fou de rage mais nous, on a bien rigolé (rires) ! De toute façon, à partir du moment où il y avait Carlos, ça partait souvent en sucette ! »

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France