Moto Revue

Un champion au service des champions

- Par Jean-Aignan Museau. Photos JAM et archives

Fort d’une carrière riche de plus de 20 saisons au top niveau, Fabien Foret est aujourd’hui le second oeil de Jonathan Rea et Lucas Mahias.

Pas d'école de pilotage, pas de filière fédérale, pas de jeunisme, pas de famille motarde, rien de tout ça : Fabien Foret démarre sa carrière sur une mob'. Originaire d'Angoulême, il rencontre, dans le magasin qu'il fréquente pour assouvir sa soif de tuner son Peugeot 103 SP, la star locale du 50 cm3 : Sébastien Charpentie­r. Ils se retrouvent pour rouler. Celui qui n'est pas encore le champion du monde de Supersport que l'on sait, ni le commentate­ur télé qu'il est devenu par la suite, est impression­né par la vitesse du gamin. Il lui demande pourquoi il ne fait pas de compétitio­n moto. « Mais comment on participe à une course moto ? », lui rétorque Fabien. Nous sommes au début des années 90, et après quelques courses de mob', il s'engage sur des épreuves de la Coupe Yamaha 125 TZR. Il y croise notamment la route de Régis Laconi. En 1994, bac en poche, il suit sa mère et part vivre à Aix-en-Provence. Inscrit en BTS de logistique à Marseille, il gratte trois ronds avec des petits boulots et persuade le taulier d'un magasin aixois de lui prêter une 125 Suzuki RG pour tenter sa chance en Coupes de France Promosport. Il équipe la Clio maternelle d'un attelage pour traîner une remorque. La Renault fait également office de dortoir sur les circuits.

dans la saison et monte sur son premier podium. « Je passais les anciennes pièces de Bontempi. J'ai pris une dizaine de fois le moteur dans la tronche. » Mais pour autant, il est satisfait : « C'était enrichissa­nt. J'ai abordé les choses étape par étape. Mon principal objectif était de me qualifier en première ligne. Je l'ai fait à Oschersleb­en. » La performanc­e ne passe pas inaperçue. Fabien est approché en fin de saison par Ten Kate. Il se retrouve avec un support de Honda, des Pirelli (le monomarque n'existe pas encore) et même un salaire de 30000 € pour la saison 2001. « Une année dont je garde un très bon souvenir, notamment de la fin où je gagne deux des trois dernières courses. » En parallèle, il roule en endurance avec Charpentie­r et Gimbert. Aux 24 Heures du Mans, la boîte de vitesses fait des siennes. La cinquième joue les filles de l'air. « Mes collègues avaient un peu lâché prise, j'étais le seul à tenir le rythme pour contenir le GMT. Il se met à tomber trois gouttes de pluie. » Sa roue avant dérive sur la bande blanche au raccordeme­nt, il mord la poussière et ramène la moto à la poussette. « Et j'offre la victoire à la Yamaha du GMT. À l'époque, il fallait plutôt me freiner que me pousser. »

De cette saison 2001, il se souvient du Bol où le 11 septembre, il entre dans la chambre qu'il partage avec Sébastien Charpentie­r et où il le trouve, télé allumée, avec une gueule de six pieds de long, cloué devant les images de l'attentat du World Trade Center à New

York. En 2002, il gagne la première course du championna­t Supersport à Valence. En confiance, il accumule les succès qui vont le mener au titre de champion du monde.

« J'aurais pu être titré plus rapidement sans un déclasseme­nt en Allemagne à cause d'un axe de roue avant non conforme. » L'avance amassée est partiellem­ent envolée. Mais il ne lâche rien et arrive en Italie, à Imola, avec 17 points d'avance. Il n'a pas besoin de beaucoup de points, mais dans ces années où le niveau du Supersport mondial est particuliè­rement homogène, les places dans le Top 10 sont très chères. « J'étais tendu, je dors mal. Puis c'est le warm up, sous la pluie. Tout peut arriver. » Finalement, la piste est sèche au moment de l'entrée sur la grille de départ. « Ce qui m'avait quelque peu détendu. Dans le premier tour de course, il y avait un wild card, (Alessio) Corradi, il était vite sur ses terres mais il explose son moteur à l'entrée de la première chicane.

Il y a une fumée d'huile qui nous oblige tous à couper. Sauf (Katsuaki) Fujiwara (son rival pour la couronne, ndlr), qui est devant. Je termine la

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