Yamaha Tracer 700 / Kawasaki Versys 650
Notre dernière bouffée d’oxygène avant d’être contraints au confinement, nous l’avons prise au guidon de ces deux trails routiers de moyenne cylindrée. Une virée vagabonde dans le nord de la Bourgogne où à l’image de ces terroirs bigarrés, Tracer et Versys nous ont montré à la fois ce qui les rapproche et ce qui les distingue.
J’en entends déjà me dire qu’en cette période de confinement, ils se seraient bien contentés de ces « petites » motos pour prendre une bonne bouffée d’air frais. C’est lorsqu’on nous en prive – même un moment, même pour la bonne cause – qu’on mesure la valeur de la liberté, notre liberté d’aller et venir tout au moins. Si leur volonté est légitime, je leur répondrai toutefois que ce ne sont pas des « petites motos », et même en dehors de cette période exceptionnelle, la Kawasaki Versys 650 et la Yamaha 700 Tracer méritent, par leurs qualités intrinsèques et leurs capacités à tout faire, bien des attentions.
Certains jugeront que l’évolution naturelle dans le temps de la pratique motarde consiste à grimper en cylindrée, monter en gamme, et à « réserver » naturellement les moyennes cylindrées aux permis A2 (nos deux motos y sont évidemment éligibles), aux filles... D’autres, avec plus de recul, ou (et) une meilleure connaissance des catalogues constructeurs, ne feront pas automatiquement ce genre d’association. Et se diront que les petites valent bien certaines grosses (!). Une affirmation aux accents de lapalissade quand on regarde de près cette Versys 650 modifiée en 2019 et cette 700 Tracer changée cette année. Deux motos qui intègrent la catégorie des trails routiers, reconnaissables à leurs roues de 17 pouces, les obligeant à n’opter que pour des pneumatiques au profil routier. Et pour cet essai, il ne nous est pas venu à l’esprit, même pas une seule seconde, de leur faire emprunter ne seraitce qu’un chemin blanc ! C’est sur et pour la route que ces deux trails ont été conçus.
La vadrouille au coin de la route
C’est donc à un traitement à base d’autoroutes, de nationales, de départementales et de voies communales que nous les avons soumises.
Pour le lieu de roulage – et la réalisation des séances photo –, la colline éternelle de Vézelay, dans l’Yonne (89), une route virevoltante et bien revêtue qui a permis de mettre en évidence les qualités dynamiques de ces deux machines. Et elles n’en manquent pas, à l’instar de cette catégorie hybride qui s’impose aujourd’hui aux ventes de GT et de routières pures (on ne parle pas là des roadsters). Une situation logique, ces «trails» d’un genre nouveau offrant des qualités de voyageuse indéniables (position de conduite, performance des moteurs, autonomie, équipement d’origine et optionnel), tout en conservant les attributs naturels des motos propres à évoluer en milieu urbain et périurbain. On oubliera ici leur hauteur de selle, encore souvent trop élevée (même si des ajustements, parfois de série, parfois optionnels, restent possibles), qui met à mal les plus petits, et leur guidon au cintre plus large qui ne permet pas toujours de se faufiler avec facilité, contrairement à ce que proposent les roadsters par exemple. Et puis cet ersatz, par son aspect baroudeur, même si c’est un baroudeur des routes, fleure bon l’aventure, la vadrouille, le voyage. On en veut pour preuve la position « dos droit, tête haute » qui permet de scruter l’horizon et donne l’impression (à juste titre) de mieux maîtriser l’action. Et pourtant, ces machines ne sont pas forcément moins chers que d’autres catégories, surtout lorsqu’ils sont bardés de technologies de toutes sortes (suivez mon regard vers les BMW R 1250 GS,
Honda Africa Twin et autre Ducati Multistrada). Mais voilà, ils sont dans la tendance, et cela suffit à nous faire craquer le budget. Cela dit, sur cet aspect, nos deux prétendantes du jour ne se montrent pas trop gourmandes. Moins de 9 000 €, et même tout près de
8 000 € pour la Kawasaki, des sommes raisonnables eu égard aux prestations offertes par ces deux modèles, comme nous vous l’expliquons dans les lignes suivantes.