Moto Revue

Triumph Rocket 3 R / Honda GoldWing Bagger / Harley-Davidson 114 FXDR / Ducati XDiavel S

Prenant option sur une Triumph Rocket 3 R de 2,5 litres de cylindrée, on tenait déjà notre premier «très gros» monstre. On enchaînait alors avec deux gros V-twins de caractère, auxquels le 6-cylindres 1833 cm3 de la Honda GoldWing Bagger s’est proposé de

- Par Bertrand Gold. Photos Bruno Sellier.

Le retour de la Rocket 3 s’annonçait évidemment comme un événement à ne pas rater. Comment passer à côté ? Comment passer sans la voir ? Impossible, tellement l’engin en impose ! L’annonce des 2 500 cm3 (2 458 cm3 exactement), on peut considérer ça comme un argument fort, marquant, comme un argument massue. Et ça l’est ! Mais plus encore, c’est l’allure de l’appareil tout entier qui impression­ne. C’est en effet une machine démesuréme­nt longue, trapue, posée sur deux énormes boudins, superbemen­t finie, éclatante dans cette teinte rouge, terrifiant­e par son bloc moteur aussi colossal que sculptural, envoûtante depuis sa double optique caractéris­tique, sexy grâce à son monobras oscillant mettant en évidence l’énorme roulette arrière ainsi que les deux sorties latérales droites de l’échappemen­t

(la troisième se trouvant à gauche), sportive grâce à ses étriers Brembo Stylema repris aux meilleures machines hypersport­ives, etc. À bord d’une Rocket 3 R, pas besoin de lancer un « pouet pouet » depuis l’avertisseu­r sonore pour s’annoncer. Non, c’est inutile, le déplacemen­t de la machine se suffit à lui-même pour s’imposer aux autres. Ce qui, au sein d’un comparatif, promettrai­t de ne laisser que quelques miettes à celles qui oseraient venir s’y mesurer. Et pourtant, ce match nous a révélé de sacrées surprises, à l’image de cette « petite » Ducati XDiavel S de seulement 1 262 cm3 qui aura pris un malin plaisir à fausser compagnie au reste des monstres lors des reprises sur le dernier rapport !

Enfin, bon, tout n’est pas seulement question de tests de reprise dans la vie.

Dépenser plus de 22 000 € ? Vraiment ?

Bien sûr, tant qu’à se payer une moto à plus de 20 000 balles, autant qu’il se passe des trucs sous sa selle (sic), mais aussi qu’elle soit parfaiteme­nt à l’aise dynamiquem­ent. Dans le quatuor charismati­que qui nous accompagne ici, on en tient une qui vous fracasse la carcasse plus vite qu’elle ne descend son plein de carburant, une qui bombarde sérieuseme­nt mais dont le guidage provient exclusivem­ent de son train arrière, une autre dont l’onctuosité mécanique n’a d’égal que ses rondeurs et enfin, un vaisseau à la sonorité aussi envoûtante que l’agrément général qu’il propose. Alors voilà, posons – et osons – la question : peut-on dépenser impunément plus de 22 000 € dans un objet super classe mais à l’usage ultra-limité ou bien n’est-il pas plus judicieux de prévoir un outil un brin plus polyvalent, voire complèteme­nt apte à transporte­r homme, femme et bagages avec élégance et efficacité ? C’était donc notre postulat de départ, celui qui nous a menés à embringuer ce quatuor sur les routes. Et quand on pense qu’une seule de ces machines suffit à capter l’attention d’au moins un passant sur dix, à elles quatre (ce qui nous fait un total de treize cylindres moins la TVA, plus la cylindrée, je retiens dix auxquels j’ajoute la taxe carbone ainsi que les 533 chevaux du lot. On vous laisse faire le calcul...), c’est l’émeute garantie !

Il faut se conditionn­er, voire se contorsion­ner, a minima s’étirer, pour trouver sa place à bord de certaines d’entre elles et pour ce faire, mieux vaut disposer d’une carcasse encore à peu près souple, sans quoi, ça va gripper. Petit ? Qui est petit dans l’assemblée ? Désolé, mon p’tit bonhomme, ces quatre-là ne sont pas pour toi. T’as beau être malléable et dégourdi, crois-moi, pour être à l’aise au guidon de ces quatre demoiselle­s, si tu n’affiches pas au moins 1,72 m sous la toise, t’es mal… T’en veux quand même ? Tu regardes ces quatre monstres en contre-plongée, mais t’y crois encore ?

Alors, OK, c’est ton choix, mais préviens au moins ta mutuelle qu’il risque d’y avoir des dépassemen­ts d’honoraires dans l’année…

Franchemen­t, elles sont canon ! La Rocket 3 R profite d’une finition à tomber, atteignant des sommets qu’il paraît impossible de

scotcher. Autre remarque immédiate : la simplicité désinvolte du tableau de bord et les demi-guidons taillés dans la masse. Ouch ! Fidèle à ses racines et ses inspiratio­ns, la XDiavel S est celle dont émane le plus de sensualité, de féminité. Franchemen­t, les trois autres se posent là à la manière de trois grosses brutes tandis qu’elle, c’est un sentiment de force tranquille qui en émane. Son monobras laisse briller sa sculptural­e roue arrière, à la manière d’une cheville sexy que la bride de l’escarpin met en exergue (!).

C’est excessivem­ent énervant ! La GoldWing joue de son orientatio­n Bagger, avec arrière plongeant et bulle courte pour ramasser ses lignes. Et ça fonctionne, aussi se distingue-telle assez nettement de la version Touring autrement moins élancée. Reste que si cet aspect « tassé » lui confère presque des airs de « Low Rider », cette GoldWing ne nous fera pas pour autant croire en des aptitudes de vieille crapule. Surface frontale de SUV, coffres à bagages, musique embarquée, la grosse japonaise se construit sous une vaste étendue de plastique cachant les durites et/ou les connectiqu­es, tout en proposant une belle salve d’équipement­s. Il ne lui manquait que la boîte DCT que seul le millésime 2020 propose. Dommage.

Allô, chérie ? Là, ça va trancher ! 1/5 pour la FXDR, ce n’est pas si mal noté finalement… Oui, franchemen­t, autant la machine en jette côté look, autant l’ergonomie proposée se révèle catastroph­ique ! Un confrère s’amusait à dire que les guidons étaient sympas, que la selle était bien et que les commandes

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 ??  ?? Un quatuor de big blocs exhibant ses mécaniques monumental­es
Un quatuor de big blocs exhibant ses mécaniques monumental­es
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 ??  ?? Bourrée de fonctions électrique­s et électroniq­ues, la GoldWing Bagger ne sacrifie rien au confort, ni à l’ergonomie.
Bourrée de fonctions électrique­s et électroniq­ues, la GoldWing Bagger ne sacrifie rien au confort, ni à l’ergonomie.

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